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Intelligence artificielle, emploi, inégalités, automatisation, France — L’intégration rapide des technologies d’intelligence artificielle dans les entreprises suscite des inquiétudes : perte de postes de premier échelon, concentration des gains et creusement des inégalités entre ceux qui conçoivent la technologie et ceux dont les tâches sont automatisées.
Intelligence artificielle, emploi, inégalités : métiers les plus exposés
Erik Brynjolfsson, chercheur principal à l’Institute for Human-Centered AI de Stanford et directeur du Stanford Digital Economy Lab, identifie des secteurs particulièrement vulnérables. « Le codage, l’ingénierie logicielle et les centres d’appels sont les emplois qui sont susceptibles de connaître les changements les plus importants. La plupart des industries s’orientent vers l’automatisation », a-t-il déclaré lors d’un entretien rapporté par NPR.
Une étude de Microsoft publiée début août, basée sur les interactions des utilisateurs, a dressé la liste des emplois menacés par ces outils. Selon cette étude, les rôles liés à la création de contenu et au langage — interprètes, rédacteurs, fonctions de service client — figurent parmi les plus fortement touchés. En revanche, les emplois manuels et en temps réel, tels que chirurgien ou mécanicien, semblent moins susceptibles d’être remplacés, l’étude soulignant que « l’IA assisterait les travailleurs, elle ne les remplacera pas ».
Des employeurs ont commencé à intégrer ces technologies aux activités quotidiennes de leur entreprise, certains craignant que cette adoption ne conduise à une suppression complète de certaines fonctions. Le débat porte autant sur la vitesse des changements que sur l’ampleur des pertes d’emplois.
Perte d’emplois de premier échelon et creusement des inégalités
L’ancien secrétaire aux Transports des États-Unis, Pete Buttigieg, a également exprimé ses inquiétudes concernant la préparation aux conséquences économiques de ces transformations. Il a déclaré : « Ce sont les implications économiques qui, selon moi, pourraient être les plus perturbatrices, et les plus rapides. Nous parlons ici de catégories entières d’emplois, où, d’ici trois ou quatre ans, et non dans 30 ou 40 ans, la moitié des emplois de premier échelon pourraient disparaître. Ce sera un peu comme ce que j’ai vécu enfant dans le Midwest industriel, lorsque l’automatisation a fait disparaître de nombreux emplois dans le secteur automobile dans les années 90, mais dix fois, voire cent fois plus perturbateur ».
Brynjolfsson met en garde contre un double effet : si ces technologies peuvent générer d’importantes richesses, elles risquent de concentrer ces gains au bénéfice de ceux qui créent et possèdent la technologie, creusant davantage l’écart économique avec les travailleurs remplacés. Il a abordé ces questions lors d’une interview avec Steve Inskeep, de NPR, en pointant les thèmes urgents à traiter lors de l’intégration des nouvelles technologies au monde du travail : la perte d’emplois, le besoin de compétences davantage centrées sur l’humain et l’aggravation des inégalités économiques.
Cependant, certains emplois reposeront sur des compétences humaines difficiles à automatiser. « Je pense que beaucoup de gens préfèrent interagir avec d’autres êtres humains en face à face, ce qui, par définition, ne peut être fait que par d’autres êtres humains », a déclaré Brynjolfsson, soulignant le rôle potentiel des capacités de communication et de créativité dans les emplois futurs.
Impacts pratiques et questions à traiter
Les points soulevés par ces responsables et chercheurs convergent sur plusieurs enjeux concrets pour les entreprises et les politiques publiques :
- La nécessité d’anticiper la reconversion et la formation professionnelle pour les emplois menacés ;
- La gestion de la transition pour les travailleurs de premier échelon dont les tâches peuvent être automatisées rapidement ;
- La distribution des gains de productivité afin d’éviter une concentration excessive des richesses ;
- La définition de normes et de régulations pour encadrer l’intégration technologique dans le monde du travail.
Ces questions reviennent dans les débats internationaux et s’imposent comme des priorités pour les acteurs publics et privés, en particulier dans les pays où l’adoption technologique s’accélère.
Débat public et réactions
Les déclarations de personnalités comme Pete Buttigieg et les analyses de chercheurs comme Erik Brynjolfsson alimentent un débat public croissant sur l’impact économique et social de ces outils. Les discussions portent moins sur la capacité technique des systèmes que sur les choix collectifs à faire pour protéger les travailleurs, adapter les compétences et limiter l’aggravation des inégalités.
La question reste ouverte : comment concilier productivité accrue et préservation d’emplois qualifiés et non qualifiés, tout en garantissant une répartition équitable des bénéfices générés par ces transformations ? Les réponses dépendront des politiques de formation, des dispositifs de protection sociale et des décisions des entreprises au cours des prochaines années.