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La reconnaissance par Emmanuel Macron d’une répression anti-indépendantiste menée par la France au Cameroun a provoqué des réactions dans les rues de Yaoundé, où l’annonce fait débat et alimente les conversations à l’approche de la présidentielle du 12 octobre.
Réactions à Yaoundé après la reconnaissance de la répression anti-indépendantiste
Le mercredi 13 août, le rond-point Poste centrale au cœur de Yaoundé témoignait d’une animation familière : vendeurs à la sauvette, klaxons des taxis jaunes et passants discutant des sujets politiques du jour. La lettre envoyée fin juillet par le président français à Paul Biya, dans laquelle Emmanuel Macron a reconnu que la France avait bel et bien mené une «guerre» au Cameroun contre le mouvement indépendantiste avant et après 1960, est un des thèmes de conversation revenant sur de nombreuses lèvres.
Sur la place, les commerçants et vendeurs observent et commentent la reconnaissance. Alain Bassong, 58 ans, crâne rasé sous sa casquette, vend des portefeuilles et des colliers de perles posés sur un drap. Il juge que la prise de parole française est un pas, même s’il arrive tard : «Fillon et Hollande sont venus ici pour ne rien dire, alors c’est un grand pas, même si ça arrive beaucoup trop tard», confie-t-il.
À côté de lui, Sylvain Nana, vendeur de livres, «croit deviner les raisons de cette reconnaissance» et lance une phrase restée inachevée dans le reportage : «Macron se rend compt_».
Ce que la lettre évoque et le contexte évoqué par les habitants
Selon le contenu rapporté de la lettre, Emmanuel Macron a admis l’existence d’une politique répressive menée par la France contre le mouvement indépendantiste, couvrant des périodes antérieures et postérieures à l’indépendance de 1960. Cette formulation utilise explicitement le terme «guerre», ce qui a renforcé l’impact symbolique de l’annonce auprès des Camerounais interrogés dans la capitale.
Les réactions observées à Yaoundé traduisent une combinaison de satisfaction, d’irritation liée au retard perçu de la reconnaissance et d’interrogations sur les conséquences politiques de cet aveu. Le contexte local — une campagne présidentielle en vue le 12 octobre — alimente naturellement les discussions et la mise en perspective de ces développements historiques et diplomatiques.
Constat public et portée immédiate de la reconnaissance
Sur le terrain, la prise de conscience historique et la manière dont elle est perçue varient selon les générations et les milieux. Pour certains, la reconnaissance rompt un silence officiel ; pour d’autres, elle arrive «beaucoup trop tard», selon les mots cités par un habitant. Les scènes observées au rond-point Poste centrale — vente d’arachides, vêtements, services administratifs informels — montrent que l’annonce s’insère dans la vie quotidienne et les conversations ordinaires.
La lettre, envoyée fin juillet au président Paul Biya, a déclenché ces réactions publiques dès les jours et semaines qui ont suivi, sans qu’aucun rassemblement massif ni déclaration officielle supplémentaire n’aient été signalés dans le reportage. Parmi les références évoquées par les habitants, figurent les visites antérieures de dirigeants politiques français, citées par l’un d’eux comme n’ayant «rien dit» sur cette question.
Observations finales et éléments concrets rapportés
Le reportage met en lumière une réception plurielle de la reconnaissance : appréciation pour certains, critique du timing pour d’autres, et curiosité quant aux implications politiques et historiques. Les éléments consignés se limitent à la lettre envoyée fin juillet, à la reconnaissance explicite d’actions qualifiées de «guerre» contre le mouvement indépendantiste avant et après 1960, et aux réactions de passants et vendeurs observés le 13 août à Yaoundé.
Les échanges recueillis sur place reflètent un débat public qui s’ouvre localement autour d’un passé colonial et d’une responsabilité historique désormais reconnue au niveau diplomatique par Paris.