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Trois jours de cessez-le-feu entre Afghanistan et Pakistan: incertitudes

by charles
Afghanistan et Pakistan

Une trêve fragile entre l’Afghanistan et le Pakistan, annoncée après plusieurs jours d’affrontements, semble se maintenir dans les premiers jours, mais la prudence demeure parmi les acteurs régionaux. Le cessez-le-feu, présenté comme une pause dans des violences meurtrières, a été salué par des autorités des deux camps, mais les chiffres et les risques de rebond restent au cœur des analyses. Selon l’ONU et les autorités locales, le coût humain reste élevé, tandis que les portes de Kaboul et d’Islamabad restent, techniquement, ouvertes à des négociations et à de possibles répercussions. Ce contexte s’inscrit aussi dans un mouvement plus large sur l’orientation des flux migratoires et la sécurité régionale.

Frontière Afghanistan-Pakistan près de Spin Boldak, image AFP
Des combats et des soldats près de la frontière Afghanistan-Pakistan selon l’AFP.

Afghanistan et Pakistan : état des lieux du cessez-le-feu

Le cessez-le-feu, annoncé mercredi à 13H00 GMT, a été présenté comme une pause dans des violences qui avaient frappé les régions frontalières et Kaboul. Selon les autorités talibanes, il tient, mais les observateurs et les responsables pakistanais disent que la situation demeure fragile et sujette à des vérifications sur le terrain. Le gouvernement pakistanais a rappelé que la balle est « dans le camp » des autorités de Kaboul, tout en appelant à des actions concrètes et vérifiables contre les éléments terroristes.

«Attendons que les 48 heures soient passées et nous verrons si le cessez-le-feu tient», a déclaré Shafqat Ali Khan, porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères.

«Le Pakistan attend des actions concrètes et vérifiables du régime taliban contre ces éléments terroristes», a dit Shafqat Ali Khan, au cours d’une conférence de presse.

«Des négociations peuvent résoudre les problèmes», a-t-il ajouté, sans entrer dans les détails.

«Notre réponse défensive ne ciblait pas des civils, nous faisons preuve d’une grande prudence pour éviter la perte de vies civiles, contrairement aux forces talibanes», a affirmé Shafqat Ali Khan.

La Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) a recensé 37 civils tués et 425 blessés du côté afghan de la frontière en ces quelques jours, appelant les deux parties à mettre un terme aux hostilités «de façon durable».

Vendredi, Nani, un habitant de Spin Boldak, une ville afghane accolée à la frontière où se sont concentrés les affrontements, indiquait que «tout va bien, tout est ouvert».

«Les gens éprouvent des sentiments mitigés», a déclaré Nematullah, 42 ans, joint sur place par un correspondant de l’AFP.

Les sources afghanes expliquent que le Pakistan est responsable d’au moins l’une des explosions et qu’il s’agit de bombardements aériens, tandis que le gouvernement n’a pas officiellement accusé son voisin.

Rôle régional et implications sur les flux migratoires centrasiatiques

Ce contexte s’inscrit dans un mouvement plus large autour des flux migratoires centrasiatiques et de la sécurité régionale. Pour les centrasiatiques, la Russie a perdu une part de son attractivité historique. Le contingent ouzbek, le plus important en Russie, est passé de 4–6 millions en 2016 à moins d’un million aujourd’hui, selon Tachkent.

«On va travailler sur les mots de la santé», annonce une professeure d’allemand à des infirmières ouzbèkes en partance pour l’Allemagne. Comme elles, un nombre croissant de ressortissants d’Asie centrale tentent leur chance dans des pays occidentaux, intéressés par cette main-d’œuvre habituellement attirée par la Russie. Au programme pour ces infirmières dans la capitale Tachkent: révision du vocabulaire. Comment dire retraité, surpoids, fauteuil roulant…»

Infirmières centrasiatiques en formation pour l’immigration vers l’Europe
Infirmières centrasiatiques en formation en vue de l’immigration vers l’Europe.

«Honnêtement, le salaire m’a intéressée en premier lieu», dit Mme Goulmourotova, à l’instar de nombreux Ouzbeks interrogés par l’AFP. Avec une promesse de salaire de 2 200 euros nets, la trentenaire multipliera ses revenus par sept.

«Le travail est la norme suprême», a rappelé le dirigeant Chavkat Mirzioïev, lors de discussions sur les échanges et les perspectives migratoires.

«Désormais, nous essayons d’envoyer des Ouzbeks vers les pays développés: Allemagne, Slovaquie, Pologne, Corée du Sud, Japon et nous négocions avec la Finlande, la Norvège, le Canada et les Etats-Unis», détaille M. Valiev, responsable des partenariats étrangers à l’agence ouzbèke pour l’immigration.

«Dès 2023, aucune autre destination ne peut pour l’heure absorber annuellement plusieurs millions de travailleurs centrasiatiques», rappelle l’agence.

«En Russie, la police vérifie tes documents partout», se rappelle Azimdjon Badalov, Tadjik qui a travaillé dix ans là-bas. Depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, les migrants sont encore plus vulnérables: au printemps, Moscou a annoncé avoir envoyé au front 20 000 personnes originaires d’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Kirghizistan qui avaient reçu un passeport russe.

«On a des journées de travail de huit heures, des week-ends, des congés et des heures supplémentaires payées», affirme Alexandre Kouloutchkov, Kirghize de 21 ans, employé d’un camping d’une petite ville allemande, qui réfléchit à s’installer. «Si j’étudie et que je trouve un bon travail, ce sera la belle vie».

La dynamique régionale autour de l’emploi et des migrations est donc étroitement liée à des ajustements géopolitiques et à la sécurité des frontières, même lorsque des cessez-le-feu parviennent à limiter les violences les plus intenses.

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