Home ActualitéSécurité et défenseChronologie des frappes américaines contre le trafic de drogue en Amérique du Sud

Chronologie des frappes américaines contre le trafic de drogue en Amérique du Sud

by Sara
États-Unis, Venezuela, Colombie, Équateur

En moins de deux mois, les États-Unis ont mené neuf frappes contre des navires accusés de trafic de drogue au large de l’Amérique du Sud et dans les Caraïbes, selon les annonces officielles. Cette série d’opérations, que la Maison-Blanche présente comme une réponse à un « conflit armé » avec les cartels, soulève des questions juridiques et politiques sur l’étendue des pouvoirs présidentiels et la légalité des frappes.

Contexte et portée des opérations

Le président Donald Trump et le secrétaire à la Défense ont affirmé que l’armée américaine avait tué au moins 37 personnes lors de neuf frappes aériennes ciblant des navires de contrebande dans les Caraïbes et l’est de l’océan Pacifique.

Les autorités américaines justifient ces actions par la nécessité d’endiguer l’afflux de stupéfiants vers les États-Unis et s’appuient sur des prérogatives similaires à celles invoquées après les attaques du 11 septembre 2001. Voir le contexte historique : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/12/30/%D9%87%D8%AC%D9%85%D8%A7%D8%AA-11-%D8%B3%D8%A8%D8%AA%D9%85%D8%A8%D8%B1-2001.

  • Nombre d’opérations annoncées : 9.
  • Bilan communiqué par l’administration : au moins 37 morts.
  • Zones concernées : Caraïbes et eaux au large de l’Amérique du Sud (est du Pacifique).

Parallèlement, un important déploiement naval américain a été observé au large des côtes sud-américaines, alimentant des craintes d’escalade régionale et des spéculations sur une possible pression accrue sur le gouvernement vénézuélien. Le renforcement comprenait des destroyers dotés du système Aegis et plusieurs navires d’assaut amphibie.

Chronologie des opérations et des annonces

Voici la chronologie des principales décisions et frappes depuis le début de l’année 2025, telle que rapportée par les autorités et les responsables politiques.

  • 20 janvier — Signature d’un décret exécutif le premier jour de la présidence autorisant le classement d’organisations criminelles et de réseaux de trafiquants comme « organisations terroristes étrangères ». Le décret visait notamment des groupes comme la bande vénézuélienne « Tren de Aragua ». Les services de renseignement américains ont contesté certaines affirmations de l’administration : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/6/30/%d9%88%d9%83%d8%a7%d9%84%d8%a9-%d8%a7%d9%84%d8%a7%d8%b3%d8%aa%d8%ae%d8%a8%d8%a7%d8%b1%d8%a7%d8%aa-%d8%a7%d9%84%d9%85%d8%b1%d9%83%d8%b2%d9%8a%d8%a9.
  • 20 février — L’administration a officiellement classé huit organisations criminelles latino-américaines comme « organisations terroristes étrangères », un qualificatif normalement réservé à des groupes engagés dans la violence à des fins politiques : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/10/11/%D8%AA%D9%86%D8%B8%D9%8A%D9%85-%D8%A7%D9%84%D8%AF%D9%88%D9%84%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%A5%D8%B3%D9%84%D8%A7%D9%85%D9%8A%D8%A9.
  • 19 août — Déploiement confirmé par Washington de trois destroyers Aegis au large du Venezuela, puis un renforcement naval comprenant trois bâtiments d’assaut amphibie et deux navires supplémentaires, soit près de 6 000 marins et marines impliqués. Des avions F-35 ont également été déployés à Puerto Rico : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2023/8/15/%D8%B5%D8%A7%D8%B1%D9%88%D8%AE-%D9%83%D8%B1%D9%88%D8%B2-%D8%A7%D9%84%D8%B5%D8%A7%D8%B1%D9%88%D8%AE-%D8%A7%D9%84%D9%85%D8%AD%D9%85%D9%88%D9%84.
  • 2 septembre — Première frappe aérienne annoncée contre une embarcation décrite par l’administration comme partie depuis le Venezuela et opérée par « Tren de Aragua ». Le président a indiqué que 11 personnes avaient été tuées et a diffusé une vidéo montrant un bateau en feu.
  • 10–11 septembre — Des sénateurs démocrates, dont Tim Kaine et Jack Reed, demandent des justifications légales pour les frappes, estimant qu’aucun « motif juridique légitime » n’a été présenté et que l’armée n’est pas compétente pour exécuter des suspects sans procès.
  • 15–19 septembre — Nouvelles frappes : une deuxième attaque (3 morts) puis une troisième (3 morts) sont revendiquées. L’administration affirme disposer de preuves, notamment des débris et des cargaisons flottantes de stupéfiants.
  • 2 octobre — L’administration qualifie les cartels de « combattants illégitimes » et affirme que les États-Unis sont engagés dans un « conflit armé » avec ces réseaux, élargissant ainsi le cadre légal revendiqué pour l’usage de la force.
  • 3 octobre — Annonce d’une quatrième frappe : quatre personnes tuées selon le secrétaire à la Défense, sans divulgation d’identités ni de preuves publiques détaillées.
  • 8 octobre — Tentative au Sénat d’imposer l’obligation pour le président de demander l’autorisation du Congrès avant de lancer de nouvelles frappes : le vote échoue (48 contre 51).
  • 14–16 octobre — Cinquième frappe (six morts). Le président indique ensuite que la CIA mène des opérations secrètes au Venezuela et qu’une option d’opérations terrestres est à l’étude : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/6/30/%D9%88%D9%83%D8%A7%D9%84%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%A7%D8%B3%D8%AA%D8%AE%D8%A8%D8%A7%D8%B1%D8%A7%D8%AA-%D8%A7%D9%84%D9%85%D8%B1%D9%83%D8%B2%D9%8A%D8%A9.
  • 16 octobre — Le commandant régional, l’amiral Alvin Holsey, annonce sa retraite prochaine, suscitant des inquiétudes quant au départ d’un responsable militaire clé en pleine crise et sur le manque de transparence envers le Congrès : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2025/7/1/%D8%A7%D9%84%D8%B4%D9%81%D8%A7%D9%81%D9%8A%D8%A9-%D8%AA%D8%B9%D8%B1%D9%8A%D9%81%D9%87%D8%A7-%D9%88%D8%AA%D8%B7%D9%88%D8%B1%D9%87%D8%A7-%D8%A7%D9%84%D8%AA%D8%A7%D8%B1%D9%8A%D8%AE%D9%8A.
  • 16–17 octobre — Sixième frappe (2 morts, 2 survivants renvoyés vers l’Équateur et la Colombie selon l’administration) ; puis une septième attaque revendiquée contre un navire prétendument lié à l’ELN (Armée de libération nationale) colombienne, annoncée comme ayant tué « trois terroristes ».
  • 21–22 octobre — Huitième et neuvième frappes annoncées, y compris une attaque dans l’est de l’océan Pacifique. Les vidéos publiées par les autorités montrent des embarcations en feu et des colis flottants à la surface. Ces actions marquent un élargissement géographique des opérations.

Critiques juridiques et réactions internationales

Des sénateurs, des organisations de défense des droits et un groupe d’experts indépendants mandaté par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU ont vivement critiqué ces actions.

Les critiques mettent en cause :

  • Le fondement juridique des frappes et l’absence d’une autorisation explicite du Congrès.
  • Le risque de violations du principe de non‑intervention et des obligations internationales prohibant la menace ou l’usage de la force contre un État souverain : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2016/12/1/%D8%A7%D9%84%D8%A5%D8%B9%D9%84%D8%A7%D9%86-%D8%A7%D9%84%D8%B9%D8%A7%D9%84%D9%85%D9%8A-%D9%84%D8%AD%D9%82%D9%88%D9%82-%D8%A7%D9%84%D8%A5%D9%86%D8%B3%D8%A7%D9%86.
  • Le manque de transparence sur les preuves liant les embarcations aux réseaux criminels et l’identité des personnes tuées.

Les experts onusiens ont déclaré que ces mesures constituent « un très dangereux niveau d’escalade » et ont transmis leurs préoccupations aux autorités américaines, soulignant les répercussions possibles pour la paix et la sécurité dans la région.

Enjeux pour l’Amérique latine et la sécurité régionale

Le recours à la force et le déploiement naval massif ont ravivé les inquiétudes quant à une militarisation accrue des réponses au trafic de drogues en Amérique latine.

Les observateurs soulignent que la stratégie militaire pourrait :

  • Aggraver les tensions diplomatiques, notamment avec le Venezuela ;
  • Créer des incidents en mer et des risques pour les civils à bord de petites embarcations côtières ;
  • Soulever des débats durables sur la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le Congrès aux États-Unis.

La controverse autour de ces frappes américaines Amérique du Sud reste donc au centre d’un débat juridique, stratégique et humanitaire qui pourrait définir la politique régionale pour les mois à venir.

source:https://www.aljazeera.net/news/2025/10/23/%d8%ac%d8%af%d9%88%d9%84-%d8%b2%d9%85%d9%86%d9%8a-%d9%84%d9%84%d9%87%d8%ac%d9%85%d8%a7%d8%aa-%d8%a7%d9%84%d8%a3%d9%85%d9%8a%d8%b1%d9%83%d9%8a%d8%a9-%d9%82%d8%a8%d8%a7%d9%84%d8%a9

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