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Je n’avais jamais pensé à l’Albanie comme priorité, et pourtant son nom revenait comme un appel discret entendu dans mon enfance au gré des ondes. Je bricolais sur le poste de mon père quand une voix, marquée d’un léger accent, murmura « ici Tirana ». Je ne comprenais pas, mais le nom resta, collé à la mémoire comme une phrase sans sens qui refuse de partir.
En arrivant, je comptais rester un visiteur discret et respectueux. Je me suis dit : qui suis-je pour présumer des Albanais ? Mon intention était d’apprendre davantage, non de corriger.
J’avais convenu de rencontrer un guide nommé Blenki pour parcourir la ville, mais il fut remplacé au dernier moment par une jeune femme, Anxhela, souriante et posée. Le changement révélait une réalité culturelle : dans certains milieux, la proximité entre sexes étrangers reste mesurée. Après une explication franche, elle assura qu’elle parlerait assez fort pour combler la distance, et la visite commença.
Un visage différent
En montant vers les hauteurs, puis par le téléphérique qui sépare l’agitation urbaine du calme des sommets, j’ai découvert un autre visage du pays. La verdure s’étend généreusement et le ciel, quand il n’est pas voilé par le soleil, exhibe un bleu clair presque parfait.
Anxhela, enseignante à l’université de Tirana, m’a parlé des églises largement reconstruites après des décennies d’athéisme d’État, de Mère Teresa et des boissons locales comme la rakia, tour à tour célébrée et critiquée. Sa parole, empreinte de références scolaires et de vécu, me guidait au fil des lieux.
Un passage devant la mosquée historique Adham Bej réveilla en moi une émotion : ce n’est pas seulement un monument, mais un symbole. Dans les années 1990, des milliers de musulmans encerclèrent ce lieu pour contraindre l’armée à autoriser la prière après des décennies d’abandon.
Anxhela me regarda, surprise, puis confia qu’elle-même était musulmane et issue d’une famille pieuse. Elle n’avait jamais rencontré de touriste aussi attentif à ces détails.
Vue partielle de Tirana : au centre la place Skanderbeg, à l’arrière le mont Dajti.
Scènes de la vie
Les cafés sont au cœur de la vie sociale : on y reste longtemps, sans empressement, comme si le temps y coulait plus lentement. J’ai demandé si c’était signe de bien-être ou d’échappatoire : la réponse fut simple et nuancée — peut‑être les deux, ou simplement un lieu où l’on trouve refuge.
Quelques conseils pratiques :
- Évitez le centre pour les repas si vous cherchez un bon rapport qualité‑prix ; les établissements y ciblent surtout les touristes.
- À seulement un kilomètre des zones centrales, les mêmes plats peuvent coûter moitié prix, voire moins.
- Goûtez la cuisine locale : un plat traditionnel mêlant agneau, légumes et pain m’a coûté 10 € en centre-ville et 3 € en périphérie, avec la même générosité.
Le monument de Skanderbeg occupe une place centrale dans la ville.
Quelques chiffres qui parlent :
- Environ 15 000 cafés pour près de 3 millions d’habitants — soit un café pour environ 200 Albanais.
- Un médecin pour environ 400 personnes.
Autrement dit : si vous vous sentez fatigué, allez en terrasse ; et si cela ne suffit pas, essayez un autre café.
Hébergement et déplacements
Les offres d’hébergement couvrent toutes les gammes. J’ai personnellement choisi un logement simple mais bien situé, à quelques pas du centre, pour environ 70 € la nuit. Ce tarif comprenait un petit‑déjeuner et un accueil serviable du personnel.
Pour les voyageurs en quête de luxe, des chambres haut de gamme montent jusqu’à 150 € la nuit avec piscine et salle de sport, mais la raison d’être ici reste la nature et les environs, pas seulement le confort de l’hôtel.
Conseils pratiques :
- Logez au cœur de la ville pour être proche des curiosités.
- Privilégiez la marche pour découvrir les rues secondaires et les quartiers qui n’apparaissent pas sur toutes les cartes.
- Attention à la chaleur estivale : midis immobiles et promenades recommandées tôt le matin ou en fin de journée.
Ascension du mont
Le téléphérique qui mène aux montagnes autour de Tirana offre des panoramas qu’on ne peut atteindre à pied. L’aller simple coûte environ 10 €, et la descente à pied se transforme en promenade peinte.
Il est utile de recourir à un guide local, souvent pour environ 10 € de l’heure. Le guide n’explique pas seulement les lieux ; il raconte les gens et l’histoire vivante qui s’y mêle.
Pour les excursions hors de la capitale, des formules comprenant voiture, chauffeur et récits populaires se trouvent à moins de 200 €.
Le téléphérique ouvre des vues panoramiques sur la capitale et ses alentours.
Entre lecture et réalité
Avant et après le voyage, j’ai lu l’histoire de l’Albanie : l’entrée de l’islam dans le pays, l’ère d’Enver Hoxha et la transformation du pays. Sur le terrain, l’impression est moins celle d’un musée que d’une nation en mouvement, au calme mais pleine de promesses.
L’Albanie combine la simplicité rurale, le silence des montagnes et une émotion propre à ceux qui sortent d’une longue mise à l’écart. Sa position géographique est un atout : en voiture ou en bus, cinq pays voisins sont à portée de quelques heures (Kosovo, Monténégro, Grèce, Macédoine du Nord, Serbie).
En résumé, pour qui s’intéresse à l’Albanie tourisme, le pays surprend par sa discrétion et sa douceur : j’en suis reparti troublé par le silence, l’humilité et par Anxhela, qui au début m’avait déstabilisé et qui, à la fin, a su rapprocher les distances.