Table of Contents
Israël a lancé une nouvelle série de frappes aériennes dans le sud de Gaza, mettant en péril un cessez-le-feu fragile négocié par les États-Unis et destiné à mettre fin à une guerre de deux ans. L’armée israélienne a déclaré mener une « vague massive et étendue » d’attaques contre des dizaines de cibles, quelques heures après un raid sur la ville de Rafah.
Frappes et suspension de l’aide humanitaire
Selon l’armée israélienne, ses troupes ont été prises pour cible par des combattants du Hamas dans la région de Rafah, accusation rejetée par le mouvement palestinien.
Un responsable sécuritaire israélien a annoncé aux agences de presse que le transfert d’aide humanitaire vers Gaza serait interrompu « jusqu’à nouvel ordre » suite à cette prétendue violation du cessez-le-feu par le Hamas.
Cette décision risque d’aggraver la crise humanitaire dans l’enclave, déjà lourdement frappée par les combats et les destructions accumulées.
Bilan des victimes et zones touchées
La défense civile de Gaza a indiqué qu’un nombre d’attaques aériennes israéliennes avait fait au moins 21 morts depuis le matin à travers l’enclave dévastée par la guerre.
- Al-Aqsa Hospital a signalé, via des sources médicales, que cinq Palestiniens ont été tués et plusieurs blessés lors d’une attaque israélienne à az-Zawayda, au centre de Gaza.
- À Nuseirat, un responsable médical d’al-Awda Hospital a fait état de trois morts et d’autres blessés après une attaque sur le camp de réfugiés.
- Au nord de Gaza, l’agence Wafa a rapporté au moins deux morts suite à une frappe aérienne.
L’armée israélienne a par ailleurs annoncé la mort de deux de ses soldats « au combat » à Gaza, affirmant avoir riposté par des frappes et des tirs d’artillerie après que ses forces eurent été visées.
Positions et déclarations des belligérants
Le bras armé du Hamas, les Brigades Qassam, a nié toute connaissance d’incidents ou d’affrontements dans la zone de Rafah, qualifiée de « zones rouges » sous le contrôle de l’occupation. Le mouvement a précisé que le contact avec ses derniers groupes dans la zone était coupé depuis la reprise de la guerre en mars.
Un correspondant d’Al Jazeera à Gaza City, Hani Mahmoud, a rapporté que les Palestiniens étaient « très inquiets » de cette escalade soudaine. Peur et panique dominent, selon lui, alors que plus de 20 frappes ont été signalées, et des civils craignent une reprise générale des hostilités.
Réactions en Israël et climat politique
Les frappes israéliennes interviennent après des consultations du Premier ministre Benjamin Netanyahou avec les responsables de la sécurité, au cours desquelles il a ordonné à l’armée de prendre « des mesures fortes » contre toute violation du cessez-le-feu.
La rhétorique de dirigeants politiques israéliens s’est durcie :
- Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité nationale, a demandé sur X une « reprise complète du combat dans la bande de Gaza avec une force maximale ».
- Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a posté un mot: « Guerre ! ».
- Amichai Chikli, ministre des Affaires de la diaspora, a déclaré : « Tant que le Hamas existe, il y aura la guerre. »
Même l’opposition, représentée par Benny Gantz, a estimé que toutes les options, y compris un retour aux manœuvres militaires, devaient rester envisageables.
L’analyste Yossi Mekelberg (Chatham House) a rappelé que ce cessez-le-feu restait très fragile et pouvait basculer à tout instant.
Accusations entre les États-Unis et le Hamas
Plus tôt, le département d’État américain a affirmé détenir des « rapports crédibles » indiquant que le Hamas préparerait une violation imminente du cessez-le-feu. Le communiqué dénonçait une attaque planifiée contre des civils palestiniens constituant une grave violation de l’accord.
Hamas a rejeté ces allégations, les qualifiant de fausses et compatibles avec une « propagande israélienne trompeuse » visant à justifier la poursuite des actions de l’occupation.
Le mouvement a accusé Israël de soutenir des groupes armés opérant dans des zones contrôlées par l’État hébreu et appelé Washington à faire pression pour que ces soutiens cessent.
Pour lire le communiqué américain, voir : https://www.aljazeera.com/news/2025/10/19/us-claims-gaza-ceasefire-in-jeopardy-as-hamas-plans-attack
Suivi des pourparlers et délégation du Hamas au Caire
Une délégation du Hamas dirigée par Khalil al-Hayya s’est rendue au Caire tard dimanche pour « suivre la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu avec les médiateurs, les factions palestiniennes et les forces », a indiqué le mouvement.
Ces déplacements interviennent alors que les négociations et la coordination humanitaire restent essentielles pour la stabilité et la reprise des opérations de secours dans Gaza.
Parmi les ressources complémentaires, plusieurs articles et reportages d’Al Jazeera décrivent la situation civile et humanitaire dans l’enclave :
- In Gaza, Palestinians reclaim small moments of dignity amid the ceasefire
- Video: UN relief coordinator inspects devastation in Gaza City
- Israel kills 11 family members in deadliest Gaza ceasefire violation
- Gaza’s traumatised children urgently need the hope education offers
Retour des corps et opérations de recherche
Les frappes dans le sud ont coïncidé avec l’identification par Israël des restes de deux captifs remis par le Hamas pendant la nuit. Le bureau de Netanyahou a indiqué qu’il s’agissait de Ronen Engel, père de trois enfants du kibboutz Nir Oz, et de Sonthaya Oakkharasri, ouvrier agricole thaïlandais tué au kibboutz Be’eri.
Le bras armé du Hamas a déclaré avoir localisé le corps d’un autre captif et l’a proposé à la remise à Israël « si les conditions sur le terrain étaient appropriées ».
À ce jour, les restes de 12 des 28 captifs encore présents à Gaza ont été retournés à Israël. Le pays exerce des pressions pour récupérer davantage de corps.
Hamas affirme être engagé à respecter les termes de l’accord, y compris la remise des restes, mais demande de l’aide et des engins lourds pour dégager et retrouver des corps prisonniers des décombres. Le groupe avertit que toute « escalade » israélienne entraverait ces opérations.
Enjeux et perspectives
La situation reste volatile, avec un cessez-le-feu dont la pérennité dépend d’un fragile équilibre entre pressions militaires, considérations politiques et efforts humanitaires.
Plusieurs facteurs clefs pourraient déterminer l’évolution :
- La reprise ou la suspension des transferts d’aide humanitaire vers Gaza.
- La capacité des médiateurs, notamment l’Égypte et les États-Unis, à maintenir le dialogue entre les parties.
- La volonté des factions armées sur le terrain de respecter l’accord malgré les tensions et les accusations mutuelles.
Si ces éléments ne sont pas rapidement stabilisés, le cessez-le-feu risque de s’effriter, avec des conséquences humanitaires et sécuritaires dramatiques pour la population civile de Gaza.