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Le président des États-Unis, Donald Trump, a déclaré qu’il n’autoriserait pas Israël à procéder à l’annexion de la Cisjordanie occupée, une prise de position qui le place en net désaccord avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et des responsables de son gouvernement ultranationaliste favorables à l’annexion.
Interrogé jeudi par des journalistes, avant l’arrivée de Netanyahu à New York pour l’Assemblée générale de l’ONU, Trump a affirmé : « Je n’autoriserai pas Israël à annexer la Cisjordanie. Non. Je n’autoriserai pas. Ça n’arrivera pas. »
Le président américain n’a pas précisé quelles mesures il entendrait prendre pour empêcher une annexion, alimentant les interrogations sur la durabilité de sa décision face aux pressions politiques et stratégiques.
Réactions et doutes sur l’engagement américain
Les déclarations de Trump ont été accueillies avec prudence par des analystes, qui soulignent le caractère parfois changeant de ses positions sur la scène internationale.
Mouin Rabbani, analyste et chercheur associé non résident au Center for Conflict and Humanitarian Studies à Doha, a qualifié la déclaration de « développement positif », tout en s’interrogeant sur la suite : Trump « va-t-il assurer que l’Israël n’annexe pas la Cisjordanie, et si elle le fait, que fera-t-il ? »
Mohamad Elmasry, professeur à la Doha Institute for Graduate Studies, a rappelé que l’administration américaine a parfois semblé critiquer Israël sans ensuite l’empêcher d’agir, citant l’exemple des déclarations de Joe Biden concernant Rafah en 2024.
Ces réserves nourrissent le scepticisme autour de l’affirmation présidentielle et soulèvent la question de la mise en œuvre concrète face aux alliés israéliens.
Pressions politiques en Israël et projet d’annexion
Les commentaires de Trump risquent d’opposer son administration au gouvernement de droite de Netanyahu, où des responsables et partis d’extrême droite font de l’annexion de la Cisjordanie un objectif politique affiché.
En juillet, la Knesset a adopté à une large majorité une motion non contraignante appelant à l’annexion de la Cisjordanie, portée notamment par le ministre des Finances Bezalel Smotrich, résident d’une implantation illégale en Cisjordanie occupée.
Smotrich a dévoilé un projet d’expansion massive d’un établissement controversé — le plan E1 — susceptible, selon lui, d’enterrer définitivement la perspective d’un État palestinien en morcelant le territoire.
- Vote symbolique à la Knesset : https://www.aljazeera.com/news/2025/7/23/israeli-parliament-approves-symbolic-motion-on-west-bank-annexation
- Plan d’expansion (E1) : https://www.aljazeera.com/news/2025/8/21/israel-settlement-plan-threatens-viability-of-future-palestinian-state
Certains membres de la coalition de Netanyahu ont menacé de renverser le gouvernement si des concessions étaient accordées pour mettre fin à la guerre contre Gaza, renforçant le poids de la frange la plus radicale du pouvoir.
Cadre légal international et contrôle de facto
Sur le plan juridique, la Cour internationale de Justice (CIJ) a statué en juillet 2024 que les colonies israéliennes en Cisjordanie sont illégales et doivent être démantelées, appelant au retour des terres aux Palestiniens.
Malgré cette décision et les condamnations internationales, Israël exerce depuis 1967 un contrôle de fait sur une grande partie de la Cisjordanie, via un réseau d’implantations, de routes et d’infrastructures administrées par l’État et l’armée.
La réponse américaine pourrait ainsi avoir des répercussions majeures : un revirement net de Washington risquerait de déclencher une crise politique interne en Israël, en particulier au sein des partis d’extrême droite de la coalition.
- Décision de la CIJ (juillet 2024) : https://www.aljazeera.com/news/2024/7/19/world-court-says-israels-settlement-policies-breach-international-law
Gaza, diplomatie régionale et perspectives
En évoquant brièvement Gaza, Trump a qualifié la situation de « vraiment mauvaise, très mauvaise », tout en affirmant que des « négociations très, vraiment bonnes » avaient eu lieu avec des dirigeants arabes et avec Netanyahu.
Il a indiqué que, malgré la gravité de la crise, un accord de paix pourrait être conclu « bientôt », sans pour autant donner de détails sur les garanties ou les mécanismes envisagés pour empêcher une annexion de la Cisjordanie.
Plusieurs rencontres ont eu lieu en marge de l’Assemblée générale de l’ONU entre Trump et des dirigeants arabes — dont ceux d’Arabie saoudite, du Qatar, des Émirats, d’Égypte, de Jordanie, de Turquie, d’Indonésie et du Pakistan — pour évoquer une cessation des hostilités et des pistes de sortie de crise.
- Référence aux remarques sur Rafah en 2024 : https://www.aljazeera.com/news/2024/3/10/biden-makes-contradictory-remarks-on-red-lines-for-israel-in-gaza
- Articles liés et analyses : https://www.aljazeera.com/news/2025/8/28/israels-smotrich-calls-for-phased-gaza-annexation-if-hamas-does-not-disarm
- Reconnaissance de la Palestine par certains pays : https://www.aljazeera.com/features/2025/9/21/israel-bristles-as-uk-leads-western-recognition-of-palestine
- Rapports sur la stratégie d’Israël dans les territoires : https://www.aljazeera.com/news/2025/9/23/israel-seeks-permanent-gaza-control-jewish-majority-in-west-bank-un