Home ActualitéCouteaux chez les jeunes: réseaux et effet de groupe

Couteaux chez les jeunes: réseaux et effet de groupe

by charles
France

Un rapport commandé par le Premier ministre analyse l’influence des réseaux sociaux sur le fléau des couteaux chez les jeunes et les pistes de prévention associées. Il rappelle que depuis 2016, 20 % des mis en cause porteurs d’une arme sont des mineurs et que 3 000 jeunes par an sont interpellés en possession d’une arme blanche. Le gouvernement a proposé un protocole de détection des problèmes de santé mentale dans tous les établissements scolaires et évoque des mesures comme l’élargissement de la vidéosurveillance, tout en signalant qu’aucun moyen financier supplémentaire n’était alloué. Des témoignages d’éducateurs, d’enseignants et de proches décrivent un phénomène nourri par les échanges en ligne et par une culture de la violence qui gagne du terrain à l’école et dans les rues.

Chiffres clés et cadre politique

Dans le document remis au Premier ministre, Naïma Moutchou précise que depuis 2016, 20 % des mis en cause porteurs d’une arme sont des mineurs et que 3 000 jeunes par an sont interpellés en possession d’une arme blanche. En février, les signalements d’armes blanches dans les établissements scolaires ont bondi de 15% sur un an. Le texte appelle à la généralisation d’un protocole de détection des problèmes de santé mentale dans tous les établissements à partir de cette rentrée, sans débloquer toutefois de nouveaux moyens.

Photo AFP montrant une discussion autour de la sécurité dans les établissements
Photo AFP associée à l’analyse sur les couteaux chez les jeunes

Effet de groupe et accès facilité via les réseaux sociaux

Les observateurs soulignent un phénomène d’« effet de groupe » : des adolescents justifient le port d’une lame par le sentiment d’être menacés et par la dynamique en ligne. Naël, 16 ans, résume: « Deux quartiers vont s’affronter et se lancer des piques sur YouTube ». S’il se rencontrent dans la vraie vie, « un tel va se faire taper », et « après, ça dégénère », explique-t-il à l’AFP. Pour lui, posséder un couteau serait aussi « pour montrer que tu en as un ». La facilité d’acquisition est aussi citée: « en quelques clics sur TikTok ou autre réseau social, on a accès à des boutiques en ligne de lames létales sans vérification d’âge, pour quelques dizaines d’euros ». « Il y a aussi les gazeuses, les marteaux, les tasers… », ajoute-t-il.

Des experts rappellent que l’image et les contenus violents peuvent banaliser le geste: « le numérique, les jeux vidéo extrêmement violents, le rapport au réel et l’imaginaire complètement fondus » donnent l’impression que « tuer l’autre devient quelque chose de banal », selon Xavier Pommereau; Serge Hefez souligne aussi la perte du sens de l’empathie et l’exacerbation de la violence par les tensions sociétales. La dynamique s’étend au Royaume-Uni, où le Premier ministre Keir Starmer parle d’une « crise nationale » et appelle à des mesures de prévention; pour Hefez, « il faut aussi davantage ouvrir l’école à la société civile, aux associations » et renforcer la prévention autant que l’éducation.

Illustration associant réseaux sociaux et violence juvénile

Réponses publiques et perspectives

Les autorités veulent agir sur l’arsenal légal et éducatif. Le président Emmanuel Macron a évoqué l’interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans, tandis que Naïma Moutchou recommande de généraliser la vidéosurveillance dans les établissements et de bannir la vente de certains couteaux « extrêmement dangereux ». Rachel Bocher parle de problèmes « multifactoriels » et appelle à des efforts « interministériels » entre la justice, l’éducation et la santé. Les spécialistes insistent sur la prévention et l’accompagnement, afin de faire émerger des solutions éducatives plutôt que répressives, et d’impliquer davantage la société civile dans les écoles, les associations et les services publics.

You may also like

Leave a Comment