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Il est courant de remettre à plus tard des moments de plaisir en attendant une occasion idéale, qui peut ne jamais se présenter. Cette tendance intrigante, souvent liée à la procrastination, mérite d’être explorée en profondeur.
La procrastination des plaisirs
Traditionnellement, la procrastination est associée aux tâches ennuyeuses que l’on repousse indéfiniment. Cependant, cela s’applique également aux activités qui pourraient nous apporter du bonheur. La majorité des recherches sur ce sujet se concentre sur l’évitement de la douleur, laissant dans l’ombre le phénomène de la procrastination de nos plaisirs. Par exemple, beaucoup hésitent à visiter un musée à proximité ou à ouvrir une bouteille de champagne en attendant une « occasion spéciale ».
Une étude révélatrice
Une récente étude publiée dans PNAS Nexus a mis en lumière ce phénomène méconnu de la procrastination. Selon Ed O’Brien, professeur à l’université de Chicago et auteur principal de l’étude, plus on retarde un moment agréable, plus l’attente s’étire. Ce « drame psychologique » que nous créons autour des moments heureux nous pousse à rechercher la perfection, rendant souvent ces instants inaccessibles, puisque l’occasion idéale n’arrive jamais.
Le rôle de la pandémie
Les chercheurs ont même procrastiné dans leur étude, jusqu’à ce que la pandémie de Covid-19 leur fournisse un cadre d’observation exceptionnel. Les restrictions ont suspendu de nombreuses activités, comme les sorties au restaurant ou au théâtre. Une fois ces lieux rouverts, ils ont interrogé 500 adultes sur la durée de leur privation d’activités et leur retour. Ils ont constaté que ceux qui avaient été privés plus longtemps étaient plus réticents à retourner à ces activités.
Saboter ses propres bonheurs
Ce phénomène s’étend également à des situations quotidiennes. Dans une autre expérience, 200 participants devaient penser à un ami, qu’ils n’avaient pas vu depuis un certain temps. Ils avaient le choix entre envoyer un message à cet ami ou effectuer une tâche ennuyeuse. Étonnamment, plus l’absence de contact était longue, moins ils choisissaient d’envoyer le message, déclarant plus tard un sentiment de malheur en raison de ce choix. Ce comportement est souvent lié à la peur de ne pas vivre un moment assez spécial, ce qui nous pousse à retarder ces plaisirs.
Surmonter la procrastination des plaisirs
Pour contrer cette tendance, il est essentiel d’en prendre conscience. La simple réalisation que l’on repousse des plaisirs peut suffire à briser ce cycle. Il est conseillé de simplifier les choses en préparant et en planifiant les activités. Même une simple sortie pour un café ou un appel à un ami peut être programmé. Il est crucial de se débarrasser de l’idée qu’une occasion spéciale est nécessaire pour profiter de la vie. Chaque jour peut être l’occasion de commencer un nouveau projet ou de savourer un moment de plaisir. Ed O’Brien le résume bien : « N’importe quel moment peut devenir spécial, si on le décide. »