Table of Contents
Une délégation du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a achevé, mardi, une visite de trois jours à Juba pour réaffirmer son soutien au fragile processus de paix au Soudan du Sud et aux préparatifs des élections prévues en décembre 2026.
La mission, présidée par l’ambassadeur algérien Mohamed Khaled, rappelait l’urgence d’avancer sur l’application des dispositions restantes de l’accord de paix renforcé, tout en faisant face à des critiques sur le manque d’attention portée à la détérioration de la situation politique et aux arrestations à caractère politique.
Soutien ferme et demandes de mise en œuvre
Dans un communiqué, la délégation de l’Union africaine a insisté sur la nécessité de l’exécution complète des tâches restantes prévues par l’accord de paix renforcé.
Elle a appelé à l’instauration d’un cessez‑le‑feu durable et à la protection des civils ainsi que des personnels humanitaires.
Le Conseil a exprimé son soutien constant à la tenue des élections en décembre 2026, qui doivent marquer la fin de la période de transition.
Il a également demandé l’ouverture d’un dialogue politique global et de haut niveau entre les dirigeants politiques afin de trouver une solution pacifique à la crise en cours.
- Mise en œuvre intégrale de l’accord de paix renforcé;
- Arrêt durable des hostilités et protection des civils;
- Organisation d’élections libres et crédibles en décembre 2026;
- Dialogue politique inclusif au plus haut niveau.
Rencontres et large série de consultations
La délégation a conduit une série de consultations avec de nombreux acteurs locaux et internationaux afin de mesurer les avancées et les obstacles à la paix.
Ces échanges ont inclus des responsables institutionnels et des représentants de la société civile.
- Présidents de la commission électorale et de la commission de révision constitutionnelle;
- Représentants des organisations religieuses, de la société civile, des centres de recherche et des médias;
- Émissaires des pays de la Troïka (États‑Unis, Royaume‑Uni, Norvège) et de l’Union européenne;
- La mission des Nations unies au Soudan du Sud et le bureau de l’envoyé spécial du secrétaire général;
- La commission réformée de suivi et d’évaluation conjointe, l’IGAD et des ministres du gouvernement ainsi que des membres clés du comité de gestion de la transition.
Voix de la société civile et priorités proposées
Des représentants de la société civile ont présenté des recommandations visant à sortir le pays de la crise politique, sécuritaire et humanitaire.
Ils ont insisté sur l’inclusion des différentes catégories sociales dans tout processus de règlement.
Edmond Yakani, directeur de l’organisation « Renforcement de la Société pour le Progrès » (SEBO), a déclaré que la délégation avait entendu les interventions de jeunes, de femmes, de responsables religieux et d’autres acteurs.
Parmi les propositions figuraient la tenue d’une réunion globale regroupant tous les signataires de l’accord de paix renforcé et la libération de tous les détenus politiques, y compris le premier vice‑président Riek Machar.
- Organisation d’une réunion inclusive réunissant toutes les parties signataires;
- Libération des personnes détenues pour des motifs politiques;
- Renforcement de l’accord de cessez‑le‑feu et des mécanismes de protection afin d’atténuer la crise humanitaire;
- Soutien de l’Union africaine au renforcement des capacités techniques de la commission électorale nationale pour garantir des élections libres et transparentes.
Réactions de la mouvance d’opposition et obstacles politiques
La Mouvement populaire pour le changement (opposition) a exprimé sa déception après l’annulation, par le Conseil de paix et de sécurité, d’une réunion prévue le 6 août entre ses représentants et la délégation.
Le vice‑président du mouvement, Oyet Nathaniel, a estimé que l’annulation reflétait une absence de volonté politique.
Nathaniel a averti que les résultats attendus d’une rencontre entre la délégation et la présidence ne représenteraient pas la position de l’opposition.
Il a ajouté que ces résultats ne devraient pas servir de base exclusive pour toute décision relative au processus de paix.
L’analyste politique Ajo Lul a souligné que la mise en œuvre de l’accord de paix renforcé est rendue plus difficile par des tensions internes au sein du camp de l’opposition, notamment une tentative de changement de leadership visant à remplacer Riek Machar.
Ce climat complexifie le travail de la délégation africaine dans les négociations avec le gouvernement.
Accusations judiciaires contre Riek Machar et implications régionales
Des observateurs rappellent que Riek Machar fait face à des accusations de nature sécuritaire et judiciaire qui peuvent bloquer sa libération.
Si ces accusations n’étaient pas fondées, certains estiment que la communauté africaine pourrait envisager des mesures punitives contre le gouvernement, y compris des sanctions politiques.
Le commentateur George Wahidallah a estimé que la résistance du gouvernement à libérer Machar complique les efforts de l’Union africaine.
Il a ajouté que l’empêchement d’une rencontre directe avec Machar accroît la complexité de la situation politique et retarde les arrangements sécuritaires indispensables pour stabiliser le pays.
Selon ces analyses, il est crucial que le gouvernement fasse preuve de flexibilité pour sauver l’accord de paix et donner priorité à la volonté des citoyens du Soudan du Sud en matière de paix et de stabilité.