Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, la société française continue d’évaluer les effets de cet anniversaire sur la mémoire collective et sur les politiques publiques. Deux reportages publiés près de ce cap détaillent des réalités contrastées: d’un côté, les conditions de travail dans le secteur du nettoyage pointées par l’Anses; de l’autre, une étude ambitieuse sur le trouble de stress post-traumatique qui suit les témoins et les survivants. Dans ce paysage, mémoires personnelles et questions de société se croisent pour éclairer les réponses publiques et le soutien apporté aux personnes touchées.
À Paris et en province, les suites du 13 novembre 2015 dans le nettoyage
Selon les sources, l’Anses a mis en évidence des conditions de travail dans le secteur du nettoyage marquées par des expositions à des produits chimiques, des risques sanitaires et des horaires difficiles. Le récit diffusé par BFMTV évoque aussi des témoignages personnels, notamment celui de « mamie Danielle » retrouvée dix ans après les attentats. Cette couverture rappelle que la santé et la sécurité des travailleurs restent une préoccupation majeure dans le paysage social.

La Tour Eiffel s’illumine lors des commémorations annuelles et les débats sur le soutien aux victimes et aux agents publics restent d’actualité.
Trajectoires du trauma après le 13 novembre 2015: Remember et les données
La recherche Remember, lancée après les attentats de 2015, suit une cohorte de 1 000 participants depuis 2016 et doit s’achever en 2028. Parmi eux, 200 volontaires participent à Remember: 120 exposés directement, 80 servent de groupe témoin; parmi les 120, la moitié souffre de TSPT, l’autre non. Cette cohorte comprend des entretiens et des examens d’imagerie médicale à Cyceron, près de Caen, afin de décrire les mécanismes des intrusions et la plasticité cérébrale associée au trauma. Le protocole think/no think permet d’étudier l’inhibition des images traumatiques pendant l’IRM.
Les enseignements publiés en 2020 dans Sciences ont montré la défaillance des mécanismes de contrôle mémoire et émotion. En 2025, Science Advances présente un volet sur 19 personnes dont le TSPT a disparu, appelées les « rémittents », et qui présentent une reprise de matière grise et une plasticité cérébrale inattendue. Le travail insiste sur l’importance du soutien social et de l’entourage pour accompagner ces trajectoires; il rappelle aussi que l’étude n’est pas thérapeutique mais peut nourrir des approches futures.
Le programme Remember est financé jusqu’à fin 2025 et doit être évalué en fin novembre pour une éventuelle quatrième phase (2026–2028). Les données collectées représentent des milliers d’heures de témoignages et pourraient alimenter des dispositifs de traitement et de prévention, tout en donnant du sens à ces expériences pour les participants et la société.
