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Argentine, Javier Milei, crise économique, peso, marché financier : confronté à une forte nervosité des marchés, le président Javier Milei a reconnu vendredi une passe délicate pour son gouvernement, dénonçant une « panique politique » selon lui à l’origine de la pression sur le peso et de la hausse du risque pays.
Argentine : Javier Milei face à la pression sur le peso et le marché financier
Dans un discours prononcé à la Bourse du Commerce de Córdoba (nord), Javier Milei a pointé du doigt « un comportement destructeur » de l’opposition péroniste (centre‑gauche), accusée de lui mettre « des bâtons dans les roues ». Selon le chef de l’État ultralibéral, cette « panique politique » « s’empare du marché et génère une énorme désorganisation en termes de risque pays », alors même que, d’après lui, l’Argentine est « un des rares pays au monde sans déficit budgétaire ».
La banque centrale a dû intervenir cette semaine pour la première fois depuis cinq mois, après la levée partielle du contrôle des changes en avril, pour défendre le peso. La monnaie a dévissé ces derniers jours et débordé de la fourchette de flottement fixée par le gouvernement : elle a clôturé vendredi à 1 515 pesos argentins pour un dollar.
La dépréciation cumulée depuis le début septembre dépasse 12 %. La banque centrale a indiqué vendredi être de nouveau intervenue sur les marchés, vendant 678 millions de dollars de réserves pour soutenir la monnaie, soit environ 623 760 000 €.
Perte électorale et réactions gouvernementales
Javier Milei traverse actuellement la phase la plus épineuse de sa présidence, commencée en décembre 2023, après un revers le 7 septembre lors d’un scrutin régional crucial dans la province de Buenos Aires, perçu comme un test avant les législatives de mi‑mandat du 26 octobre. L’exécutif, sans majorité parlementaire, a également essuyé plusieurs camouflets au Parlement.
Le Parlement a annulé ces derniers mois plusieurs véto présidentiels portant sur des augmentations de financements, notamment pour le handicap, l’université et un hôpital pédiatrique. Face à ce contexte, le gouvernement mise sur les législatives d’octobre pour élargir sa base parlementaire.
Dans le sillage de son revers, Milei a adopté un ton moins radical et a promis, dans le budget 2026 présenté lundi, des hausses supérieures à l’inflation pour les retraites, l’éducation et la santé, secteurs qu’il reconnaît avoir sévèrement défondés durant les 21 premiers mois de son mandat.
« Le pire est passé » concernant l’austérité budgétaire, a‑t‑il assuré en présentant son budget lundi. « L’effort que nous venons de fournir durant ces quelque 20 mois en vaut la peine, il faut continuer. »
Inflation, récession et trajectoire économique
Milei a reconnu la volatilité du taux de change en imputant la situation « au comportement destructeur du +parti de l’Etat+ (terme par lequel il désigne l’opposition péroniste, ndlr) ». Il a cependant insisté sur les progrès accomplis en matière d’inflation : « l’inflation se maintient autour de 1,5 à 2% » par mois, et il a rappelé qu’elle était tombée de plus de 200 % en glissement annuel fin 2023 à 33,6 % actuellement.
Ces résultats ont été obtenus au prix d’une austérité budgétaire drastique et d’une réduction des dépenses publiques, qualifiée par le président de « Le plus grand ajustement (budgétaire) de l’histoire de l’humanité ». La rigueur a entraîné une récession : l’économie s’est contractée de 1,8 % en 2024, une situation dont l’Argentine peine à sortir.
Interrogé sur une autre voie possible, il a demandé : « Quelle est l’alternative? Dépenser pour générer de l’hyperinflation? » Il a aussi annoncé que les prochains mois verraient des réformes fiscales, du travail et « beaucoup de dérèglementation économique ».
Le gouvernement table sur une reprise solide, affichant des prévisions de croissance « un peu supérieure à 5 % » pour 2025 puis 5 % pour 2026.