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La colonie Ma’ale Adumim, située à l’est de Jérusalem, couvre des milliers de dunums de terres palestiniennes et constitue un élément stratégique du paysage territorial en Cisjordanie. Son expansion régulière alimente tensions et débats politiques, tant en Israël qu’à l’échelle internationale. Cet article retrace sa localisation, son histoire, son développement urbain et les controverses liées aux projets d’extension, notamment le plan dit « E1 ».
Localisation
Ma’ale Adumim se trouve sur l’axe de la route nationale n°1 qui relie Jérusalem à la grande agglomération de Tel-Aviv et continue vers la vallée du Jourdain. Elle est implantée à environ 7 kilomètres à l’est de Jérusalem et s’étend le long d’un corridor stratégique entre la ville et Jéricho.
- Surface approchée : plus de 48 000 dunums (1 dunum = 1 000 m²).
- Population : plus de 40 000 colons résidant dans la colonie.
- Communes palestiniennes voisines à l’ouest : al-ʿIsawiyya, al-ʿAyzariyya (al-Eizariya) et Abou Dis.
- Au nord : la localité d’Anata, des terres d’al-ʿAyzariyya, al-Tur et le camp de réfugiés de Shuafat.
- À l’est : zones semi-désertiques qui descendent vers la vallée de Qelt et la mer Morte, où vivent notamment des communautés bédouines.
La colonie est également bordée par le mur de séparation israélien qui isole Jérusalem et certaines localités palestiniennes adjacentes.
Ma’ale Adumim a été construite sur de larges portions des terres des communes palestiniennes d’al-ʿAyzariyya et d’Abou Dis.
Population et infrastructures
Jusqu’en 2005, la colonie comptait environ 32 000 habitants ; depuis, sa population a continué d’augmenter pour dépasser les 40 000 résidents. La majorité des habitants travaillent à Jérusalem et dans les zones alentours.
Les équipements comprennent de nombreux établissements scolaires, des centres communautaires, des complexes sportifs, une bibliothèque publique et un ensemble complet de services d’urgence. Ces infrastructures participent à la transformation de Ma’ale Adumim en véritable ville organisée.
Origine du nom
Le nom « Ma’ale Adumim » se réfère à l’ancienne « montée d’Adumim » (Adumim signifiant littéralement « rouges »), en référence aux roches et sols rouges de la région. Le toponyme traduit la caractéristique géologique locale et a été adopté en hébreu pour désigner la colonie.
Contexte historique
Les terres sur lesquelles Ma’ale Adumim a été construite appartenaient successivement à l’Empire ottoman, puis au mandat britannique. Après les événements de 1947 et la période jordanienne, elles sont passées sous contrôle israélien à la suite de la guerre de 1967.
La création officielle de la colonie date de 1975, alors que la zone était majoritairement désertique. Elle a acquis le statut de « ville » en 1991 et s’est développée en quartiers aux profils variés.
L’idée de créer une implantation stratégique à l’est de Jérusalem remonte à 1968, lorsqu’un plan fut proposé pour contrôler les collines orientales et sécuriser la route vitale vers Jéricho. Dès 1974, un groupe de colons a établi une base expérimentale qui a servi de noyau au développement ultérieur.
- 1974-1975 : établissement d’une première implantation expérimentale.
- 1981 : obtention d’un statut de conseil local, marquant la mise en place d’une gouvernance municipale.
- Fin des années 1990 : détournements ou expulsions de populations bédouines locales, affectant près de 1 050 personnes originaires de communautés installées sur les terres incorporées.
Plan d’aménagement et projets d’expansion
Depuis sa création, Ma’ale Adumim a fait l’objet de plans d’extension successifs. Les autorités israéliennes ont procédé à des saisies de terres dans les communes alentour pour étendre la colonie et lui conférer une emprise territoriale significative à l’est de Jérusalem.
Les chiffres fréquemment cités concernant les confiscations et les acquisitions de terrains incluent :
- 4 217 dunums prélevés sur al-ʿAyzariyya.
- 1 031 dunums sur Abou Dis.
- 406 dunums sur la localité d’al-Zaʿim et 200 dunums sur al-ʿIsawiyya.
Le projet d’extension connu sous le nom « E1 » vise à relier Ma’ale Adumim à Jérusalem et à consolider un « rempart » oriental autour de la ville. Ce plan a reçu un soutien politique et financier à différentes périodes, suscitant des réactions internationales et locales.
- 2007-2008 : controverses autour de la reprise des travaux après des engagements internationaux sur le gel de la colonisation.
- Mars 2017 : ordres de démolition visant des structures dans la zone de Khan al-Ahmar, située en bordure du futur projet E1.
- Été 2025 : annonce du ministre des Finances israélien concernant le financement de plus de 3 400 unités résidentielles destinées à étendre Ma’ale Adumim.
Des analystes et responsables politiques ont averti que ces extensions risquent de fragmenter davantage le territoire palestinien et de compromettre la viabilité d’un État palestinien géographiquement continu.
Conséquences sociales et humanitaires
Les extensions de la colonie ont eu des conséquences directes sur les populations locales palestiniennes, notamment des expulsions répétées, des pertes de terres et des pressions sur les communautés bédouines. Des méthodes de contrainte ont été rapportées, entraînant des déplacements forcés et la destruction d’habitations.
Les observateurs soulignent que la multiplication des fragments territoriaux et des corridors réservés compromet l’unité territoriale des zones palestiniennes et complexifie l’accès aux ressources et aux services pour les résidents affectés.
Enjeux politiques
Ma’ale Adumim occupe une place centrale dans les débats sur l’avenir de Jérusalem et sur les contours d’un éventuel accord de paix. Pour certains responsables israéliens, la colonie constitue un élément stratégique visant à assurer la sécurité et la continuité territoriale autour de Jérusalem.
À l’inverse, de nombreux acteurs internationaux et leaders palestiniens voient dans l’extension de Ma’ale Adumim un pas vers l’annexion effective de larges portions de la Cisjordanie, réduisant à néant les perspectives d’un État palestinien souverain et contigu.
Les développements à Ma’ale Adumim restent un indicateur clé des dynamiques territoriales en Cisjordanie et de l’évolution des positions politiques autour de Jérusalem. Les projets d’extension continuent d’alimenter un débat qui lie questions de sécurité, droit foncier et aspirations nationales concurrentes.