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Le parlement thaïlandais a élu Anutin Charnvirakul, dirigeant du parti conservateur d’opposition Bhumjaithai, au poste de Premier ministre.
Cette nomination marque un changement majeur après la destitution récente de Paetongtarn Shinawatra, et place Anutin à la tête d’un gouvernement qui s’engage à organiser de nouvelles élections dans les mois qui viennent.
Le vote au Parlement
Le scrutin de vendredi a consacré la victoire d’Anutin face à Chaikasem Nitisiri, le candidat du parti populiste Pheu Thai.
Anutin a obtenu un soutien déterminant du parti libéral People’s Party, conditionné à la promesse d’organiser des élections générales dans un délai de quatre mois.
Résultats principaux :
- Anutin Charnvirakul : 311 voix
- Chaikasem Nitisiri : 152 voix
- Abstentions : 27
- Majorité requise : 247 voix sur 492 membres actifs de la Chambre des représentants
La victoire d’Anutin est nette et dépassait largement la majorité nécessaire. Il et son gouvernement devraient entrer en fonction dans les prochains jours après la nomination formelle par le roi Maha Vajiralongkorn.
Ruptures et alliances surprenantes
Le vote a été marqué par un retournement notable : Chalerm Yubamrung, membre du Pheu Thai et ancien vice-Premier ministre, a surpris en traversant l’hémicycle pour soutenir Anutin.
Ce soutien a contribué à renforcer la position du chef de Bhumjaithai au Parlement.
L’appui du People’s Party, parti le plus important du parlement, illustre la dynamique d’alliances pragmatiques qui prévaut actuellement en Thaïlande, au détriment des lignes partisanes traditionnelles.
Impact pour la dynastie Shinawatra
La nomination d’Anutin porte un nouveau coup au clan Shinawatra, pilier de la scène politique thaïlandaise depuis deux décennies.
Le mouvement populiste lié à cette famille a souvent affronté l’establishment pro-militaire et pro-monarchie, mais il subit aujourd’hui une série de revers juridiques et politiques.
Dans les heures précédant le vote, Thaksin Shinawatra a quitté la Thaïlande pour Dubaï.
La Cour suprême doit statuer mardi sur une affaire liée au séjour hospitalier de Thaksin après son retour d’exil en août 2023, une décision qui pourrait remettre en cause la validité de sa libération anticipée l’an dernier.
Thaksin a indiqué sur les réseaux sociaux qu’il retournerait de Dubaï pour comparaître « en personne » devant la Cour.
Contexte de la chute de Paetongtarn
Anutin avait auparavant soutenu la coalition Pheu Thai, mais s’en est éloigné cet été, apparemment en réaction au comportement de Paetongtarn Shinawatra — fille et protégée de Thaksin — lors d’un différend frontalier avec le Cambodge.
Le 29 août, la Cour constitutionnelle thaïlandaise a jugé qu’elle avait enfreint l’éthique ministérielle et l’a destituée après seulement un an au pouvoir.
Pour l’heure, le Pheu Thai exerce encore le pouvoir en tant que gouvernement de transition.
Situation immédiate et réactions
Juste avant le vote, le Pheu Thai a tenté de demander au palais royal la dissolution du parlement pour empêcher la tenue du scrutin.
Les responsables royaux ont rejeté cette demande, a déclaré le Premier ministre par intérim Phumtham Wechayachai, évoquant des « questions juridiques contestées » quant à la capacité du parti à demander une telle dissolution en tant qu’administration intérimaire.
Après le scrutin, le Pheu Thai a annoncé son intention de récupérer le pouvoir pour mener à bien son programme.
Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, le parti a déclaré : « Sur toutes les politiques en cours, nous reviendrons pour terminer le travail pour tout le peuple thaïlandais. » Il affirme être prêt à jouer le rôle d’opposition parlementaire.
À retenir
La montée d’Anutin Charnvirakul comme nouveau chef du gouvernement illustre un rééquilibrage rapide et imprévisible du paysage politique thaïlandais.
Sa promesse d’élections rapides et le soutien de formations clés laissent présager une période de transition intense dans les semaines à venir.
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