À Lingfield, à environ 13 km de Gatwick, les habitants dénoncent un bouleversement de leur quotidien lié au projet d’extension : Gatwick, deuxième piste, bruit, infrastructure, impact environnemental affectent leur sommeil, leur santé mentale et la valeur de leurs logements.
« Quand un avion passe au-dessus de ma maison dans le village de Lingfield, tout s’arrête. » Résidente de ce village du Surrey, Liz Lockwood décrit l’impact quotidien du survol : conversations impossibles dans le jardin, télévision inaudible à l’intérieur, réveils nocturnes à chaque passage de groupes d’appareils. Cet été, elle a constaté une dégradation de sa santé mentale liée au manque de sommeil.
Lingfield compte environ 3 000 habitants et se situe à une distance qui, jusqu’à présent, maintenait un équilibre « acceptable » entre les bénéfices économiques de l’aéroport et la qualité de vie locale. Pour Mme Lockwood, cet équilibre est désormais menacé par les plans d’ouverture d’une seconde piste et les changements de trajectoires aériens intervenus en 2014.
À Lingfield : Gatwick, deuxième piste, bruit, infrastructure, impact environnemental et le quotidien des riverains
Mme Lockwood explique qu’elle avait choisi sa maison précisément pour ne pas être sous la trajectoire aérienne. « I bought my last house specifically to not be under the Gatwick flight path. » Malgré les alertes sur d’éventuelles modifications, elle pensait que le gouvernement refuserait l’agrandissement ; la récente approbation des plans par la secrétaire aux Transports a changé la donne.
Les mesures proposées par Gatwick pour atténuer les nuisances comprennent la fourniture de triple vitrage aux logements impactés et la prise en charge, pour ceux qui le souhaitent, des droits de timbre et de frais de déménagement raisonnables, plus des frais d’agent immobilier allant jusqu’à 1 % du prix d’achat. Pour la riveraine, cela reste insuffisant : « I’m not sure what difference that will make because the noise doesn’t just come through the windows – it comes through your roof, it comes down your chimney. I don’t feel listened to. »
La question du pouvoir d’achat et de la retraite est cruciale pour Mme Lockwood. Elle a investi l’héritage dont elle disposait dans cette maison trois pièces, qu’elle envisageait de vendre pour financer ses besoins de soins. Elle craint désormais que le bien soit « quasiment invendable » pendant au moins cinq ans, le temps que la seconde piste entre en service et que l’on mesure pleinement la nuisance sonore et l’embouteillage résultant.
Sur l’infrastructure de transport, le constat est net : les trains locaux sont déjà au maximum de leur capacité. Mme Lockwood cite des annulations fréquentes, des rames bondées et un Gatwick Express « peu fiable ». L’aéroport promet des solutions de transport en commun pour acheminer les passagers supplémentaires, mais la résidente estime que les réseaux ferroviaires et routiers de la zone ne peuvent supporter une augmentation significative du trafic.
Outre les voyageurs, une deuxième piste signifie plus de personnel, plus de livraisons et donc plus de véhicules sur des routes déjà congestionnées. Mme Lockwood évoque des trajets locaux qui peuvent passer de quelques minutes à vingt minutes pour quelques centaines de mètres en cas de problème sur l’autoroute : « My concern is that we’ll get wear and tear on the roads, which the local authorities will pay for, and it’s me, the council taxpayer, that pays the local authorities. »
Sur le plan personnel et politique, la décision laisse la résidente amère. Après trente ans dans l’enseignement, en particulier auprès d’élèves défavorisés et d’enfants ayant des handicaps, elle se dit « déçue et désillusionnée » par un gouvernement qui, selon elle, n’a pas suffisamment pris en compte les enjeux sociaux et environnementaux dans le sud‑est.
Elle participe au collectif Communities Against Gatwick Noise Emissions (CAGNE), qui s’appuie sur des études et des experts pour contester certaines décisions. Les conseillers juridiques du groupe estiment qu’un recours judiciaire contre la décision du gouvernement est « valide et mérite d’être poursuivi ».
« I don’t want to stop people from flying and it’s great that people are taking holidays. But I share CAGNE’s view that Gatwick and the government haven’t gone far enough in considering environmental and social issues for people in the south east. »
Jusqu’à ce que la situation évolue, Mme Lockwood se sent contrainte de subir les conséquences d’une décision qui, selon elle, fera basculer l’équilibre déjà fragile entre l’aéroport et les communautés riveraines.
Raconté à Rosy Edwards.