Home ActualitéAnne-Christine Tinel remporte le Cabri d’Or 2025 pour La mangue et le papillon

Anne-Christine Tinel remporte le Cabri d’Or 2025 pour La mangue et le papillon

by charles
France

La cérémonie des Cévennes a sacré Anne-Christine Tinel, qui remporte le Cabri d’Or 2025 pour son roman La mangue et le papillon, publié chez Elyzad, petite structure tunisienne qui publie des livres francophones de qualité. Le récit explore mémoire, racisme et les liens invisibles qui unissent les individus, et il revient sur l’histoire méconnue des enfants de la Creuse, transférés d’enfance réunionnaise vers la métropole dans les années 1960. L’événement, organisé à Alès, a réuni 24 ouvrages en compétition et a mis en lumière des textes qui traversent les frontières et les époques.

Anne-Christine Tinel lors de la remise du Cabri d’Or 2025
Anne-Christine Tinel remporte le Cabri d’Or 2025 pour son roman.

Cabri d’Or 2025: une lauréate et un roman qui mêlent mémoire et histoire sociale

Éditions Elyzad, maison d’édition tunisienne spécialisée dans les livres francophones, publie La mangue et le papillon, quatrième roman de l’auteure. Le livre aborde des thèmes forts tels que la mémoire, le racisme et les liens invisibles qui relient les individus, tout en ramenant à l’avant-plan l’histoire des « enfants de la Creuse », des jeunes réunionnais emmenés en Métropole dans les années 1960 sous l’égide de l’aide sociale à l’enfance.

La lauréate a exprimé son émotion lors de la remise et a évoqué le lien personnel qui l’emporte au cœur des Cévennes, où elle situe le terreau de son roman.

« Les Cévennes, c’est un paysage ancré en moi qui est devenu le terreau de mon roman. Il s’incarne dans ces paysages de Lozère; ça fait vraiment sens pour moi de recevoir ce prix. »

— Anne-Christine Tinel

« J’ai une sensibilité particulière aux violences d’État à l’égard des enfants, sans doute aussi parce que j’ai vécu pendant septans sous la dictature de Ben Ali, en Tunisie. »

— Anne-Christine Tinel

La présidente du jury, Marion Mazauric, éditrice, a salué la diversité des œuvres de l’édition 2025 et a rappelé que le choix n’est pas allé tout de suite, tant les livres présentés étaient variés.

« C’est une des rares éditions où on est arrivés, pour délibérer, avec plusieurs livres pour lesquels on était partagés. Vu la diversité des sujets et thèmes, on n’a pas eu de choix arrêté immédiatement. Les Cévennes sont complètement fascinantes aujourd’hui parce que c’est l’impermanence. Un des derniers espaces, un peu comme la forêt primaire, qui était là avant l’homme et qui durera après l’homme. »

— Marion Mazauric

Un roman revisite l’histoire des enfants de la Creuse et la mémoire collective

Le récit revient sur le transfert forcé d’enfants réunionnais mineurs vers la Métropole dans les années 1960, un épisode oublié par certains, mais central dans le livre et dans l’esprit du prix. L’autrice rappelle que des milliers d’enfants accompagnés par l’aide sociale à l’enfance à La Réunion ont été emmenés dans des départements touchés par l’exode rural, un motif qui traverse le roman et nourrit la réflexion sur la violence d’État et les mécanismes de mémoire collective.

Le roman se distingue aussi par sa sensibilité face à des périodes difficiles, et par ce regard posé sur l’histoire officielle et les violences d’État envers les plus jeunes. Le récit mêle intime et sociologie, et il invite le lecteur à interroger le passé pour mieux comprendre les dynamiques présentes dans les sociétés contemporaines.

Vue du public et du jury lors de la cérémonie du Cabri d’Or à Alès
Le jury et le public lors de la cérémonie à Alès.

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