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Benjamin Netanyahou a salué avec enthousiasme l’annonce imminente de la vente de TikTok aux États-Unis à des investisseurs proches d’Israël, qualifiant l’opération de « bataille » sur le terrain des réseaux sociaux. Cette prise de position a déclenché un vif débat public outre-Atlantique, en particulier parmi les jeunes Américains.
Contexte politique et calendrier de la transaction
La vente intervient après des années de tensions entre TikTok et les autorités américaines. En avril 2024, la Chambre des représentants avait adopté un projet de loi prévoyant l’interdiction de l’application si sa maison mère chinoise, ByteDance, ne cédait pas sa part aux entités américaines dans un délai d’un an.
En septembre 2025, le président Donald Trump a signé un décret exécutif visant à transférer la propriété de TikTok aux États-Unis, évaluant la valeur du dossier à environ 14 milliards de dollars.
Selon les médias, un consortium formé notamment d’Oracle, de MGX et de Silver Lake devrait détenir 45 % du nouvel ensemble « TikTok America », tandis que ByteDance conserverait moins de 20 %, le reste revenant à d’autres investisseurs actuels et nouveaux.
- Objectif américain affiché : réduire l’influence chinoise sur la plateforme.
- Conséquence pratique : ByteDance ne disposerait plus d’une part suffisante pour conserver un contrôle effectif.
Pourquoi l’algorithme est au cœur du débat
Au-delà des données et de la propriété, c’est l’algorithme de recommandation de TikTok qui inquiète. Cet algorithme repose sur des « signaux d’intérêt » et non sur le seul « graphe social », ce qui le rend capable de déceler et d’amplifier très rapidement des centres d’intérêt chez des utilisateurs.
Le mécanisme fonctionne ainsi :
- Un nouveau clip est d’abord montré à un petit échantillon d’utilisateurs susceptibles d’être intéressés.
- Si la réaction est positive (visionnage complet, likes, partages), la vidéo est poussée vers des publics plus larges.
- Le processus se répète et peut générer une diffusion virale en quelques itérations.
Cette logique a créé une « amplification » qui a favorisé certains récits et mobilisations, suscitant des inquiétudes sur la maîtrise de l’information et l’orientation de l’opinion publique.
La visibilité du récit palestinien sur TikTok
Depuis le début des opérations militaires à Gaza, TikTok s’est transformé en une plateforme majeure où circulent images et témoignages en temps réel. Les contenus montrant la souffrance des civils palestiniens ont connu une large diffusion, particulièrement auprès des jeunes.
Analyses et enquêtes universitaires ont relevé :
- Un volume de publications pro-Palestine nettement supérieur à celui en faveur d’Israël sur la période étudiée.
- Un engagement et des vues beaucoup plus élevés pour les clips favorables à la Palestine.
Cette dynamique a accentué une perte d’adhésion à la politique israélienne parmi la jeunesse américaine et alimenté les appels, côté pro-israélien, à « reprendre » le contrôle de la plateforme.
TikTok, source d’information pour la jeune génération
Le rôle de TikTok comme source d’information ne cesse de croître, surtout chez les 18-24 ans. Des études récentes montrent une forte progression du recours à l’application pour s’informer.
Points saillants :
- Une part croissante des jeunes américains considère TikTok comme une source d’actualités principale.
- La plateforme est plébiscitée pour les contenus multimédias et la rapidité de diffusion des images de terrain.
Ces évolutions expliquent l’appréhension des décideurs et des acteurs politiques face à l’impact des réseaux sur les opinions publiques, en particulier au sein de la génération Z.
Les acteurs pro-israéliens et la course au contrôle
La perspective d’une cession à des intérêts proches d’Israël a été accueillie positivement par certains responsables israéliens et alliés. Parmi les figures cités dans la transaction figurent des dirigeants et investisseurs liés à Oracle.
Personnalités et éléments clés :
- Safra Catz, ancienne directrice générale d’Oracle, identifiée comme une actrice influente dans la protection de l’image d’Israël.
- Larry Ellison, cofondateur d’Oracle, dont les liens avec Benjamin Netanyahou et les dons à des causes pro-israéliennes sont souvent évoqués.
Oracle a par ailleurs affirmé son soutien à Israël pendant le conflit et engagé des projets et partenariats controversés liant intérêts commerciaux et militaires.
Enjeux démocratiques et concentration des médias
La transaction TikTok s’inscrit aussi dans un contexte plus large : l’accaparement des médias par de très grandes fortunes et les conséquences pour la diversité des récits publics.
Observations :
- La reprise de TikTok par un consortium a des implications sur qui contrôle les algorithmes et les flux d’information.
- Des voix critiques alertent sur une possible polarisation accrue des médias et une perte d’indépendance éditoriale.
Pour certains analystes, la vente illustre la conjonction entre préoccupations sécuritaires (influence étrangère) et intérêts géopolitiques visant à orienter l’opinion publique.
Réactions et débats aux États-Unis
Aux États-Unis, la perspective d’une vente à des investisseurs pro-Israël a relancé des débats sur la liberté d’expression, la sécurité nationale et la neutralité des plateformes.
Positions variées :
- Des élus républicains et démocrates ont plaidé pour des mesures strictes ou pour l’interdiction, invoquant des risques de manipulation.
- Des observateurs dénoncent à la fois le risque d’instrumentalisation politique des algorithmes et la concentration du pouvoir médiatique entre quelques acteurs très riches.
Cette affaire soulève donc des questions fondamentales sur la gouvernance des réseaux sociaux et sur la manière dont se construit l’opinion publique à l’ère numérique.
Ce que signifie la vente pour l’opinion publique
La vente TikTok Israël USA est perçue comme un tournant potentiel dans la bataille pour le récit public. Elle combine enjeux technologiques, géopolitiques et économiques.
Implications pratiques :
- Modification du contrôle sur les algorithmes de recommandation.
- Possible réorientation des contenus promus selon des intérêts politiques ou commerciaux.
- Impact direct sur la manière dont les jeunes s’informent et se mobilisent.
La transaction illustre enfin la complexité d’un monde où la propriété des plateformes numériques devient un levier d’influence stratégique et diplomatique.