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Avec Amanda Knox comme productrice et le soutien de Monica Lewinsky, la minisérie The Twisted Tale of Amanda Knox revient sur l’emballement médiatique et judiciaire qui a marqué l’Italie au début du XXIe siècle, en retracant l’affaire Meredith Kercher et le sort d’Amanda Knox.
Amanda Knox : la reconstitution de l’affaire de Pérouse (2007)
En 2007, Meredith Kercher, une étudiante anglaise, est retrouvée dénudée et poignardée à Pérouse. Amanda Knox, alors étudiante américaine de 20 ans en séjour linguistique, est rapidement désignée suspecte. Il faudra trois procès et cinq ans d’emprisonnement avant que la justice italienne ne reconnaisse l’innocence de la principale accusée.
Après des productions médiatiques variées — podcasts, un documentaire remarqué sur Netflix, et un film librement inspiré de l’affaire — la télévision s’empare à son tour du dossier avec cette minisérie disponible sur Disney+. Le projet, porté par Amanda Knox elle‑même et Monica Lewinsky, promettait d’éviter une exploitation sensationnaliste de l’histoire ; selon la critique, la série parvient à se garder d’une hagiographie tout en restant édifiante.
La reconstitution met en lumière comment enquêteurs et procureur se sont laissés enfermer dans des interprétations qui ont menée à négliger des preuves ADN contraires à leurs hypothèses. Plutôt que de présenter des protagonistes unidimensionnels, la série montre qu’ils ont, d’une certaine manière, été autant victimes que auteurs d’une machine médiatico‑judiciaire qui s’est emballée.
Une mise en scène décalée et des choix esthétiques marquants
La narration choisit parfois un ton singulier : la reconstitution insiste sur l’insouciance et l’immaturité d’Amanda, montrée embrassant son petit ami près de la scène du crime ou se comportant de façon incongrue au commissariat. Pour traduire ce décalage, réalisateurs et scénaristes empruntent de la fantaisie, évoquant par instants l’univers de La fabuleuse histoire d’Amélie Poulain, film qu’Amanda regardait la soirée du drame.
La série aborde aussi des éléments plus techniques : barrières linguistiques, particularités de la procédure italienne et les pressions psychologiques qui ont poussé Amanda Knox à formuler un faux témoignage. Chaque piège de la procédure est montré comme une étape où l’accusée trébuche, accentuant la fragilité de sa position face à une machine judiciaire et médiatique implacable.
Grace Van Patten : incarnation, préparation et témoignages
La comédienne Grace Van Patten capture, selon le texte de présentation, «avec force, le supplice et la transformation intérieure de Knox, devenue militante de renom contre les erreurs judiciaires». Son interprétation s’appuie sur des entretiens approfondis avec Amanda Knox, d’abord en visioconférence, puis en présentiel.
«Ce qui m’a touchée dans The Twisted Tale of Amanda Knox, c’est la possibilité laissée à Amanda Knox d’enfin se réapproprier sa propre histoire. L’incarner c’est laisser libre cours à ses émotions qui n’ont jamais été audibles lors de l’enquête et des procès. Sa profonde confusion lors des interrogatoires, son ignorance de ce qui se passait dans son dossier, une fois qu’elle a été incarcérée, sa reconstruction. Jusqu’à aujourd’hui, la perception que nous avons d’elle a été façonnée par la couverture médiatique».
Grace Van Patten, 28 ans, raconte que leur première rencontre en personne s’est déroulée à Echo Park, «à bord d’un pédalo en forme de cygne» où Amanda avait emmené enfants et mari. Comme Knox à l’époque, l’actrice s’est lancée dans un apprentissage accéléré de l’italien pour incarner au mieux son rôle.
«l’empathie de la série avec tous les protagonistes de l’histoire – policiers, procureur – qui étaient persuadés de faire leur devoir et dont la détermination a abouti à cet énorme pétrin. Tant de choses, qui auraient pu être évitées, sont allées de travers. Cela me fend le cœur».
La comédienne explique aussi s’être rapidement rendu compte, à la lecture des dossiers, «des nombreuses zones d’ombre qui lui avaient totalement échappé». Elle souligne enfin la résilience de Knox :
«Elle ne blâme personne, n’a aucune rancune. J’ai beaucoup appris de sa mentalité, de sa capacité à rester positive, pleine d’espoir et à pardonner. C’est la seule raison pour laquelle elle a pu aller de l’avant».
En synthèse, la minisérie vise à restituer la complexité d’un fait divers devenu symbole d’erreurs judiciaires, en mettant l’accent sur la subjectivité des acteurs judiciaires, la pression médiatique et la trajectoire personnelle d’Amanda Knox, présentée ici non seulement comme victime d’un procès médiatique, mais aussi comme une femme qui s’est reconstruite et est devenue militante.