Igor Grechushkin, désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du navire Rhosus, transportant une cargaison de nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth, a été arrêté en Bulgarie le 5 septembre et placé en détention préventive. L’affaire, qui remonte à l’explosion meurtrière de Beyrouth en août 2020, est portée dans le cadre d’un mandat d’arrêt international diffusé par Interpol à la demande des autorités libanaises. Selon le parquet bulgare et des sources judiciaires, l’homme est arrivé à Sofia en provenance de Paphos (Chypre) et a coopéré après avoir consulté un avocat. Cette arrestation intervient dans un contexte où les victimes et les proches demandent justice et où les enquêtes restent sensibles politiquement au Liban comme dans la région.
Arrestation et cadre juridique
Le parquet bulgare a indiqué que M. Grechushkin a été « placé en détention pour une durée maximale de 40 jours », et que les autorités disposent de 40 jours pour transmettre les éléments nécessaires à son extradition selon la législation en vigueur.
La diffusion du mandat d’arrêt international par Interpol a été effectuée à la demande des autorités judiciaires libanaises, sur la base d’un mandat d’arrêt délivré le 29 septembre 2020, a précisé le parquet dans un communiqué publié mardi.
En parallèle, les agents de la police des frontières ont décrit l’interpellation comme réalisée sans résistance et avec une coopération complète après décision d’un avocat, « Il n’a opposé aucune résistance. Il a longtemps insisté pour parler à un avocat et, après en avoir consulté, il a pleinement coopéré », a déclaré Zdravko Samuilov, chef de la police aux frontières de l’aéroport de Sofia.
Le navire Rhosus, immobilisé après des poursuites contre son propriétaire, avait coulé dans le port de Beyrouth en 2018.
Contexte et implications pour Beyrouth
La déflagration, l’une des plus grandes explosions non nucléaires de l’Histoire, avait été provoquée par un incendie dans un entrepôt où était stocké sans précaution le nitrate d’ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.
Au Liban, les familles des victimes réclament toujours justice; le juge indépendant Tarek Bitar avait repris l’enquête après l’avoir dû interrompre en janvier 2023, avant d’être poursuivi pour insubordination, ce qui illustre les obstacles persistants à la vérité judiciaire.
Selon Interpol, « une notice rouge est une demande aux forces de l’ordre du monde entier de localiser et d’arrêter provisoirement une personne dans l’attente de son extradition » ou « d’une action en justice ». Cette arrestation est présentée comme une étape dans la coordination internationale entre Beyrouth et Sofia dans une affaire qui demeure politiquement sensible au Liban.