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Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que ses entretiens avec le président américain Donald Trump à la Maison-Blanche ont abouti à un « progrès concret » sur plusieurs dossiers régionaux et bilatéraux, lors de leur première rencontre en six ans, marquant un tournant dans les relations Turquie États-Unis.
Accords commerciaux et ambition d’augmenter le commerce bilatéral
Erdogan a indiqué avoir évoqué avec Trump des mesures pour renforcer la coopération dans les domaines de la défense et du commerce. Il a notamment cité la volonté de « réexaminer les droits de douane » pour atteindre un objectif commun : porter le volume des échanges bilatéraux à 100 milliards de dollars, soit environ 93 milliards d’euros.
Après la réunion, Erdogan a déclaré qu’il repartait « satisfait ». Le lendemain, le bureau du président turc a ajouté : « Il est impossible, bien sûr, de régler toutes les questions en une seule réunion. Néanmoins, cette réunion a vu l’enregistrement de progrès concrets sur de nombreux dossiers. »
Parmi les annonces concrètes, la compagnie Turkish Airlines a dévoilé qu’elle envisageait de commander 75 appareils Boeing 787 et de conclure des négociations concernant 150 avions 737 MAX, sous réserve de discussions supplémentaires sur les moteurs.
F-35, sanctions et achats militaires : point d’incertitude
Les questions militaires figuraient au cœur des échanges. Avant et après la rencontre, Trump a laissé entendre qu’il pourrait lever les sanctions imposées en 2020 en raison de l’achat par Ankara du système de défense russe S-400. Ces sanctions avaient conduit à l’exclusion de la Turquie du programme des avions de chasse F-35, dont elle était partenaire et fournisseur de composants.
La Turquie cherche depuis à diversifier ses approvisionnements en aéronefs, en développant des avions de combat nationaux et en explorant des alternatives comme le Eurofighter Typhoon. Les déclarations d’Erdogan ne faisaient toutefois aucune mention explicite d’un retour au programme F-35 ni d’une levée définitive des sanctions.
Donald Trump a également exprimé son souhait que la Turquie, membre de l’OTAN, accepte d’arrêter ses achats de pétrole russe. Ankara a, ces dernières années, diversifié ses sources d’énergie mais s’est opposée aux sanctions occidentales contre la Russie en lien avec son opération militaire en Ukraine, affirmant devoir équilibrer ses relations avec Moscou et Kiev.
Négociations sur Gaza et position turque
Les dirigeants ont aussi discuté longuement du conflit à Gaza. Erdogan a indiqué avoir « mené des discussions approfondies » avec Trump sur la guerre menée par Israël à Gaza et sur les efforts de paix. Il a ajouté qu’ils avaient « abouti à un entendement » sur des façons d’œuvrer pour un cessez-le-feu et pour une paix durable dans la bande de Gaza et les territoires palestiniens.
Le président turc a souligné qu’il avait rappelé à Trump la nécessité d’une solution à deux États au Moyen-Orient pour assurer la paix dans la région.
Réactions et implications immédiates
Le Kremlin a commenté les entretiens en affirmant, vendredi, que la coopération entre la Russie et la Turquie se poursuivrait, réagissant ainsi aux discussions évoquées entre Washington et Ankara. Aucune annonce officielle n’a pour l’instant modifié les positions russes ou turques de façon formelle.
Sur le plan commercial, la perspective d’une hausse substantielle des contrats de Défense et d’aviation entre la Turquie et les États-Unis reflète une volonté des deux pays de tirer parti des relations personnelles entre Erdogan et Trump, après des années d’échanges plus distants avec l’administration Biden.
Prochaines étapes évoquées par Ankara
Le bureau présidentiel turc a précisé que de nouvelles discussions seraient nécessaires pour finaliser plusieurs dossiers, notamment les aspects techniques liés aux commandes d’avions et les questions liées aux moteurs pour les 737 MAX. Les responsables turcs et américains ont convenu de maintenir le dialogue sur les sanctions, les achats d’armement et les initiatives de paix au Proche-Orient.
Les déclarations publiques restent prudentes : plusieurs enjeux majeurs — levée des sanctions, participation au programme F-35, et décisions énergétiques — demeurent ouverts et dépendront des prochains rounds de négociation entre Ankara et Washington.