Les États-Unis ont porté à 50% la surtaxe douanière sur les produits indiens importés, mesure annoncée au début du mois et désormais en vigueur pour divers secteurs. Cette escalade s’inscrit dans une logique de pression commerciale visant à limiter, entre autres, le financement de la guerre en Ukraine. Pour New Delhi, l’enjeu est économique et stratégique: protéger le marché intérieur et faire progresser les négociations avec Washington. Selon la Fédération des organisations indiennes exportatrices (FIEO), l’activité des secteurs textile et des produits de la mer est déjà affectée, face à « cette phase de turbulences ». Les discussions entre les deux pays ont débuté en février et se poursuivent, avec des espoirs et des incertitudes sur un éventuel accord.
États-Unis: pourquoi la surtaxe à 50% et quels effets sur le commerce
La hausse, qui s’inscrit dans une série de surtaxes actives sous l’administration actuelle, vise à peser sur les flux commerciaux et, directement, à signaler les coûts liés à l’énergie et à la production. Après la Chine, l’Inde est le principal client de la Russie pour le pétrole, représentant près de 36% de ses importations énergétiques en 2024, selon le ministère indien du Commerce; un chiffre qui illustre l’enjeu géopolitique des échanges. Pour New Delhi, cette orientation est pragmatique: alors que l’Europe s’est tournée loin des hydrocarbures russes, l’Inde s’est tournée vers d’autres fournisseurs et tente d’équilibrer son approvisionnement.
Le nouveau taux ne concernera toutefois pas un certain nombre de produits, ce qui en atténue l’impact, notamment sur les iPhones fabriqués en Inde. Toutefois, ces appareils pourraient être touchés par des droits de douane sectoriels jusqu’à 100% sur les composants et certains produits électroniques, selon les projections des autorités américaines.
Les exportateurs indiens craignent une chute des commandes, des délocalisations et des pertes d’emploi: les États-Unis restent le premier partenaire commercial du pays et y écoulent plus de 87 milliards de dollars de marchandises chaque année. Mardi, la FIEO a souligné que l’activité des fabricants de textile et du secteur des produits de la mer était déjà affectée, appelant les autorités à agir avec les entreprises face à « cette phase de turbulences ».
Impact et perspectives d’un accord Washington-Delhi
New Delhi a répété son espoir d’un accord commercial avec Washington. Néanmoins, les obstacles restent importants, notamment l’accès au marché agricole et laitier indien, sensibles pour la base électorale du Premier ministre Narendra Modi. Les discussions, lancées dès février, se poursuivent, mais beaucoup d’observateurs estiment que l’Inde est « un négociateur beaucoup plus coriace » que prévu, a reconnu Donald Trump.
Depuis son retour au pouvoir en janvier, l’administration américaine a activé de nouvelles surtaxes sur les produits mondiaux importés, désormais à des niveaux proches des plus hauts enregistrés depuis le début des années 1910, hormis quelques semaines de 2025 selon l’OMC et le FMI. Pour limiter les effets sur le citoyen ordinaire, Modi a assuré lors de son discours pour l’anniversaire de l’Indépendance, le 15 août, qu’il allait « alléger le fardeau fiscal du citoyen ordinaire ». Par ailleurs, New Delhi cherche à renforcer ses liens avec Pékin, même si les tensions frontalières passées compliquent les équilibres régionaux.
Sur le plan macroéconomique, les économistes estiment que sans accord, la croissance indienne pourrait fléchir sous la barre des 6%, les prévisions du FMI tablant sur 6,4% en 2025. L’enjeu reste donc de concilier pression commerciale et objectifs de développement, alors que l’Inde cherche à diversifier ses partenariats et à stabiliser son marché intérieur.