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Manaf Tlass appelle à unifier les forces armées en Syrie et propose la création d’un « Conseil militaire syrien » visant l’unification des forces armées et la protection de la transition nationale.
Manaf Tlass propose un Conseil militaire syrien pour l’unification des forces armées
Le général déserteur du régime de l’ex‑président Bachar al‑Assad, Manaf Tlass, a déclaré être en contact avec 10 000 anciens officiers en vue de constituer un « conseil militaire national » dont l’objectif serait d’unifier toutes les forces armées en Syrie sous une seule direction nationale. Lors d’une rencontre organisée par l’Institut des sciences politiques à Paris, il a exposé sa vision d’une armée nouvelle et d’une transition ordonnée.
Tlass a insisté sur le fait que la révolution syrienne ne visait pas à remplacer une personne, mais à « bâtir un État et des institutions réelles » et à éviter le retour à l’ancien système. Il a résumé ce principe par une formule forte :
قدمت سوريا مليون شهيد للدخول في الدولة وبناء المؤسسات وليس لتغيير شخص، وكذلك لعدم العودة للمشهد القديم، والمطلوب من السلطة الحالية من الرئيس [الشرع] الدخول إلى الدولة وليس إلى السلطة السياسية.
Il a appelé à la formation d’un organe militaire capable de réunir, « de forces comme les Forces démocratiques syriennes jusqu’aux factions de Suweïda et du littoral », sous une direction nationale unique. Selon lui, « l’armée nouvelle » doit être « une armée nationale et laïque », et non confessionnelle ou religieuse. Il a précisé que la mission principale de cette armée serait de protéger la phase de transition et d’assurer la sécurité et la justice.
À propos du président désigné Ahmed al‑Shar‘, Tlass a déclaré :
أتمنى طلاس النجاح للرئيس الجديد أحمد الشرع
et il a nuancé son soutien en mettant en garde contre toute concentration du pouvoir :
النجاح الحقيقي يكون ببناء الدولة وليس بالتفرد بالسلطة
Ankara, dissidences et lecture militaire de la chute du régime
Interrogé sur ses relations avec les nouvelles autorités, Manaf Tlass a nié tout contact secret avec le « nouveau régime » et a affirmé que toutes ses actions sont « وطنية وعلنية ». Il a indiqué qu’il se rendra prochainement en Syrie « من أجل العمل ».
À la question « Pourquoi revenir maintenant ? », il a répondu qu’il n’avait pas disparu et qu’après sa défection il avait tenté de préserver l’institution militaire. Il a expliqué avoir séjourné deux ans à Ankara, où il aurait contribué à des défections importantes parmi les officiers du régime, y compris des officiers alaouites. Il a résumé sa responsabilité personnelle ainsi :
مسؤوليتي كانت الحفاظ على الجيش السوري
Tlass a affirmé qu’il n’avait pas réussi à influer sur Bachar al‑Assad ni à le convaincre de permettre un coup d’État de l’intérieur ou d’engager un changement pacifique, estimant que le président « avait peur » de ces évolutions. Sur l’effondrement du régime, il a proposé une lecture axée sur des facteurs externes plutôt qu’un triomphe interne :
Selon lui, le régime restait cohésif en vertu d’accords internationaux, et sa chute résulte d’un « défaut » dans ces accords. Il a désigné la Turquie comme acteur ayant accéléré cet effondrement :
هم من رعى هذا السقوط
Tlass a expliqué que l’État turc a joué un rôle en réaction à la dynamique de séparation croissante dans le nord‑est de la Syrie, ce qui aurait précipité ce qu’il qualifie d’« effondrement », suivi ensuite d’un processus d’appropriation et d’intégration internationale de cette réalité.
Organisation, objectifs et garanties pour la transition
Sur la base de ses annonces, le projet de Manaf Tlass vise trois objectifs principaux : réunir les anciens officiers pour former un conseil militaire national, créer une armée nationale et laïque chargée de garantir la transition, et empêcher le retour à l’ancien paysage politique. Il a insisté sur la nécessité d’un commandement unique pour assurer la sécurité et la justice durant la période intervenue.
Il a répété son rejet de la centralisation du pouvoir au profit d’un seul acteur, en soulignant que le succès pour lui se mesure à la construction d’un État et d’institutions, et non à l’accès personnel au pouvoir. Tlass a ainsi résumé son action comme étant tournée vers « la préservation de l’armée syrienne » et la préparation d’une structure capacitaire pour accompagner la transition.