La Bolivie se dirige vers un second tour présidentiel après des résultats partiels qui placent deux candidats de droite en tête, selon les projections relayées par l’AFP et le Tribunal suprême électoral. Le pays est confronté à une grave crise économique marquée par une inflation élevée et des pénuries de carburant, ce qui alimente les appels au changement. Rodrigo Paz, sénateur de centre-droit et fils de l’ancien président Jaime Paz Zamora, arrive en tête avec environ un tiers des voix selon les estimations; Jorge « Tuto » Quiroga suit de près; Samuel Doria Medina est relégué en troisième place. Le président sortant Luis Arce, soutenu par Evo Morales, a renoncé à un nouveau mandat. Evo Morales est écarté par la justice et vit retranché dans son fief, alors que les débats sur le modèle économique et la stabilité se poursuivent.
Bolivie: deux candidats de droite au second tour selon les projections
Selon les projections d’Ipsos et Captura relayées par l’AFP, Rodrigo Paz obtient 31,3% et 31,6% des voix, tandis que Jorge « Tuto » Quiroga en récolte 27,1% et 27,3%. Samuel Doria Medina demeure en troisième position avec 19,5% et 20,2%. Dans les mêmes temps, les résultats du Tribunal suprême électoral (TSE) placent Paz autour de 32,1% et Quiroga autour de 26,8%, Doria Medina à environ 19,8%. Ces chiffres reflètent une dynamique claire en faveur d’une alternance et un affaiblissement global de la gauche.
Le contexte économique reste dominé par des pénuries et une inflation qui tourne autour de 25%, un niveau inédit depuis 17 ans, compliquant toute dynamique de remobilisation. Le MAS, au pouvoir depuis 2006, est confronté à des divisions internes visibles sur le terrain et dans les discours des candidats.
« Je veux un changement. Je pense que la gauche nous a fait beaucoup de mal », a estimé auprès de l’AFP Miriam Escobar, une retraitée de 60 ans, après avoir voté à La Paz. D’autres témoins dépeignent des difficultés quotidiennes causées par les prix et l’insécurité.
Contexte économique et réactions
Les deux candidats de droite s’affronteront lors d’un second tour le 19 octobre, infligeant à la gauche son plus lourd revers depuis l’arrivée au pouvoir d’Evo Morales. Le parcours de Morales, écarté par la justice et visé par un mandat d’arrêt dans une affaire de traite d’une mineure, demeure au cœur des débats; l’ancien leader indigène vit retranché dans son fief du centre du pays et demeure une voix influente dans certaines régions rurales et autochtones. En votant, chaussé de sandales, Evo Morales a dénoncé un scrutin « sans légitimité », affirmant que le vote nul, qu’il a encouragé durant la campagne, allait l’emporter, selon l’AFP.
Malgré l’éviction, le MAS peut encore mobiliser des soutiens dans certains bastions ruraux et autochtones, mais le conflit entre Morales et Arce a fragmenté le mouvement et alimenté le sentiment d’épuisement parmi des partisans historiques. Pour Daniel Valverde, politologue à l’université Gabriel René Moreno, « le pire ennemi de la gauche a été la gauche elle‑même ». « La corruption, la mauvaise gestion, le manque de décisions et l’improvisation ont fini par fatiguer la population », juge-t-il.