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Journalistes à Gaza : persévérance face aux menaces israéliennes

by Sara
Palestine, Israël

L’armée israélienne intensifie la destruction de la ville de Gaza et progresse vers les derniers quartiers encore peuplés. Face à cette machine de guerre, les journalistes à Gaza font face à une série de défis : perte de sécurité personnelle, menace constante d’être ciblés, raréfaction de l’information dans les zones sous contrôle militaire et coupures répétées des communications et d’Internet qui entravent leur travail.

Malgré les efforts apparents pour faire disparaître la couverture médiatique et commettre des crimes à l’abri des regards, les journalistes sur le terrain insistent pour rester et poursuivre leur mission d’information.

Menace directe

Le correspondant de la chaîne Al Jazeera, Shadi Shamieh, se tient souvent devant la caméra pour décrire la tragédie des Palestiniens : tueries, bombardements, destructions et déplacements forcés massifs.

Shamieh souligne que la perte du sentiment de sécurité est l’une des principales difficultés pour les journalistes, au même titre que pour tout citoyen palestinien. Même équipés de gilets pare‑balles et de casques qui indiquent leur statut professionnel, ils restent exposés à des risques ciblés malgré les protections prévues par les conventions internationales.

« Nous vivons dans la peur permanente », dit‑il, « nous partons couvrir des événements sans savoir si nous reviendrons. Nous sommes tous dans une vaste zone de ciblage qui a affecté des centaines de journalistes ». Il ajoute que l’attaque des tours et des immeubles résidentiels a détruit des infrastructures de télécommunications, aggravant les difficultés de communication et l’accès à l’information.

Le correspondant Shadi Shamieh à Gaza

Shadi Shamieh insiste : les journalistes resteront à Gaza pour transmettre cette image douloureuse du peuple palestinien et n’évacueront que si leur vie est directement menacée. Selon lui, l’objectif est clair : commettre des crimes sans couverture médiatique, y compris par des assassinats ciblés visant à faire taire la voix des reporters.

Contournement des obstacles

Pour maintenir la présence médiatique, des journalistes de Gaza ont créé des groupes de suivi sur les réseaux sociaux, dédiés à la couverture de chaque localité du secteur. Ces réseaux s’appuient sur les habitants ou les témoins sur place pour contourner les tentatives de disparition de l’information dans les quartiers sous contrôle militaire.

La reporter de la chaîne Al‑Masirah, Duaa Rouqa, affirme que l’armée a visé délibérément les tours de télécommunications au début de son offensive terrestre, cherchant ainsi à commettre des massacres hors de la portée des médias.

Duaa explique qu’elle doit parfois parcourir de longues distances et s’exposer à des lieux dangereux pour capter un signal Internet, et que les coupures brisent parfois la retransmission en direct. L’absence de carburant et la multiplication des frappes rendent les déplacements encore plus périlleux.

La journaliste Duaa Rouqa à Gaza

Elle ajoute que les autorités cherchent, par ces ruptures de communications, à pousser les journalistes à fuir vers le centre et le sud du secteur, laissant des centaines de milliers de personnes exposées à la violence sans personne pour relayer leur situation.

Les témoins risquent leur vie

Le photographe Abdullah Shahwan se déplace sans cesse à l’intérieur de la ville pour documenter les frappes aériennes et les destructions des blocs résidentiels, ce qui l’expose à un danger permanent.

Privé d’une grande partie de son matériel depuis le début du conflit, il continue pourtant à couvrir les événements et à envoyer images et vidéos au monde, parfois après de longues heures à chercher une connexion Internet.

« Il n’y a aucune zone sûre à Gaza », dit Shahwan. « Nous traversons la ville malgré tous les risques. Le seul choix qui nous reste est d’entendre la voix des gens et de continuer, afin de contrer les tentatives d’effacer les images des massacres. »

Le photographe Abdullah Shahwan à Gaza

« Crime composé » et appel à la protection internationale

Mohamed Yassin, directeur du Forum des journalistes palestiniens, qualifie la stratégie visant à faire taire la couverture médiatique de « crime composé » contre la vérité et contre la capacité de la communauté internationale à savoir ce qui se passe.

Il explique que cette politique dépasse le simple ciblage des journalistes : elle inclut la coupure d’Internet et des communications, l’empêchement d’acheminement du matériel, et la création d’un climat de peur et d’insécurité personnelle.

Selon Yassin, ces actions relèvent d’un terrorisme méthodique visant à isoler les journalistes du terrain et les priver des moyens de travail, ce qui entrave la transmission d’une image fidèle des événements et permet à l’occupant de commettre davantage d’abus sans surveillance ni documentation.

Il appelle à une protection internationale urgente pour les journalistes et à la reconnaissance de l’entrave à la couverture médiatique comme une infraction supplémentaire commise contre le peuple palestinien, en rappelant les protections prévues par les lois internationales et la Quatrième Convention de Genève.

Des bilans officiels font état de 248 journalistes tués depuis le début de la guerre sur le territoire de Gaza, plus de 300 blessés et des dizaines d’arrestations. Ces chiffres soulignent l’ampleur des risques auxquels sont confrontés les professionnels des médias alors que la violence persiste depuis 23 mois.

Principaux obstacles rencontrés par les journalistes à Gaza

  • Perte du sentiment de sécurité et ciblage direct des professionnels des médias.
  • Coupures répétées d’Internet et destruction des infrastructures de communication.
  • Manque d’équipements et difficultés logistiques, notamment l’absence de carburant.
  • Obstruction volontaire de l’accès à l’information dans les zones sous contrôle militaire.
  • Climat de peur visant à intimider et dissuader la couverture indépendante.

Le mot d’ordre des journalistes à Gaza reste la continuité de la couverture : documenter, transmettre et témoigner malgré les menaces. Leur mission tient à la fois d’un devoir d’informer et d’une résistance face à toute tentative d’effacer la réalité des violences.

source:https://www.aljazeera.net/media/2025/9/15/%d9%83%d9%8a%d9%81-%d9%8a%d9%88%d8%a7%d8%b5%d9%84-%d8%a7%d9%84%d8%b5%d8%ad%d9%81%d9%8a%d9%88%d9%86-%d8%a7%d9%84%d8%aa%d8%ba%d8%b7%d9%8a%d8%a9-%d9%85%d8%b9-%d8%a7%d8%ad%d8%aa%d9%84%d8%a7%d9%84

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