Table of Contents
Le président des États-Unis, Donald Trump, reçoit pour la quatrième fois cette année le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à la Maison Blanche, au moment où circule un plan détaillé pour l’après-guerre à Gaza. Ce projet, présenté comme une feuille de route en 21 points, vise à établir la gouvernance d’une bande de Gaza dévastée après près de deux ans de conflit intense, et pourrait mettre à l’épreuve la relation étroite entre Washington et Jérusalem.
Rencontre à la Maison Blanche et déclarations
Avant leur entretien, M. Trump a promis sur sa plateforme Truth Social « GREATNESS IN THE MIDDLE EAST » et a affirmé vouloir « quelque chose de spécial ». Il a multiplié récemment les déclarations selon lesquelles il est temps que la guerre prenne fin.
De son côté, Benjamin Netanyahou a déclaré à Fox News qu’Israël travaillait avec Washington pour « faire aboutir » le plan.
Principales dispositions du plan en 21 points
Le document, présenté la semaine dernière en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, comporte plusieurs mesures majeures destinées à encadrer la période d’après-guerre. Parmi les points les plus saillants :
- Hamas doit libérer les 48 otages restants à Gaza dans un délai de deux jours ; environ 20 d’entre eux seraient encore vivants selon des rapports israéliens et occidentaux.
- Les combattants du Hamas pourraient quitter Gaza ou se voir offrir l’amnistie s’ils renoncent à la résistance.
- Un acheminement significatif d’aide humanitaire serait autorisé vers l’enclave frappée par la famine.
- Certains détenus palestiniens seraient libérés des prisons militaires israéliennes, et un retrait progressif des forces israéliennes serait prévu.
Le plan évoque aussi la possibilité d’un avenir où un État palestinien pourrait être envisagé, et il affirme qu’il ne prévoit pas l’expulsion forcée des Palestiniens de Gaza, en laissant une option de retour pour ceux qui choisiraient de partir.
Réponse et conditions du Hamas
Hamas a indiqué ne pas avoir reçu de nouvelle proposition des médiateurs égyptien et qatari, qui auraient pourtant transmis l’offre de Trump.
Le mouvement palestinien a toutefois déclaré qu’il examinerait une nouvelle offre pour mettre fin au conflit. Son aile armée, les Brigades al-Qassam, a averti que les contacts avaient été perdus avec des équipes détenant deux captifs israéliens à Gaza-Est, alors que l’offensive terrestre et les bombardements aériens s’intensifient et provoquent quotidiennement de lourdes pertes civiles.
Le dilemme de Netanyahou et les pressions intérieures
Accepter le plan placerait Netanyahou dans une posture délicate vis-à-vis de sa coalition, car plusieurs éléments vont à l’encontre des positions de son gouvernement d’extrême droite.
Des ministres influents, comme le ministre des Finances Bezalel Smotrich et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, prônent une ligne dure :
- ils souhaitent détruire ce qui reste de Gaza et encourager une « migration volontaire » sans retour ;
- ils ont soutenu la coupure d’approvisionnements de base — nourriture, eau et médicaments —, conduisant à une situation proche de la famine ;
- ils envisagent la reconstruction de colonies israéliennes à l’intérieur de Gaza après sa prise de contrôle et l’annexion éventuelle de la Cisjordanie occupée.
Ces figures, liées à des implantations illégales et sanctionnées par plusieurs gouvernements occidentaux, ont critiqué le plan de Trump malgré leur admiration affichée pour le président américain.
Netanyahou doit aussi composer avec une majorité fragile : son gouvernement minoritaire ne dispose que de 60 sièges sur 120 à la Knesset, et le retrait potentiel des partis d’extrême droite ou ultra-orthodoxes pourrait provoquer sa chute.
Pourtant, la dépendance de Netanyahou au soutien inconditionnel de la Maison Blanche pourrait le pousser à accepter des concessions pour préserver l’appui diplomatique américain.
Organisation proposée pour gouverner Gaza après la guerre
Le plan, élaboré en collaboration avec Israël et une organisation liée à Tony Blair, prévoit la création d’une entité transitoire appelée Gaza International Transitional Authority (GITA).
Les grandes lignes de la structure indiquent :
- un conseil international de direction composé de diplomates et de personnalités économiques de renom, avec la présence supposée de membres musulmans pour légitimer l’instance ;
- un secrétariat exécutif et cinq commissaires chargés respectivement des affaires humanitaires, de la reconstruction, de la législation, de la supervision de la sécurité et de la coordination avec l’Autorité palestinienne ;
- une autorité technocratique palestinienne, nommée par le conseil, responsable de la mise en œuvre locale ;
- une force internationale de stabilisation contrôlant les points de passage, la côte et les « zones périmétriques » près des frontières avec Israël et l’Égypte.
Le plan évoque la possibilité de confier un rôle de premier plan à Tony Blair, proposition qui suscite des controverses compte tenu de son passé politique et de son implication lors de l’invasion de l’Irak en 2003.
Parallèlement, Israël a clairement indiqué qu’il conserverait un « contrôle sécuritaire » sur l’enclave.
Financement et mise en œuvre
Le budget de gestion prévu pour GITA s’élèverait à 90 millions de dollars la première année, puis à 133,5 millions et 164 millions respectivement les deux années suivantes.
Ces montants excluent les coûts majeurs liés à la reconstruction et à l’aide humanitaire, qui seront cruciaux pour répondre à l’urgence dans une zone largement détruite par les combats et la crise alimentaire.
Même si les acteurs clés acceptaient le plan, sa mise en œuvre nécessiterait du temps et un mandat international solide, notamment un soutien des Nations unies, pour assurer stabilité et réhabilitation sur le terrain.
Enjeux immédiats
Plusieurs défis freinent déjà l’application du projet :
- le refus potentiel de certaines factions israéliennes et de dirigeants de l’extrême droite de renoncer à des objectifs d’annexion ;
- les conditions posées par le Hamas pour accepter un cessez-le-feu, incluant la libération des otages et la cessation des attaques sur la population civile ;
- l’ampleur de la catastrophe humanitaire à Gaza, où l’accès à l’aide reste limité malgré les promesses de facilitation.
La dynamique entre Washington et Jérusalem, ainsi que la capacité des médiateurs régionaux à convaincre les parties, seront déterminantes pour savoir si ce plan pourra réellement conduire à la fin de la guerre à Gaza.