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Les tragédies liées à la guerre, les crises humanitaires et les questions d’identité ont inspiré plusieurs cinéastes arabes dont les œuvres sont présentées à la 78e édition du festival du film de Locarno, qui se déroule du 6 au 16 août. Cet événement offre une vitrine importante au cinéma arabe à travers des participations venues de Palestine, Liban, Irak et Tunisie, réparties dans différentes sections et compétitions du programme.
Un voyage visuel et humain avant la guerre
Le documentaire Avec Hassan à Gaza du réalisateur palestinien Kamal Aljafari a ouvert la compétition internationale du festival. Ce film raconte une histoire personnelle et historique basée sur trois vidéos retrouvées avant le déclenchement de la guerre dans la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. Ces images offrent un témoignage vivant de la vie à Gaza en 2001.
Accompagné d’un guide local nommé Hassan, Aljafari traverse la bande de Gaza de la côte nord à la côte sud, à la recherche d’Abdel Rahim, un jeune homme qu’il avait rencontré dans les années 1980 alors qu’ils purgeaient tous deux une peine en tant qu’adolescents dans la prison du désert de Naqab, dans la section des jeunes délinquants. Durant ses études de cinéma en Allemagne, Aljafari a espéré retrouver Abdel Rahim pour concrétiser un projet cinématographique racontant leur expérience commune.
Le film montre des scènes de la vie quotidienne à Gaza : des enfants sur la plage, des marchés animés, des cafés bondés et des quartiers vibrants, images qui prennent aujourd’hui un sens profondément différent au vu de la destruction massive survenue depuis octobre 2023.
Pour Aljafari, ce documentaire est un hommage à Gaza et à ses habitants, ainsi qu’à tout ce qui continue de vivre malgré la crise historique que traverse la Palestine.
De la Palestine au Liban, un récit de douleur et de résilience
Le documentaire Histoires de la terre blessée, réalisé par l’Irakien Abbas Fahdel et la productrice libanaise Nour Balkouk, est présenté en compétition officielle. Ce film illustre les souffrances des Libanais en temps de guerre, retraçant des scènes humaines qui témoignent de la douleur et de la résistance. Il fait suite à une trilogie commencée en 2022 avec Histoires de la maison violette, qui documentait les conséquences du conflit dans le sud du Liban et le combat pour la vie.
Gilgamesh revisité dans une perspective contemporaine
La contribution arabe à cette édition de Locarno se distingue également par le film Erkala – Le rêve de Gilgamesh du réalisateur irakien Mohammed Al-Darraji, présenté dans la section « Grande Place ».
Al-Darraji réinterprète l’épopée de Gilgamesh à travers l’histoire d’un garçon de 8 ans, sans-abri et diabétique, qui cherche à persuader son ami de l’accompagner dans le monde souterrain d’Erkala. Ce périple symbolique reflète la légende originelle en explorant une quête existentielle au cœur d’un contexte troublé.
Regards tunisiens et soudanais dans la compétition officielle et hors compétition
Dans la compétition officielle, le réalisateur tunisien Abdellatif Kechiche présente son film Mektoub, My Love : Canto Due, qui sera projeté le quatrième jour du festival. Ce long-métrage clôt une trilogie inspirée du roman La vraie blessure de François Bégaudeau, poursuivant l’exploration des profondeurs humaines à travers le personnage d’Amin, qui revient dans sa ville natale pour retrouver sa famille.
Hors compétition, le film Exil du réalisateur Mehdi Hmili est présenté dans la section « Fuori Concorso », qui met en avant des œuvres expérimentales et narratives innovantes. L’histoire se déroule dans une usine sidérurgique géante en Tunisie, où quatre ouvriers affrontent des troubles psychologiques et physiques sous la pression de conditions de travail extrêmes, tout en cherchant justice suite à la mort accidentelle d’un collègue.
Enfin, dans la section « Voix montantes du cinéma indépendant », le film soudanais Jahannamiyya du réalisateur Yasser Faiz rejoint la sélection arabe du festival. Cette œuvre entend capter les détails de la vie quotidienne des individus au sein d’un contexte arabe marqué par des tensions croissantes.