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Les États membres de l’Union européenne ont approuvé aujourd’hui la 19e série de mesures restrictives contre la Russie en raison de son offensive en Ukraine. Cette nouvelle batterie de sanctions inclut notamment l’interdiction progressive des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe.
Après des semaines de négociations et d’objections internes, la Slovaquie s’est finalement retirée de son opposition de dernière minute, ouvrant la voie à l’adoption d’une des séries de sanctions les plus étendues et sévères prises par l’UE depuis le début du conflit.
Objectifs et calendrier
Les nouvelles mesures visent à réduire drastiquement les recettes énergétiques de la Russie afin de limiter la capacité du Kremlin à financer la guerre. Les efforts se concentrent sur l’énergie, les services financiers et le commerce.
Le calendrier de l’interdiction du GNL russe se déroulera en deux étapes :
- phase 1 : interdiction pour les contrats à court terme arrivant à échéance après six mois ;
- phase 2 : interdiction pour les contrats à long terme à compter du 1er janvier 2027.
Ce calendrier accélère l’échéance prévue antérieurement, visant une mise en œuvre effective dès 2027 pour étouffer plus rapidement les recettes énergétiques de Moscou.
Mesures ciblées et étendue des sanctions
Outre le volet énergétique, l’embargo comprend des restrictions sur des institutions financières et des acteurs économiques impliqués dans le contournement des restrictions antérieures.
Parmi les principales composantes :
- gel des activités de plusieurs banques russes et d’établissements en Asie centrale ;
- sanctions visant des plateformes d’échange de cryptomonnaies accusées d’aider à contourner les contrôles ;
- limitations commerciales contre des entités chinoises et indiennes impliquées dans des mécanismes d’évitement ;
- interdiction d’exporter des biens d’une valeur supérieure à 46,9 milliards de dollars destinés aux industries militaires russes (métaux, céramique, caoutchouc, etc.).
L’Union européenne a également inscrit plus de 100 navires supplémentaires sur sa « liste noire » des tankers suspectés de faciliter des échanges énergétiques illicites, portant le total à environ 550 unités.
Objections et divisions internes
Les délibérations ont été retardées par des réticences de plusieurs pays, notamment l’Autriche, la Hongrie et la Slovaquie. Vienne avait initialement demandé la libération d’avoirs liés à l’homme d’affaires russe Oleg Deripaska pour compenser des amendes supportées par la banque Raiffeisen en Russie, puis a renoncé faute de soutien.
Les déclarations publiques ont souligné un objectif de solidarité malgré les désaccords. Joseph Schellhorn, secrétaire d’État au ministère autrichien des Affaires étrangères, a insisté sur la nécessité de parler d’une seule voix au sein de l’Union.
La Hongrie, souvent source de blocages, a indiqué via son ministre des Affaires étrangères Péter Szijjártó qu’elle ne s’opposerait pas cette fois-ci, bien qu’il ait estimé que les sanctions jusqu’à présent n’avaient pas été concluantes.
En Slovaquie, le Premier ministre Robert Fico a conditionné son accord à l’insertion d’un engagement dans la déclaration du sommet visant à « traiter la hausse des prix de l’énergie au sein de l’UE », demande qui a été satisfaite.
Sanctions parallèles des États-Unis et du Royaume-Uni
Les États-Unis et le Royaume-Uni ont pris des mesures complémentaires. Le président américain a imposé des sanctions visant pour la première fois, au cours de son second mandat, deux grands acteurs pétroliers russes, Lukoil et Rosneft.
Le département du Trésor américain a précisé être prêt à renforcer la pression et a appelé Moscou à accepter un cessez-le-feu immédiat dans le conflit ukrainien.
Le secrétaire au Trésor a déclaré que, faute d’un retrait russe du conflit, les États-Unis ciblent désormais les principales entreprises qui financent l’appareil militaire du Kremlin.
Le Royaume-Uni avait, la semaine précédente, déjà sanctionné Rosneft et Lukoil dans une démarche coordonnée avec ses alliés.
Prochaine étape et mise en œuvre
Après l’adoption politique par les dirigeants au sommet, les ministres des gouvernements membres devront procéder à l’examen et à la ratification formelle de la décision lors d’une réunion ultérieure.
La mise en œuvre effective des mesures, notamment le suivi des restrictions commerciales et l’application des interdictions navales, nécessitera une coordination renforcée entre États membres et partenaires internationaux afin de maximiser l’impact sur les revenus énergétiques russes.