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La journée du 10 septembre est au cœur d’un vif débat entre syndicats et mouvement citoyen Bloquons tout. Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise, a appelé vendredi soir à la « grève générale » lors du mouvement de protestation prévu le 10 septembre. Les CGT et FO mobilisent des positions prudentes, certaines fédérations ayant déjà exprimé leur soutien local, sans attendre l’avis du bureau confédéral. Sophie Binet, à la tête de la CGT, a déclaré que « sur le reste, les choses sont très nébuleuses ».
Contexte et position des syndicats face au mouvement du 10 septembre
Le mouvement, inspiré par les appels de Jean-Luc Mélenchon et les initiatives citoyennes, se heurte à l’attente de l’intersyndicale sur les modalités et les risques. Le leader de LFI a appelé à la grève générale pour tenter de faire chuter le gouvernement, tandis que Sophie Binet, première porte-parole de la CGT, restait prudente sur une action hors des centrales et notait la progression de l’initiative après la présentation mi-juillet du plan d’économies.
Pour la CGT, la mobilisation est encouragée par les signals de colère sociale, mais l’organisation affirme rester vigilante face à des tentatives de noyautage et d’instrumentalisation. Des fédérations départementales, notamment dans la chimie et le commerce, ont déjà exprimé leur soutien au mouvement sans attendre le feu vert du bureau confédéral, qui doit se réunir mardi et mercredi pour fixer la position officielle.
Chez Force ouvrière, des militants s’interrogent eux aussi sur la nature de cette journée: « On nous demande ce qu’est cette journée du 10 septembre », a expliqué Patricia Drevon, secrétaire confédérale.
Risque de récupération et vigilance face à l’extrême droite
Le mouvement est scruté de près par les syndicats qui redoutent des dérives. Pour certains responsables, le parallèle avec les Gilets jaunes en 2018 rappelle qu’ils s’étaient tenus à distance et avaient ensuite été confrontés à des actions judiciaires. Les syndicats restent attentifs à des messages qui pourraient encourager des discours anti-syndicats ou viser des groupes marginalisés, notamment les immigrés.
Des échanges internes montrent toutefois des intérêts communs: des participants évoquent des objectifs contre l’austérité et la sauvegarde des services publics, tout en rejetant des prises de position jugées extrêmes. « Il y a des mots d’ordre avec lesquels je suis d’accord, par exemple les revendications qui luttent contre l’austérité, ne veulent pas perdre les deux jours fériés, ou pour la sauvegarde des services publics », a indiqué une cadre syndicale; d’autres propos ont été jugés inacceptables par certains.
Solidaires, par exemple, précise que l’organisation décidera jeudi de sa participation ou non au mouvement et que ses dirigeants se tiennent en veille sur l’émergence de blocs et de solidarités dans les réseaux sans pour autant entrer dans les délégations officielles.
Prochaines étapes et calendrier
Pour que les mobilisations progressent, l’appui des syndicats demeure crucial: certains estiment que « pour mettre la France à l’arrêt, ça passe notamment par la grève, et qu’on doit s’organiser dans l’entreprise » avec les représentants syndicaux. L’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa et Solidaires) est convoquée le 1er septembre pour « définir les modalités d’actions », selon Patricia Drevon.
Elle prévoit qu’« il y aura forcément une journée d’actions », tout en rappelant que « en intersyndicale, ce n’est pas possible de décider de rejoindre le 10 septembre ». Le contexte a été accéléré par le fait que Mélenchon a appelé à soutenir le mouvement, ce qui, selon certains responsables, rend improbable une adhésion inconditionnelle des organisations traditionnelles.
Après s’être déjà joints à des mobilisations antiracisme et aux cortèges du 1er mai, les Insoumis alimentent le débat sur leur rôle dans le mouvement social, suscitant des avis divergents parmi les responsables syndicaux.