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Un expert militaire israélien à la retraite exhorte le gouvernement d’Israël à présenter des excuses publiques au Qatar après l’attaque qui a visé la résidence du délégué négociateur du mouvement de résistance islamique à Doha. Selon lui, négliger cette exigence porterait atteinte aux intérêts stratégiques d’Israël et compromettrait les négociations visant à la libération des otages à Gaza. L’affaire s’inscrit dans un contexte où la relation Israël‑Qatar et la médiation qatarie jouent un rôle central dans les pourparlers.
L’appel de Doron Hedar
Le colonel à la retraite Doron Hedar, ancien commandant de l’unité de gestion des crises de l’armée israélienne, a exposé sa position dans un article publié par le quotidien Yedioth Ahronoth. Il a souligné que « le Qatar, que cela nous plaise ou non, est un acteur des négociations sur les otages », en raison de ses liens avec le mouvement Hamas et de ses contacts avec les États‑Unis.
Hedar propose qu’Israël « tourne la page » en diffusant un communiqué exprimant des regrets pour les dommages causés au Qatar — et non pour Hamas — afin de permettre un retour rapide aux pourparlers. Selon lui, les otages « n’ont pas de temps à perdre dans les tunnels ».
Détails de l’attaque du 9 septembre
Le 9 septembre, une frappe aérienne israélienne visant des responsables présumés n’a pas atteint sa cible principale, mais a provoqué la mort de plusieurs personnes. Cinq accompagnateurs et cadres ont été tués, ainsi qu’un membre des forces de sécurité intérieure qataries.
Cette opération a entraîné une crise diplomatique entre Doha et Tel‑Aviv, Doha exigeant des clarifications et une réaction qui, selon Hedar, nécessite une réponse politique plus que militaire.
Précédents diplomatiques instructifs
Pour convaincre l’opinion israélienne de l’utilité d’un acte public de contrition, Hedar rappelle plusieurs incidents passés où Israël a dû, malgré ses réticences initiales, présenter des excuses publiques.
- En septembre 1997, une tentative d’assassinat attribuée au service de renseignement israélien Mossad contre le chef politique du Hamas, Khaled Meshaal, à Amman a échoué. L’incident a débouché sur une crise diplomatique avec la Jordanie et a contraint Israël à fournir un antidote et à accepter certaines exigences du roi Hussein, y compris la libération de l’émir fondateur du Hamas, Ahmed Yassin.
- En mai 2010, l’attaque contre la flottille, notamment la « Mavi Marmara », a causé la mort de neuf militants turcs et déclenché une grave crise avec la Turquie. Israël a longuement refusé de s’excuser puis a fini par présenter des excuses en 2013 sous pression diplomatique américaine.
- En septembre 2018, la chute d’un avion de transport militaire russe lors d’une opération en Syrie a provoqué la colère de Moscou. Le président Vladimir Poutine a réclamé des excuses publiques et des garanties, conduisant Tel‑Aviv à envoyer une délégation militaire pour apaiser la crise et établir de nouveaux arrangements avec la Russie (Russie).
Le rôle stratégique du Qatar
Hedar insiste sur le rôle central du Qatar comme canal de négociation, lié à la fois à ses contacts avec le Hamas et à ses rapports avec les États‑Unis (États‑Unis). Doha a exigé des excuses publiques et menacé de suspendre son rôle facilitateur si ses demandes n’étaient pas satisfaites.
Pour Hedar, ignorer cette demande reviendrait à perdre une voie vitale d’influence sur Hamas et un interlocuteur important auprès de Washington, au moment où la médiation est indispensable pour obtenir la libération des otages.
Pourquoi un pardon officiel est, selon lui, nécessaire
L’expert avance que les États se trouvent parfois face à un choix: préserver une posture de sécurité stricte ou reconnaître publiquement des erreurs ayant provoqué des dommages diplomatiques. Il affirme que l’excuse d’État peut être partielle ou totale mais vise surtout à maintenir des canaux politiques ouverts.
Hedar ajoute que les opérations militaires doivent être accompagnées d’une campagne diplomatique pour limiter les dégâts et que toute victime involontaire appartenant à un pays tiers « mérite des excuses sincères ». La diplomatie, selon lui, est aussi essentielle que les actions militaires pour protéger les intérêts d’Israël sur le long terme.
Conséquences possibles pour les négociations
L’auteur met en garde: si Tel‑Aviv refuse de répondre aux demandes qataries, les négociations sur le retour des otages risquent de patiner. Il souligne que les otages retenus à Gaza « n’ont pas le luxe d’attendre » et que toute perte de confiance avec Doha ralentirait les efforts de médiation.
Pour Hedar, présenter des regrets publics, même à contrecœur, est une mesure pragmatique destinée à relancer le processus de négociation et à préserver une voie de communication indispensable.
Points clés
- Un colonel israélien à la retraite demande des excuses publiques à Doha après l’attaque du 9 septembre.
- L’attaque n’a pas atteint ses cibles principales, mais a fait six morts, dont un agent qatarien.
- Hedar cite des précédents (1997, 2010, 2018) montrant que des excuses étatiques ont parfois été nécessaires pour restaurer des relations.
- Le Qatar joue un rôle central dans la médiation avec le Hamas et les États‑Unis; le laisser de côté pourrait compromettre la libération des otages.
- Selon l’expert, une action militaire doit être complétée par une réponse diplomatique pour protéger les intérêts stratégiques d’Israël.