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L’ancien Premier ministre malien Choguel Maïga a été inculpé pour détournement de fonds et placé en détention provisoire, a annoncé la justice à l’issue d’une audience devant la Cour suprême.
Les charges portent sur « le blanchiment d’argent à hauteur de plusieurs milliards de francs CFA », soit plusieurs millions de dollars, selon le parquet. Maiga avait été arrêté une semaine plus tôt dans le cadre d’une vague d’arrestations menée par les autorités militaires.
Les chefs d’accusation et la procédure
Lors de l’audience, il a été confirmé que Maiga restera en prison en attendant son procès. Aucune date n’a encore été fixée pour l’ouverture du procès, a déclaré son avocat, Cheick Oumar Konaré.
L’avocat a assuré croire en la justice et apparaître calme en attendant la tenue du procès. Le parquet a précisé que les faits relevaient d’un important montant de blanchiment d’argent.
- Arrestation de Maiga : il y a environ une semaine.
- Motif principal : blanchiment / détournement de fonds sur plusieurs milliards de francs CFA.
- Situation judiciaire actuelle : détention provisoire, date de procès non fixée.
Contexte politique : répression et purges au sommet
Maiga, nommé Premier ministre après le second putsch de 2021, avait été limogé en novembre 2024 après avoir critiqué publiquement le manque de clarté du calendrier de transition vers un gouvernement civil.
Depuis son départ, il est devenu l’un des détracteurs les plus virulents du pouvoir militaire, affirmant que les autorités utilisent la justice pour réduire au silence les voix dissidentes.
- Remplacement : le général Abdoulaye Maiga a succédé à Choguel Maiga au poste de Premier ministre.
- Arrestations récentes : dizaines d’arrestations ciblant des militaires présumés impliqués dans un complot visant à renverser le pouvoir.
- Autres personnalités visées : neuf anciens collaborateurs de Maiga ont été présentés devant la Cour ; deux ont été inculpés, d’autres acquittés ou en attente d’audience.
Cas apparentés et climat de répression
Plus tôt au mois, un autre ancien Premier ministre, Moussa Mara, avait été emprisonné après avoir exprimé son soutien aux opposants détenus, ce qui illustre l’étendue de la répression contre les voix critiques.
Les observateurs estiment que ces procédures judiciaires s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à museler l’opposition et la société civile.
Insécurité et fragilité du pouvoir
Le Mali fait face à une grave crise sécuritaire depuis 2012, alimentée par des groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’EI, ainsi que par des bandes criminelles locales.
Selon des organisations de défense des droits, des milliers de personnes ont été tuées et environ 350 000 déplacées à l’intérieur du pays. Cette situation a favorisé l’instabilité politique et les soulèvements populaires ayant précédé les coups d’État.
Des experts considèrent l’arrestation de personnalités éminentes comme un indicateur de la fragilité du régime militaire.
- Opinion d’Alioune Tine : l’arrestation des leaders d’opposition, dont Maiga, affaiblit la crédibilité de la junte.
- Situation sécuritaire : présence importante du groupe JNIM dans de vastes zones rurales, danger persistant près de Bamako.
Mesures institutionnelles et trajectoire du pouvoir
Le colonel Assimi Goïta, protagoniste des deux putschs, a consolidé son pouvoir en s’installant comme président de transition. Le gouvernement militaire a ensuite resserré son contrôle en dissolvant les partis politiques et en emprisonnant des dissidents et des acteurs de la société civile.
En juillet, l’organe législatif désigné par l’armée a adopté une loi accordant à Goïta un mandat présidentiel de cinq ans, renouvelable « autant de fois que nécessaire », sans tenir d’élections.
Sur le plan régional, le Mali, le Niger et le Burkina Faso se sont retirés de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et ont formé l’Alliance des États du Sahel, incluant une force conjointe d’environ 5 000 hommes pour lutter contre les groupes armés.
Perspectives et enjeux à court terme
L’inculpation de Choguel Maiga intervient à un moment de forte tension politique et sécuritaire, et pourrait accentuer les divisions internes au sein de l’appareil militaire et de la classe politique.
Les demandes d’une libération des prisonniers politiques et d’un dialogue national faisant suite à des engagements de transition restent au cœur des revendications des acteurs pro-démocratiques.
- Enjeu immédiat : fixation d’une date de procès pour Maiga et suivi des procédures contre ses anciens collaborateurs.
- Enjeu politique : capacité du régime à gérer la contestation sans aggraver son isolement national et régional.