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Le journaliste Luc Bronner, correspondant du journal Le Monde à Jérusalem, a pénétré dans la ville de Gaza à bord d’un convoi militaire israélien lors d’une visite exceptionnelle de trois heures. Cette incursion, rare depuis près de deux ans de blocus et d’interdiction d’accès aux journalistes étrangers, a permis d’observer l’ampleur du désastre causé par les frappes et les opérations de déblaiement.
Visite exceptionnelle et images de désolation
Le convoi a circulé dans des quartiers quasiment rasés, où les rues sont vides et les immeubles à moitié effondrés. Les appartements abandonnés témoignent d’un départ précipité : jouets d’enfants au sol, vêtements éparpillés, effets personnels laissés derrière.
Une photographie prise au moment de l’effondrement d’un immeuble au centre-ville illustre la densité des nuages de fumée et de poussière après une frappe aérienne. L’image montre un paysage urbain transformé en champ de ruines.
Selon le reporter, la zone visitée s’apparente à une « ville fantôme » s’étendant de la frontière orientale avec Israël jusqu’à la mer Méditerranée, où presque rien n’a survécu intact.
Politique de la « terre brûlée » selon les observations
Les chiffres relayés par le journaliste et par des agences internationales pointent vers une destruction généralisée qui ressemble à une stratégie de « terre brûlée ». Les forces israéliennes ont combiné frappes aériennes, tirs d’artillerie et activités de bulldozers militaires, entraînant la disparition d’anciens quartiers entiers.
Les opérations de déblaiement ont aggravé l’effacement de l’espace urbain, effaçant des rues et des quartiers entiers de la carte, selon les observations directes du convoi.
- 78 % des bâtiments détruits ou endommagés.
- 88 % des établissements commerciaux touchés.
- 77 % des routes détruites ou rendues impraticables.
- Plus de 61 millions de tonnes de décombres, dont 15 % contaminés par des substances toxiques.
Une crise humanitaire aiguë
La situation humanitaire est désastreuse : plus d’1,5 million de personnes ont besoin d’un abri d’urgence, avec des pénuries sévères de nourriture et une quasi-disparition des services médicaux. Des organisations telles que le Comité international de la Croix-Rouge et Médecins Sans Frontières ont été contraintes de suspendre certaines opérations en raison de l’intensité des bombardements.
La population civile a massivement été déplacée vers le sud du territoire sous la menace ou la contrainte, laissant derrière elle des logements intacts mais vides. Ce phénomène reflète un déplacement quasi systématique et rapide des habitants.
Évolution des modes de combat
Sur le plan militaire, le caractère des affrontements a changé. D’après le reportage, la résistance n’opère plus principalement à découvert : elle utilise désormais des tactiques de guérilla, des opérations de sniper, des engins explosifs improvisés et des embuscades dans des bâtiments détruits.
Les forces israéliennes ont présenté, au cours de la visite, un tunnel d’environ un kilomètre qu’elles affirment avoir découvert sous un hôpital de campagne. Elles soutiennent que ce tunnel servait à fabriquer des roquettes et justifient la poursuite des opérations comme visant à éradiquer une « infrastructure terroriste ». Le journaliste note cependant que la nature du combat s’est adaptée à un environnement urbain fragmenté.
Un territoire devenu invivable
Le bilan humain et environnemental est accablant. Des estimations d’organismes internationaux et d’ONG font état de plus de 66 000 Palestiniens tués et 170 000 blessés, la majorité étant des civils et des enfants. Ces chiffres ont été reconnus comme crédibles par plusieurs experts et officiels.
Le paysage naturel a lui aussi été ravagé : près de 97 % des cultures ont disparu depuis 2023 et le cheptel a été presque intégralement détruit. L’effondrement des infrastructures d’assainissement et la pollution des nappes phréatiques risquent de rendre la région inhabitable pendant de longues années, même si un cessez-le-feu était conclu.
- Morts et blessés principalement civils et enfants.
- Effondrement des réseaux d’assainissement.
- Contamination de l’eau et menace pour la santé publique sur le long terme.
Le Programme des Nations unies pour l’environnement a averti que l’impact écologique du conflit pourrait compromettre la santé publique à plusieurs générations.
Pour conclure son reportage, Luc Bronner décrit Gaza après la guerre comme « un endroit qui ne se prête plus à la vie, une ville fantôme détruite dans sa structure, vidée de ses habitants et menacée dans son environnement et sa santé publique, ce qui signifie que le territoire tel qu’il était n’existe plus ».