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Alice Ferney est de retour avec un roman centré sur l’amitié : Comme en amour (Actes Sud). Dans ce récit de philosophie romanesque, l’autrice explore les ressorts de la relation entre Marianne et Cyril, deux personnages que tout oppose et qui, pourtant, vont nouer un lien inattendu.
amitié et Alice Ferney : un roman philosophique pour la rentrée 2025
Après Les innocents (Actes Sud, 2023), Alice Ferney signe un nouvel opus attendu de la rentrée littéraire 2025. Comme en amour paraît chez Actes Sud ; le roman compte 304 pages et sera en librairie le 20 août. L’auteure, déjà connue pour L’intimité, Les bourgeois ou Grâce et dénuement, poursuit son exploration des relations humaines en France en abordant ici la notion d’amitié.
Le roman met en scène Marianne, créatrice de mode et épouse dévouée, et Cyril, journaliste indépendant, homme libre et féru de littérature. De prime abord, rien ne prédisposait ces deux personnages à devenir proches. Le déclencheur est pourtant anodin : Cyril doit réaliser le portrait de Marianne pour un magazine, et le « coup de foudre amical » est instantané.
Marianne et Cyril : portrait de deux existences opposées
Marianne est décrite comme une mère comblée, bientôt confrontée à la perspective du divorce ; Cyril apparaît comme un bachelor parisien, cynique et noctambule, qui voit le couple comme un carcan. Alice Ferney construit leurs échanges en courts chapitres dont les titres évoquent presque des commandements, et c’est par ces dialogues que le roman progresse.
Plutôt qu’un simple récit d’amour, l’ouvrage se place à la lisière de l’essai philosophique. En donnant la parole alternativement aux deux protagonistes, l’écrivaine propose un « cas pratique » de l’amitié et invite le lecteur à témoigner, presque en ami, des confessions et des doutes de chacun. « Ses rats de laboratoire ne sont plus Pauline et Gilles, le couple de La conversation amoureuse, mais Marianne et Cyril », souligne le ton comparatif du roman.
Structure, ton et dispositifs narratifs
Le dialogue constitue la membrane principale du texte : un jeu de ping‑pong s’installe entre l’homme et la femme, apportant rythme et vivacité. Les courts chapitres donnent à la fois une densité réflexive et une impression de proximité ; la construction favorise l’immersion dans la psyché des deux personnages.
L’exercice narratif est double : en se plaçant dans la tête de Marianne puis de Cyril, Alice Ferney assume une forme de travail empathique, parfois qualifié de « quasi‑schizophrénique » par le ton de l’analyse. Elle n’émets pas de jugement moral tranché mais dresse, au fil des pages, un portrait fidèle et nuancé de leurs contradictions et de leurs désirs.
Amour, désir et héritage philosophique
Si l’étude porte sur l’amitié, le roman n’ignore pas l’amour, le désir et la notion de couple. À travers ces thèmes, Comme en amour peut être lu comme un prolongement de La conversation amoureuse : les deux livres forment un diptyque informel sur les relations humaines, dans leurs dimensions viscérales, honnêtes et tumultueuses.
Le questionnement d’Alice Ferney s’inscrit également dans une tradition intellectuelle qui a déjà interrogé l’amitié, de La Boétie à Montaigne. Sa proposition est contemporaine : plutôt que de magnifier la romance classique, l’auteure s’attache à décrire un lien indéfectible et platonique, en le traitant avec la précision d’une réflexion philosophique.
Ce que le lecteur trouve dans le livre
Parmi les qualités relevées, on note la modernité du propos, le rythme apporté par le dialogue et la capacité de l’autrice à faire sentir, page après page, l’attachement aux personnages. Quelques passages peuvent paraître balbutiants, et certains traits des protagonistes frôlent le cliché, mais l’ensemble offre une réflexion solide et actuelle sur l’amitié.
Comme en amour, d’Alice Ferney, Actes Sud, 304 pages, disponible en librairie le 20 août.