La Pologne a officiellement installé son nouveau président, Karol Nawrocki, une figure conservatrice et nationaliste, lors d’une cérémonie solennelle devant le Parlement réunifié. À 42 ans, l’historien spécialiste du monde criminel et adepte du nationalisme s’inscrit dans une ligne politique ferme, revendiquant « La Pologne d’abord, les Polonais d’abord » comme slogan central de sa campagne. Son élection, obtenue à une courte majorité contre le candidat pro-européen Rafal Trzaskowski lors du scrutin du 1er juin, marque une étape notable dans la polarisation du pays, déjà très sensible entre ses orientations pro-UE et ses tendances nationalistes.
Le président Nawrocki a prêté serment dans une atmosphère chargée d’émotions, avant de participer à diverses cérémonies, dont une messe pour la patrie. Son investiture intervient dans un contexte marqué par un arrêt de la coalition pro-UE, lequel pourrait compliquer la gouvernance, d’autant plus que Nawrocki, connu pour ses opinions tranchées, a exprimé sa critique du gouvernement en place qu’il qualifie de « pire de l’histoire » de la démocratie polonaise. Il a annoncé son intention d’être un président très actif, proposant immédiatement des textes en matière fiscale et agricole pour stimuler l’action gouvernementale.
Une orientation politique et une relation tendue avec l’UE et l’Ukraine
Nawrocki, admirateur de Donald Trump, a déclaré vouloir refuser tout transfert de compétences vers l’Union Européenne et envisage de signer de nouveaux traités européens. Il s’oppose fermement à l’idée d’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan, tout en affirmant que la Pologne doit maintenir son soutien à Kiev dans sa lutte contre la Russie, sans pour autant encourager une intégration plus poussée de l’Ukraine au sein de l’Alliance atlantique. Malgré son ton nationaliste, il a confirmé lors d’un appel avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky qu’il soutenait le pays, tout en critiquant ce qu’il considère comme un manque de gratitude de Kiev envers la Pologne.
Ce discours “La Pologne d’abord” s’adresse aussi aux millions de réfugiés ukrainiens présents en Pologne, un pays membre de l’UE et de l’OTAN, mais avec une posture critique envers ses engagements européens et internationaux. Nawrocki, lors de sa campagne, a notamment dénoncé la gestion des réfugiés et la non-reconnaissance des efforts polonais par certains responsables ukrainiens, qu’il a accusés d’insolence.
Sur le plan international, Nawrocki se présente comme un acteur novice dans les relations extérieures, mais affiche une position ferme et nationaliste, préférant une relation de défi avec l’Union Européenne et une posture de soutien nationaliste à l’égard de la souveraineté polonaise. Son rapprochement avec certains courants conservateurs et son admiration pour Donald Trump témoignent de cette orientation, qui pourrait influencer la politique polonaise dans les années à venir, notamment en matière de défense, d’économie et d’engagement européen.