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La confiance dans les médicaments contre l’ostéoporose demeure un enjeu majeur pour la prévention des fractures chez les femmes à risque. Seuls environ 15 à 20 % des patientes ayant déjà subi une fracture de fragilité entament un traitement, alors que, dans ces cas, un traitement systématique est souvent recommandé. Mésententes, méconnaissance ou crainte des effets indésirables peuvent expliquer cette underutilisation.
Comment agissent les médicaments de l’ostéoporose
Plusieurs classes thérapeutiques existent et ciblent différemment les mécanismes de l’os. Les bisphosphonates (alendronate, risédronate, zoledronate), le désonumab et le raloxifène freinent l’action des ostéoclastes, responsables de la destruction osseuse, et ralentissent ainsi la perte de densité osseuse. À l’inverse, le tériparatide et le romosozumab stimulent directement les ostéoblastes, favorisant la formation d’os et le renforcement de la structure osseuse.
- Bisphosphonates : administration orale ou injectable selon les formes, action principale sur la réduction de la résorption osseuse.
- Denosumab : traitement injectable qui bloque une voie clé de la résorption osseuse.
- Raloxifène : modulateur sélectif des récepteurs aux œstrogènes (SERM).
- Tériparatide : hormone qui stimule la formation osseuse.
- Romosozumab : anticorps monoclonal agissant sur la formation et la résorption osseuse.
Efficacité sur les fractures
Oui, la plupart réduisent d’environ 60 à 70 % le risque de fracture vertébrale et près de 40 % le risque de fracture du col du fémur et de la hanche au bout de 6 mois.
Cette efficacité peut varier selon la molécule et le profil de fracture. Le choix du médicament se fait en fonction de la gravité de l’ostéoporose, de l’âge et du risque de fracture vertébrale ou non vertébrale. Les bisphosphonates demeurent les traitements les plus couramment prescrits.
Avantages supplémentaires
Le raloxifène présente un bénéfice additionnel notable : il peut réduire d’environ 30 % le risque de fracture vertébrale. Par ailleurs, il diminue aussi le risque de cancer du sein hormono-dépendant chez certaines patientes, avec une évaluation personnalisée des antécédents et des risques cardiovasculaires.
Tolérance et effets indésirables
Le principal risque des bisphosphonates pris par voie orale est une irritation œsophagienne, avec brûlures et lésions potentielles. Pour limiter cet effet, il est recommandé de les prendre assis ou debout, à jeun, et d’espacer les repas d’au moins 30 minutes après la prise.
Pour les patientes souffrant de reflux gastro-œsophagien ou d’une hernie hiatale, le médecin privilégiera souvent une forme injectable. Cette dernière peut provoquer un syndrome grippal pendant 2 à 3 jours après l’injection initiale; ce phénomène est généralement moins fréquent lors des injections suivantes. Le tériparatide peut aussi entraîner des maux de tête et des crampes, mais l’ensemble des effets reste en général bien toléré.
Certaines formes gastro-résistantes permettent une prise plus pratique, par exemple peu après le petit-déjeuner, sans altérer l’efficacité.
Fragilité des os et durée du traitement
Faut-il prendre ces traitements à vie ? Non. La plupart des médicaments sont prescrits pour 3 à 5 ans, puis un bilan est réalisé. En l’absence de fracture et avec un bon score d’ostéodensitométrie, l’arrêt peut être envisagé. Si la fragilité persiste, le bénéfice peut justifier une poursuite du traitement pendant un an ou deux, éventuellement avec un espacement des prises, puis une nouvelle évaluation.
Risque d’ostéonécrose et interventions dentaires
Si certains dentistes hésitent à réaliser une extraction ou la pose d’un implant sous traitement anti-ostéoporose, c’est par crainte d’une ostéonécrose de la mâchoire. Le risque est toutefois très rare à doses utilisées pour l’ostéoporose, et reste inférieur à celui observé chez les patients atteints de métastases osseuses. L’incidence varie selon la molécule et se situe autour d’un cas pour 30 000 à 100 000 selon la forme du traitement.