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Rodrigo Paz, candidat du Parti démocrate chrétien (PDC) affilié au centre-droit, a été élu président de la Bolivie, mettant fin à près de vingt ans de gouvernance du Mouvement vers le socialisme (MAS). Avec 97 % des bulletins dépouillés, le Tribunal suprême électoral (TSE) a annoncé que Paz obtenait 54,5 % des voix contre 45,4 % pour l’ancien président par intérim de droite Jorge « Tuto » Quiroga.
Parcours politique et promesse de changement
Agé de 58 ans, Rodrigo Paz est issu d’une famille engagée en politique : il a suivi les traces de son père, l’ancien président de gauche Jaime Zamora. Après des études d’économie aux États-Unis, il est revenu en Bolivie où il a été conseiller municipal, maire de la ville de Tarija puis sénateur de la région à partir de 2020.
Sa campagne a mis en avant un programme qu’il qualifie de « capitalisme pour tous », axé sur :
- une réduction des impôts ;
- la diminution des droits de douane ;
- la décentralisation des pouvoirs de l’État national.
Sur la question des subventions aux carburants, Paz est resté vague : il a parfois évoqué une restriction de ces aides aux « secteurs vulnérables », sans préciser les modalités ni le calendrier.
Réactions immédiates et appel à l’unité
Après l’annonce des résultats, le colistier et vice-président élu Edmand Lara a lancé un appel à « l’unité et à la réconciliation ». Il a insisté sur l’urgence des mesures à prendre :
- assurer l’approvisionnement en diesel et en essence ;
- stabiliser les prix de la tranche de produits de base ;
- mettre un terme à la corruption.
De son côté, Evo Morales, figure toujours influente de la gauche bolivienne, a affirmé que les deux candidats ne représentaient « qu’une poignée de personnes en Bolivie » et qu’ils ne faisaient pas partie du mouvement populaire ou indigène.
Contexte politique de l’élection
Le second tour intervient après la déconvenue du MAS lors du scrutin préliminaire d’août, marqué par l’interdiction de candidature d’Evo Morales et l’absence de l’actuel président Luis Arce, qui ne s’est pas représenté après des divergences avec Morales.
Des décisions de justice ont empêché Morales de se porter candidat en invoquant des limites de mandat et des aspects techniques liés à l’affiliation partisane. La division au sein de la coalition de gauche, combinée à une profonde crise économique, a considérablement affaibli les chances du MAS de conserver le pouvoir.
Le président sortant Luis Arce quittera ses fonctions le 8 novembre, après un seul mandat débuté en 2020.
Crise économique et mécontentement social
La Bolivie traverse une crise économique sévère : l’inflation approche les 25 % annuels et le pays connaît des pénuries critiques de dollars et de carburant. Ces difficultés ont provoqué des manifestations et de longues files d’attente pour se procurer de l’essence, du pain et d’autres produits de première nécessité avant le vote du 17 août.
Sous la présidence d’Evo Morales, la Bolivie avait connu plus d’une décennie de forte croissance et des progrès pour les populations indigènes, notamment grâce à la nationalisation du secteur gazier et aux programmes sociaux qui ont réduit de moitié l’extrême pauvreté entre 2006 et 2019.
Cependant, le choix de ne pas développer davantage le secteur gazier a fait chuter les recettes énergétiques, passées d’un pic de 6,1 milliards de dollars en 2013 à 1,6 milliard en 2024. Cette diminution a asséché les réserves de devises nécessaires pour importer carburant, blé et autres denrées.
Les défis immédiats pour la nouvelle présidence
Malgré sa victoire, Rodrigo Paz hérite d’un contexte politique et économique tendu. Il devra composer avec une opposition forte au Congrès et la popularité persistante d’Evo Morales auprès d’une partie importante de la population indigène.
Parmi les priorités qu’il devra affronter rapidement :
- restaurer les importations essentielles en réapprovisionnant les devises et le carburant ;
- endiguer l’inflation et stabiliser le panier de consommation de base ;
- clarifier la politique sur les subventions aux carburants et leur ciblage ;
- lancer des réformes fiscales et douanières sans aggraver la précarité.
Le succès de son mandat dépendra de sa capacité à concilier mesures économiques, demandes sociales et relations avec les forces politiques encore influentes dans le pays.
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Supporters de Rodrigo Paz célèbrent la victoire annoncée au second tour à La Paz.