Le budget de la Sécurité sociale et la réforme des retraites sont au cœur des débats à l’Assemblée nationale ce mercredi 12 novembre. Les députés étudient une suspension de la réforme jusqu’en janvier 2028, destinée à repousser l’entrée en vigueur de l’âge légal vers 64 ans et le nombre de trimestres. Le gouvernement évoque des coûts et des financements controversés, et les soutiens et opposants s’affrontent sur plusieurs axes, y compris l’extension éventuelle à certaines carrières et régimes spécifiques.
À l’Assemblée, le vote sur la suspension de la réforme des retraites s’annonce houleux
Le texte, inséré dans le cadre du budget de la Sécurité sociale, prévoit de mettre en pause l’objectif d’un départ à 64 ans et le relèvement des trimestres jusqu’au début de 2028. Le coût initial aurait été estimé à 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard d’euros en 2027 par le gouvernement, avec une possible révision à la hausse jusqu’à 400 millions en 2026 et 1,8 milliard en 2027, selon le rapporteur Thibault Bazin (LR).
Les débats portent notamment sur l’élargissement de la suspension à des catégories telles que les carrières longues, les catégories actives et super actives de la fonction publique et les personnes nées au cours du premier trimestre 1965, une mesure discutée par le gouvernement et les socialistes pour obtenir des votes; d’après les sources.
« Ce rapport de force, il porte ses fruits », se réjouit le député Jérôme Guedj (PS).
« Nous ne voterons pas cette compromission PS-Lecornu ! », dénonce Eric Coquerel (LFI).
Le RN « votera pour la suspension » selon le député Jean-Philippe Tanguy, tandis que les macronistes et le Modem s’abstiendront pour éviter de dérailler l’accord entre Sébastien Lecornu et les socialistes.
Il reste environ 380 amendements à étudier à la reprise des débats à 15 heures. Si l’examen n’est pas terminé mercredi soir, le texte sera transmis au Sénat avec tous les amendements votés par l’Assemblée, a assuré le gouvernement. Le climat reste dense et les divisions entre groupes se maintiennent sur le calendrier et le financement.

Des marges de financement évoquées et un calendrier encore incertain
Le coût et le financement de la suspension restent au cœur des discussions. Le coût initialement estimé par le gouvernement est passé de 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard d’euros en 2027 à des chiffres potentiels plus élevés, selon le rapporteur Bazin (LR), qui évoque 400 millions en 2026 et 1,8 milliard en 2027. Le gouvernement avait envisagé une contribution des complémentaires santé et un gel des pensions et minimas sociaux, proposition finalement omise par les députés.
Les échanges révèlent des lignes de fracture entre partis: la CFDT a salué une « vraie victoire », tandis que la CGT dénonce un « simple décalage ». De son côté, une majorité LR se montre opposée, tout comme les Horizons d’Edouard Philippe, tandis que le RN se montre en faveur de la suspension; les autres partis comme les macronistes et le Modem s’abstiennent, afin de préserver l’accord entre Lecornu et les socialistes.
Le texte prévoit d’étendre le principe de la suspension aux carrières longues et à des publics spécifiques, notamment les régimes de Mayotte et de Saint-Pierre et Miquelon, selon les précisions du ministère du Travail dans le cadre de l’ultime ligne droite. Un chemin encore long: si l’examen du PLFSS n’est pas terminé mercredi soir, le texte sera transmis au Sénat; le gouvernement s’est engagé à y ajouter les amendements votés par l’Assemblée afin d’éviter un rejet du budget en hémicycle. « C’est pas un drame si on ne vote pas là », admet un cadre socialiste.
