Le gouvernement a acté la suspension de la réforme des retraites dans le cadre du budget de la Sécurité sociale, retardant certaines mesures jusqu’en 2028 et ouvrant un débat sur le financement. Selon un document diffusé par Les Échos et relayé par l’AFP, l’opération coûtera 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard d’euros en 2027. Pour financer la mesure, les complémentaires santé et les retraités seront mis à contribution, et la sous-indexation des pensions sera ajustée en 2027, avec un coût supplémentaire pour le pouvoir d’achat des retraités. Le texte prévoit aussi le gel des pensions et prestations sociales en 2026 afin de freiner la dérive des dépenses publiques, suscitant des critiques et des réactions diverses.
Suspension actée, coût et financement
Le texte décale l’application de la réforme Borne de 2023 et suspend jusqu’à janvier 2028 la progression vers les 64 ans et le passage à taux plein après les trimestres requis.
Selon les informations relayées, le coût de la suspension est estimé à 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard d’euros en 2027, et le financement prévoit que les complémentaires santé et les retraités y participent.
La sous-indexation des pensions par rapport à l’inflation, initialement prévue à 0,4 point, sera augmentée de 0,5 point supplémentaire en 2027. Le taux de contribution des organismes complémentaires (mutuelles, assurances de santé) passera de 2,05% à 2,25% en 2026.

Réactions et positions des partis et syndicats
La mesure suscite des réactions contrastées. « Il n’est pas possible que la désindexation des pensions prévoie quasiment deux années blanches pour les retraités en 2026 et 2027. Les plus modestes ne peuvent supporter une telle mesure », a réagi à l’AFP Yvan Ricordeau, numéro 2 de la CFDT.
« On fait payer une micro-suspension de la réforme aux retraités actuels et futurs », ont déclaré Denis Gravouil, secrétaire confédéral de la CGT, Rémi Servot, de l’Association nationale des retraités (ANR), qualifiant le projet de financement d’« assez scandaleux ».
A gauche, La France insoumise a dénoncé « un jeu de dupes ». « Les retraités partiront trois mois avant mais avec une retraite plus faible », a relevé Éric Coquerel, président de la commission des Finances.
« Bravo le PS ! », a ironisé Manuel Bompard, coordinateur du mouvement, après que LFI a dénoncé les torts sur les socialistes. Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste et social à l’Assemblée nationale, s’est interrogée sur l’objectif du gouvernement, estimant que ce report vise à le rendre « ce report finalement insupportable ». Marine Le Pen, présidente des députés RN, a dénoncé des attaques contre les retraités et s’est demandée: « La question, c’est comment le PS va voter ça ? Comment les LR vont voter ça ? ».
Dans ce climat, l’entourage d’Emmanuel Macron a ensuite tempéré, expliquant qu’il s’agissait de clarifications et non d’un contentieux entre les têtes de l’exécutif, et que la réforme ne peut être suspendue « ad vitam » au regard des besoins de financement du système.

La discussion se poursuit au Parlement, et Sébastien Lecornu a assuré que le débat resterait ouvert et que le gouvernement pourrait proposer des aménagements si un compromis émerge sur le financement.