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Des républicains ont demandé l’ouverture de procédures visant la « dénaturalisation Zohran Mamdani » après son élection historique au poste de maire de New York. Les accusations portent sur des omissions présumées dans sa demande de naturalisation et sur son engagement politique, mais des juristes et des spécialistes de l’immigration estiment que ces allégations sont fragiles et difficiles à prouver en justice.
Accusations et contexte politique
Après la victoire de Zohran Mamdani à la mairie de New York, plusieurs responsables républicains ont remis en cause sa citoyenneté et l’ont accusé, sans preuves solides, de sympathies communistes ou terroristes.
L’ancien président Donald Trump a laissé entendre qu’il pourrait bloquer des fonds fédéraux à la ville si Mamdani prenait ses fonctions, et certains élus ont demandé une enquête sur sa naturalisation. Voir le reportage sur la transition municipale : https://www.aljazeera.com/news/2025/11/5/mamdani-kicks-off-new-york-city-transition-after-historic-victory
Les réclamations des élus républicains
Le représentant Andy Ogles a demandé au ministère de la Justice d’enquêter sur la naturalisation de Mamdani, alléguant « fausse déclaration » ou dissimulation de soutien matériel à des activités terroristes.
Le représentant Randy Fine a, quant à lui, affirmé publiquement que Mamdani n’aurait pas rempli les conditions pour obtenir la citoyenneté. Ces assertions ont été examinées et contestées par des vérifications des faits.
Éléments cités par les détracteurs
Parmi les arguments avancés :
- Des paroles écrites par Mamdani en 2017 évoquant les « Holy Land Five », un point utilisé pour suggérer un soutien à des personnes liées à une affaire judiciaire.
- La non-divulgation présumée d’une appartenance aux Democratic Socialists of America (DSA) sur le formulaire de naturalisation, qualifiée par certains de preuve d’« alignement communiste ».
Ces éléments ont été jugés insuffisants par plusieurs juristes, qui notent que la DSA n’est pas un parti communiste et que la liberté d’expression protège, en l’absence de preuve d’appui matériel à une organisation terroriste.
Analyse juridique : la dénaturalisation, procédure et exigences
La dénaturalisation (révocation de la citoyenneté) ne peut être prononcée que par décision judiciaire. Elle exige des preuves claires et convaincantes qu’une naturalisation a été obtenue par fraude ou par une déclaration volontaire et matérielle mensongère.
Points clés :
- Procédure pénale : la preuve doit être établie « au-delà de tout doute raisonnable ».
- Procédure civile : la preuve requise est « claire et convaincante », un seuil plus bas que le pénal mais avec moins de protections procédurales.
- La dénaturalisation reste une mesure rare, historiquement utilisée dans des cas extrêmes (par ex. anciens nazis, personnes liées à des actes terroristes avérés).
Des avocats spécialisés ont déclaré n’avoir vu jusqu’ici aucune preuve crédible que Mamdani était inéligible au moment de son serment de naturalisation.
La question de la DSA et la protection de la liberté d’opinion
La naturalisation américaine demande d’indiquer toute appartenance à un parti communiste ou totalitaire. Les experts rappellent que la DSA n’est pas un parti communiste et que son adhésion n’empêche pas l’obtention de la citoyenneté.
Un historien de l’anti‑communisme a expliqué que le socialisme démocratique se distingue du communisme par son attachement à la démocratie représentative et au rejet de la propriété étatique exclusive des moyens de production.
Réactions de la société civile et rhétorique islamophobe
La campagne contre Mamdani a été dénoncée par des groupes de défense des droits civiques comme étant motivée par des sentiments anti‑musulmans. Le Council on American‑Islamic Relations (CAIR) a qualifié les demandes de dénaturalisation de racistes et islamophobes. Communiqué CAIR : https://www.cair.com/press_releases/cair-calls-on-doj-to-reject-rep-ogles-racist-anti-muslim-denaturalization-demand-targeting-assemblymember-zohran-mamdani/
Mamdani a lui‑même évoqué l’islamophobie normalisée dans la politique américaine et la nécessité de reconnaître que les musulmans font partie intégrante de la vie urbaine.
Le 14e amendement invoqué pour tenter de l’empêcher de prendre ses fonctions
Un groupe républicain cherche une voie différente, invoquant le 14e amendement qui interdit aux personnes ayant « engagé une insurrection » ou ayant « donné secours et assistance aux ennemis » de remplir des fonctions publiques.
Une telle démarche devant le Congrès serait un pari lointain : elle nécessiterait une majorité des deux tiers dans les deux chambres et resterait susceptible de recours jusqu’à la Cour suprême. Les spécialistes estiment que des appels à résister aux agents de l’ICE ne constituent pas, en l’état, une « insurrection » au sens visé par l’amendement.
Conséquences pratiques et scénario si la citoyenneté était révoquée
Si une révocation de la naturalisation était prononcée, le statut migratoire de Mamdani reviendrait à celui qu’il avait précédemment (par exemple résident permanent légal), ce qui le rendrait inéligible pour exercer la fonction de maire.
Toutefois, les experts s’accordent pour dire que la probabilité d’aboutir à une dénaturalisation dans ce dossier est très faible, et que la démarche pourrait avoir un effet dissuasif sur d’autres personnes moins bien défendues.
Procédures et priorités du ministère de la Justice
Sous l’administration précédente, le ministère de la Justice a émis des directives donnant la priorité à certains dossiers de dénaturalisation, notamment pour des raisons de sécurité nationale ou liés aux gangs.
Malgré ces priorités, des professeurs de droit et praticiens soulignent que les garanties procédurales et le fardeau de la preuve rendent la dénaturalisation un outil difficile à appliquer à grande échelle.
Conclusions pratiques pour l’instant
Les démarches engagées par quelques élus et groupes républicains ont attiré l’attention médiatique, mais elles restent confrontées à des barrières juridiques élevées.
À ce stade, la plupart des spécialistes et des vérificateurs de faits n’ont trouvé aucune preuve solide que Zohran Mamdani ait menti sur sa demande de naturalisation ou qu’il ait commis des actes justifiant une révocation de sa citoyenneté.