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La mort de Mahmoud Abdallah, connu sous le nom d’Abou Talal, résonne aujourd’hui comme un appel renouvelé à la résistance palestinienne à Jénine. Âgé de 49 ans, il est décédé dimanche dernier au sein des prisons israéliennes, après que les autorités pénitentiaires eurent, selon des témoignages, négligé son état de santé alors qu’il souffrait d’un cancer du foie.
Figure respectée du camp de Jénine, il laissait derrière lui une famille marquée par les déplacements et la répression, ainsi qu’un héritage de soutien aux résistants et aux familles de martyrs. Sa disparition met en lumière la situation des prisonniers malades et ravive la détermination des jeunes générations à poursuivre la résistance palestinienne.
- Nom : Mahmoud Abdallah « Abou Talal » — 49 ans.
- Arrestation la plus récente : début février 2025 ; cancer du foie découvert dix jours après son arrestation.
- Décès : en détention, suite à ce que ses proches et des ONG décrivent comme un manque de soins effectifs.
- Contexte : famille délogée après la destruction du camp de Jénine et campagnes militaires répétées.
Une famille de résistants
Abou Talal appartenait à une famille largement impliquée dans la lutte populaire du camp. Avant sa dernière détention, il avait déjà été traqué et emprisonné à la fin de la seconde intifada.
Entre 2006 et 2007, il a milité au sein des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, l’aile armée du mouvement national (Fatah), et a passé alors deux ans dans les prisons israéliennes.
Sa famille a payé un lourd tribut : son neveu Mohammed Harboush est mort lors d’une embuscade en août 2024. Les proches racontent que la pression et les menaces des forces occupantes visaient directement les leurs.
Avant sa retraite, Mahmoud avait servi dans la police spéciale de l’Autorité palestinienne. Malgré ce parcours, il s’était opposé à certaines orientations de l’Autorité, ce qui l’a rendu vulnérable aux opérations de répression lancées contre les groupes de résistance locaux.
Caption : Le défunt était connu pour son esprit jovial et sa présence constante auprès des habitants — photographie : Abbada Tahaina / Al Jazeera.
Un compagnon de tous
Journalistes et habitants décrivent Abou Talal comme un modèle de courage et de dévouement. Il participait systématiquement aux manifestations et aux actions de soutien aux combattants.
Selon des témoins, son discours était porteur d’espoir et renvoyait une énergie que tous, des enfants aux personnes âgées, reconnaissaient et respectaient.
« Il disait toujours qu’il n’avait que deux choix : la victoire ou le martyre », rapporte un journaliste local. Cette posture a fait de lui une figure d’unité et un symbole de la résistance palestinienne à Jénine.
Un proche se souvient qu’il « remplissait les réunions de rires et de discussions », malgré la dureté du quotidien. Son charisme a contribué à forger un lien solide entre lui et la population du camp.
Déplacement et perte
La famille d’Abou Talal vit aujourd’hui dispersée, ayant fui après la destruction complète de leurs 18 maisons dans le camp de Jénine. Beaucoup d’habitants ont été contraints de louer des logements loin de leur quartier.
Les proches doivent désormais gérer le double deuil : la perte d’un toit et celle d’un père, mari et militant. Sa femme et ses six enfants tentent d’affronter une réalité lourde de souffrances et d’incertitudes.
Son frère a raconté que l’homme avait été arrêté après une longue traque en février 2025. Dix jours après son incarcération, le cancer du foie a été diagnostiqué, selon la famille.
Caption : Présence d’Abou Talal sur le terrain lors des incursions, en soutien aux habitants et aux résistants — photographie : Abbada Tahaina / Al Jazeera.
Allégations d’une méthodologie de mise à mort
Des responsables du Club des prisonniers palestiniens ont accusé les autorités israéliennes d’une négligence délibérée. Amani Sarhanah, chargée de communication, a déclaré que l’absence de traitements adaptés pour les détenus malades s’apparente à une politique systématique.
Selon ces déclarations, Abou Talal n’aurait reçu que des analgésiques pendant sa détention, sans soins oncologiques effectifs, jusqu’à ce que son état s’aggrave au point d’exiger son transfert à l’hôpital de Ramla.
Les proches et des organisations de défense des droits dénoncent la difficulté d’accès aux informations et aux soins pour des dizaines de prisonniers malades. Ils parlent de « mort lente et silencieuse » derrière les barreaux.
Ce cas relance le débat sur le traitement des détenus et sur les responsabilités des autorités pénitentiaires face aux maladies graves en détention.
Un héritage qui ravive la résistance
Abou Talal laisse une trace profonde dans les ruelles du camp de Jénine : il était présent à chaque funérailles, chaque rassemblement, et participait à renforcer la cohésion locale autour de la résistance palestinienne.
Ses mots — « J’ai commencé ma vie avec honneur et je veux la terminer avec honneur » — sont devenus le reflet d’une vie de combat et d’abnégation. Pour beaucoup, son parcours incarne la fidélité à la lutte et à la solidarité communautaire.
La mort d’Abou Talal s’inscrit dans une série de décès parmi les prisonniers. Avec le décès récent de l’aîné Kamel Al-Ajrimi (69 ans) originaire de la bande de Gaza, le Club des prisonniers palestiniens dénombre désormais 80 martyrs parmi les détenus depuis le début de la guerre qualifiée d’extermination par certains acteurs locaux.
Dans les décombres du camp, la voix d’Abou Talal continue d’inspirer. Son héritage semble se transmettre aux nouvelles générations, déterminées à poursuivre la résistance palestinienne et à maintenir la mémoire des disparus vivante dans les rues de Jénine.