Home Actualité Expert français : Airdrop d’aide ne stoppera pas la famine à Gaza

Expert français : Airdrop d’aide ne stoppera pas la famine à Gaza

by Sara
Expert français : Airdrop d’aide ne stoppera pas la famine à Gaza
Palestine, Israël, États-Unis, Jordanie, France, Royaume-Uni, Émirats

Le chercheur français Jean-Pierre Filiu, spécialiste reconnu du Moyen-Orient, a analysé les opérations d’aide alimentaire aérienne et maritime autorisées par Israël à Gaza, face à un blocus strict des passages terrestres rouvert uniquement à de rares reprises. Selon lui, cette stratégie vise principalement à apaiser l’opinion publique sans réellement atténuer la souffrance du peuple palestinien.

Dans un entretien, Filiu a évoqué l’opération de largage aérien menée dans la bande de Gaza en mars 2024, soulignant que l’État hébreu utilise ces aides comme un levier de pression sur la population locale.

Une méthode inefficace selon l’expert

Dans sa chronique pour le journal Le Monde, Jean-Pierre Filiu rappelle que le largage de vivres par parachutes dans des zones de conflit est « la méthode la moins efficace » pour la distribution d’aide humanitaire. Cette conclusion avait déjà été tirée par l’armée américaine après une campagne similaire en Irak nord en 1991, destinée aux Kurdes.

Cette campagne provoqua de lourdes pertes parmi les réfugiés, plusieurs étant écrasés sous les colis d’aide. Des conflits violents éclatèrent autour de la distribution, certains paquets furent perdus dans des zones minées, et cette opération ne fut qu’une solution temporaire avant la reprise d’un acheminement par camion assuré.

Faim à Gaza

La faim touche gravement les enfants de Gaza en raison de la guerre et du blocus israélien.

La tragédie du « massacre de la farine »

Malgré l’échec de ces largages en Irak, Israël a choisi cette voie pour exercer sa pression sur Gaza. Le 29 février 2024, la « tragédie du massacre de la farine » s’est produite lorsque 118 personnes ont perdu la vie, tuées par des tirs israéliens, écrasées par des chars ou piétinées dans la panique causée par la distribution chaotique de sacs de farine vendus à un prix exorbitant, près de 1000 dollars pour 25 kilos.

Le président américain Joe Biden avait alors promis une « augmentation massive de l’aide humanitaire », sans toutefois parvenir à contraindre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à desserrer l’étau. Ce dernier, visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre à Gaza, est resté inflexible. Le résultat fut une campagne de largage aérien organisée par l’armée américaine, avec environ 1000 tonnes d’aide parachutée sur plusieurs semaines.

Cependant, cette quantité reste équivalente à seulement une quarantaine de camions d’aide sur un mois et s’est accompagnée de la participation de plusieurs pays dont le Royaume-Uni, la France, la Jordanie et l’Espagne. Cette dernière a vu un de ses colis d’aide tomber à cause d’un dysfonctionnement de parachute, causant la mort de 5 Palestiniens.

Des tentatives maritimes insuffisantes

Face à la faible efficacité des largages aériens visibles, les États-Unis ont tenté une distribution par voie maritime, via une plateforme créée en collaboration avec l’armée israélienne. Cette initiative s’est révélée un autre échec retentissant : après un mois, les quantités livrées étaient insuffisantes pour couvrir les besoins essentiels d’une seule journée.

Le 12 juin, les Nations Unies ont annoncé que 32 personnes, dont 28 enfants de moins de cinq ans, étaient mortes de faim dans la bande de Gaza.

La fermeture du dernier point de passage avec l’Égypte à Rafah suite aux offensives israéliennes, associée au pillage régulier de dizaines de camions d’aide par des groupes criminels soutenus par Israël, a encore aggravé la situation. Le flux normal des convois humanitaires n’a pu reprendre que pendant une brève trêve entre le 19 janvier et le 2 mars 2025.

Les « jeux de la faim » et la réalité humanitaire

Les organisations internationales et humanitaires refusent désormais de distribuer l’aide via des entités financées par les États-Unis et protégées par l’armée israélienne. Ces opérations de distribution sont régulièrement qualifiées par les Palestiniens « d’« jeux de la faim » », souvent synonymes de massacres.

Les images choquantes et les témoignages accablants relatifs à la famine à Gaza ont contraint Israël à desserrer quelque peu son contrôle sur le territoire. Cependant, le nombre de camions autorisés à entrer dans la bande de Gaza reste très inférieur au seuil vital pour la population.

Des largages aériens effectués par la Jordanie, les Émirats, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont débuté récemment, mais restent avant tout des opérations à visée médiatique. Par exemple, la quantité d’aide parachutée récemment par l’Espagne correspond à moins de la moitié d’un seul camion humanitaire, selon Filiu.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/8/4/%d8%ac%d8%a7%d9%86-%d8%a8%d9%8a%d9%8a%d8%b1-%d9%81%d9%8a%d9%84%d9%8a%d9%88-%d8%a5%d9%86%d8%b2%d8%a7%d9%84-%d8%a7%d9%84%d9%85%d8%b3%d8%a7%d8%b9%d8%af%d8%a7%d8%aa

You may also like

Leave a Comment


Droits d’auteur © 2024 – onemedia.fr – Tous droits réservés