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Donald Trump ne cache pas son aversion pour Washington DC. Souvent retranché dans sa luxueuse résidence de Mar-a-Lago, en Floride, où il joue au golf et reçoit des invités, le président américain manifeste une détestation de longue date envers la capitale fédérale. Il la qualifie régulièrement de « crasseuse », « dangereuse » et « horrible ». Son projet est clair : transformer la ville en un lieu « sûr et magnifique », à l’opposé de ce qu’il considère comme sa situation actuelle.
Contrôle fédéral de Washington DC
Mercredi 6 août, Trump a déclaré être prêt à engager des mesures pour reprendre « le contrôle fédéral » du district de Columbia, le territoire où se situe Washington. « Nous y songeons, ouais, parce que la criminalité est hallucinante », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche. Ce sujet a été évoqué par le président depuis son retour au pouvoir en janvier, mais il a gagné en importance suite à un fait divers relayé par plusieurs médias américains.
Un fait divers tragique
Le week-end dernier, un ancien employé du Doge, département sur l’efficacité gouvernementale, a été agressé dans un quartier de la ville. Plusieurs jeunes ont attaqué cet homme et sa compagne, apparemment dans le but de voler leur voiture. En réponse, Donald Trump a promis : « Nous voulons une grande capitale qui soit sûre et nous allons l’avoir ». Il a ajouté que le taux de criminalité, d’agressions, de meurtres et autres délits ne seront pas tolérés, évoquant la possibilité d’utiliser la Garde nationale, « peut-être très rapidement ».
Un précédent à Los Angeles
L’idée d’envoyer des soldats fédéraux à Washington rappelle un précédent en juin dernier, lorsque Trump avait déployé la Garde nationale à Los Angeles après des manifestations. À l’époque, il n’avait pas consulté le gouverneur de Californie, ce qui avait conduit à des tensions. En général, ce sont les gouverneurs qui demandent l’activation de la Garde nationale, mais la décision unilatérale de Trump à Los Angeles a marqué un précédent historique.
Options pour Washington DC
Concernant Washington DC, le président a la possibilité de déployer la Garde nationale sans attendre une demande d’un gouverneur, compte tenu du statut spécial de la ville. « La Garde nationale du District de Columbia est la seule unité de la Garde nationale qui dépend uniquement du président », précise le site officiel de cette entité. En 2020, Trump avait déjà eu recours à cette option lors des manifestations liées au mouvement « Black Lives Matter ».
Mobilisation de la police locale
Une autre option possible pour le président serait de mobiliser les forces de police locales pour une durée exceptionnelle de 30 jours. Toutefois, il aurait besoin de l’accord du Congrès pour un déploiement de plus de 48 heures. Malgré les préoccupations exprimées par Trump, les statistiques montrent que le taux de criminalité à Washington a diminué de 26 % au premier semestre 2025 par rapport à l’année précédente.
Réactions de l’opposition démocrate
L’opposition démocrate a fermement critiqué les déclarations de Trump. En plus de ses ambitions sécuritaires, le président a laissé entendre qu’il souhaitait revoir l’autonomie limitée du district de Columbia. Actuellement, ce territoire dispose d’un statut spécial qui permet à ses habitants d’élire leur maire et leur conseil municipal, bien que le Congrès contrôle leur budget.
Un statut spécial en question
Ce statut a des implications importantes : la capitale ne dispose que d’un représentant élu à la Chambre des représentants, sans droit de vote, et n’a aucun élu au Sénat. En 2020, les démocrates avaient proposé de faire de Washington DC le 51e État américain, mais cette initiative n’a pas abouti. D’un autre côté, des représentants républicains ont récemment présenté un projet de loi visant à supprimer l’autonomie de la ville, qui pourrait rencontrer des obstacles au Sénat en raison de l’opposition démocrate.
Une loi controversée
Cette proposition, intitulée « loi visant à renforcer la surveillance à Washington et à garantir la sécurité de tous les résidents », a été surnommée loi « BOWSER », en référence à l’actuelle maire démocrate de la ville, Muriel Bowser. Ce nom fait écho aux désaccords passés entre l’édile et Trump, même si la maire a depuis adopté une position plus conciliante envers le gouvernement fédéral.
Vers une capitale réinventée?
La volonté de Trump de reprendre le contrôle de Washington DC s’inscrit dans une série d’initiatives qu’il a prises ces derniers mois, y compris la création de la « DC Safe and Beautiful Task Force », dédiée à sécuriser et embellir la ville. Dans un contexte où 90 % des habitants votent démocrate, Trump espère donner une nouvelle direction à la capitale, qui reflète davantage sa vision. Comme l’a souligné le professeur George Derek Musgrove, « la ville ne l’apprécie pas particulièrement, et il n’apprécie pas particulièrement la ville ».