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Plastic Odyssey a réussi son pari : un tour du monde en trente escales pour sensibiliser aux ravages du plastique, former des entrepreneurs et déployer des usines de recyclage afin de traiter le problème avant que les déchets n’atteignent l’océan. Quatre ans après sa mise à flot, l’ONG a créé son entreprise et franchisé une dizaine d’usines.
Un hybride au service de l’écologie
Plastic Odyssey a toujours été un hybride. Association entrepreneuriale, entreprise à but non lucratif… Difficile de lui coller une étiquette. À sa création en 2017, les fondateurs Simon Bernard et Alexandre Dechelotte avaient un rêve : régler le problème des déchets plastiques à terre, avant qu’ils n’arrivent dans l’océan, en installant des usines de recyclage dans les pays en développement les plus touchés par cette pollution. Pour cela, ces deux amis issus de la marine marchande montent une ONG, construisent un bateau et des machines de recyclage low tech en open source. L’objectif : faire un tour du monde pour sensibiliser le plus de personnes possible et faire émerger des usines là où la gestion des déchets est défaillante.
Partenariats et sponsors
Cette initiative a convaincu de nombreux sponsors tels que L’Occitane, Clarins ou le Crédit agricole, qui ont soutenu le projet en échange de leur logo sur la coque et d’outils de communication. Après un départ remarqué en 2022, trois ans plus tard, Plastic Odyssey a réussi son pari et prend une nouvelle ampleur. À l’heure où les Nations unies discutent d’un traité international pour réduire la pollution plastique, Plastic Odyssey agit concrètement sur le terrain contre les conséquences d’une production qui a explosé en quelques décennies.
Un projet audacieux à l’île d’Henderson
Alexandre Dechelotte, directeur général, explique : « Nous avons terminé notre tour du monde, avec une trentaine d’escales au compteur, dont la dernière à Mayotte. Nous concentrons maintenant nos efforts sur le nettoyage de sites naturels exceptionnels pollués par des déchets plastiques, en partenariat notamment avec l’Unesco. » Parmi ces projets, celui de l’île d’Henderson, classée au patrimoine mondial, se distingue. Connue pour avoir la plage la plus dense en débris plastiques, elle a été le théâtre d’une mission de nettoyage réussi en février 2024, mobilisant 25 volontaires pour évacuer des déchets abandonnés.
« Nous avons travaillé un an pour trouver une solution. Grâce à des radeaux et un parachute ascensionnel, nous avons évacué 6 tonnes de déchets abandonnés et 3 tonnes de nouveaux débris », raconte Dechelotte. Le plastique récupéré a été transformé en meubles dans l’usine de Pitcairn.
Création de Plastic Odyssey Factories
Face aux défis rencontrés, Plastic Odyssey a décidé de créer une entreprise pour déployer des usines de recyclage. « Au début, nous voulions juste former les futurs recycleurs sur notre bateau et leur fournir tous les plans des machines en open source. Mais nous avons vite compris qu’il ne suffisait pas d’avoir des machines pour établir un business rentable », indique Dechelotte. Ainsi est née Plastic Odyssey Factories, dirigée par Benoît Blancher, qui offre un service complet aux entrepreneurs souhaitant se lancer dans le recyclage.
Situation actuelle et avenir
Plastic Odyssey est actuellement à l’équilibre, avec un chiffre d’affaires d’environ un million d’euros et une équipe de 40 personnes. Une dizaine d’usines fonctionnent déjà dans cinq pays. Les objectifs futurs incluent l’extension à 200 usines dans 10 pays d’ici 2027 pour recycler 100 000 tonnes de plastique par an et créer 10 000 emplois. Pour atteindre ces objectifs, un budget de 50 millions d’euros est nécessaire.
Pour l’ONG, l’accent sera mis sur le nettoyage de sites isolés pollués, avec 25 priorités identifiées, sur lesquels se sont accumulés entre 10 et 500 tonnes de déchets. Chaque kilogramme de plastique collecté coûte environ 10 euros, et il faudra également un nouveau navire pour stocker les déchets récupérés.