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Les incidents islamophobes en Australie ont connu une hausse spectaculaire depuis le début de l’offensive israélienne sur la bande de Gaza en octobre 2023, a déclaré Aftab Malik, envoyé spécial chargé de lutter contre la haine à l’égard des musulmans. Le phénomène touche tant les attaques personnelles que les agressions en ligne, et soulève des questions sur la cohésion sociale et la discrimination institutionnelle.
Un rapport inaugural et ses recommandations
Aftab Malik a remis son premier rapport au gouvernement australien vendredi. Ce document de 60 pages comporte 54 recommandations destinées à évaluer et à combattre l’islamophobie à travers le pays.
Parmi les préconisations clés, le rapport suggère :
- de réexaminer les lois et mesures antiterroristes pour détecter d’éventuels effets discriminatoires ;
- de lancer une enquête nationale approfondie sur la haine envers les musulmans, pour en analyser les causes profondes ;
- d’évaluer l’impact de l’islamophobie sur le tissu social et sur les institutions démocratiques.
Le rapport appelle à des actions concrètes pour prévenir la discrimination religieuse et renforcer la protection des communautés ciblées.
Évolution des actes antimusulmans
Malik a déclaré aux médias que la haine envers les musulmans en Australie « persiste, est parfois ignorée et parfois niée », mais qu’elle n’a pas été traitée de façon adéquate. Il a rappelé que l’islamophobie s’est intensifiée depuis les attentats du 11 septembre 2001 (voir dossier : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/12/30/%D9%87%D8%AC%D9%85%D8%A7%D8%AA-11-%D8%B3%D8%A8%D8%AA%D9%85%D8%A8%D8%B1-2001), devenant profondément enracinée.
Depuis le 7 octobre 2023, les chiffres cités par Malik montrent :
- une augmentation d’environ 150 % des incidents islamophobes personnels ;
- une hausse d’environ 250 % des agressions islamophobes en ligne.
Le rapport recommande d’étudier ces tendances pour mieux cerner les dynamiques à l’origine de ces flambées de haine.
Réaction du gouvernement et contexte politique
Le Premier ministre Anthony Albanese a assuré que son gouvernement, issu du centre-gauche, « examinera attentivement » les recommandations. Il a qualifié les attaques motivées par les croyances religieuses d’atteinte aux valeurs fondamentales du pays.
Albanese a insisté : « Nous devons éliminer la haine, la peur et les préjugés qui alimentent l’islamophobie et divisent notre société. Les Australiens doivent se sentir en sécurité dans leur pays. »
Les autorités ont reconnu un net accroissement des actes islamophobes et antisémites depuis le déclenchement du conflit entre Israël et le Hamas. En juillet 2024, Gillian Segal a été nommée envoyée pour combattre l’antisémitisme et a, dans son premier rapport, recommandé de suspendre certains financements universitaires tant que les agressions visant des étudiants juifs ne seraient pas traitées.
Implications pour la société australienne
Le rapport de Malik met en garde contre les conséquences à long terme de l’islamophobie sur la cohésion sociale et sur la confiance dans les institutions démocratiques. Il propose d’examiner si les politiques publiques contribuent, même indirectement, à la stigmatisation d’une communauté.
Le document propose aussi des mesures de prévention et de soutien aux victimes, afin de restaurer la confiance et de réduire les risques d’escalade communautaire.
Données démographiques
Selon le recensement australien de 2021, les musulmans représentent environ 3,2 % de la population. Ces chiffres contextualisent l’ampleur du phénomène et l’importance de réponses adaptées au niveau national.
Pour approfondir la notion d’islamophobie, on peut consulter le dossier thématique correspondant : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2016/4/19/%D8%A7%D9%84%D8%A5%D8%B3%D9%84%D8%A7%D9%85%D9%88%D9%81%D9%88%D8%A8%D9%8A%D8%A7-%D9%85%D8%B9%D8%A7%D9%86%D8%A7%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D9%85%D8%B3%D9%84%D9%85%D9%8A%D9%86-%D9%81%D9%8A
Perspectives et prochaines étapes
Le gouvernement a maintenant entre les mains un ensemble de recommandations détaillées. Les autorités devront décider des enquêtes à ouvrir et des réformes législatives à entreprendre pour répondre aux préoccupations soulevées.
Le rapport de Malik marque une étape importante dans la prise en compte officielle de l’islamophobie en Australie et met en lumière la nécessité d’actions coordonnées pour protéger les libertés religieuses et la cohésion nationale.