Table of Contents
L’éventuelle extradition Hisham Harb vers la France, annoncée comme proche d’aboutir par le président de l’Autorité palestinienne, soulève un débat juridique et politique intense. Selon Mahmoud Abbas, « les procédures légales » visant la remise de Mahmoud Khudr Abd al-Adra — connu sous le nom de Hisham Harb — seraient « arrivées à leurs phases finales ».
Contexte et avancées de la procédure
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a fait ces déclarations lors d’une interview au quotidien français Le Figaro, à la suite d’une rencontre avec le président Emmanuel Macron au palais de l’Élysée à Paris.
Le palais de l’Élysée a précisé qu’il n’existe « pas de problème juridique » de principe pour la remise, mais que la difficulté porte sur sa « faisabilité », ce qui implique une coordination étroite entre Paris et les autorités palestiniennes.
- La France a reconnu symboliquement l’État de Palestine, élément que M. Abbas présente comme facilitateur de la coopération judiciaire.
- La demande d’extradition répond à une requête judiciaire française visant des faits remontant à 1982.
L’attentat du restaurant « Jo Goldenberg » (9 août 1982)
L’attaque visait le restaurant « Jo Goldenberg », situé dans le quartier juif de Paris, et a fait six morts et vingt-deux blessés selon les enquêtes françaises.
Les autorités françaises estiment que l’opération a été planifiée et supervisée par des membres du mouvement dirigé par Sabri al-Banna, connu sous le nom d’Abu Nidal. Ce dernier et son organisation ont revendiqué ou été tenus responsables de plusieurs attentats internationaux dans les années 1970-1980.
- Nombre d’auteurs présumés impliqués : estimé entre 3 et 5.
- Mandats d’arrêt internationaux émis en 2015 pour trois personnes, dont Hisham Harb.
- Parmi les autres mis en cause : Zuheir Mohammed Hasan Khaled al-Abbasi (« Amjad Atta ») et Waleed Abdulrahman Abu Zaid (« Suhail Osman »).
Enquêtes, témoignages et identification
Après des années d’enquête marquées par des blocages, le juge français Marc Trévidic a rouvert le dossier en 2007 et a pu identifier Hisham Harb grâce à des témoignages confidentiels d’anciens membres de l’organisation (désignés comme « témoin 93 » et « témoin 107 »).
Un survivant de l’attentat, Guy Benarros, a également reconnu Harb, affirmant l’avoir vu lui tirer dessus alors qu’il tentait de fuir.
Selon les éléments accessibles :
- Harb aurait été chef du commando sur le terrain et superviseur de l’exécution de l’attaque.
- Il a circulé dans plusieurs pays arabes avant de s’installer à Gaza après 1994, puis à Ramallah.
- Originaire de Yatta (région d’Hébron), Harb est né en 1955.
Arrestation et état de santé
Les autorités palestiniennes ont procédé à l’arrestation de Hisham Harb en septembre dernier, suite à une demande judiciaire formelle émanant de la France.
La famille affirme que l’arrestation a eu lieu dans des circonstances jugées « opaques » au centre de la ville de Ramallah (centre dit « Al-Balou' »). Elle indique que le retraité, ancien grade de commissariat, souffre de graves problèmes de santé :
- cancer de la vessie,
- pose de stents cardiaques,
- achevé un traitement chimiothérapeutique trois mois auparavant et devant entamer une radiothérapie sous peu.
La famille insiste sur la nécessité d’un suivi médical intensif difficile à assurer en détention.
Arguments juridiques et oppositions
Plusieurs avocats, organisations de défense des droits et experts juridiques contestent la légalité et la légitimité d’une extradition.
Points soulevés par les opposants :
- Violation alléguée du droit fondamental prévu par la loi fondamentale palestinienne interdisant l’expulsion ou la remise d’un Palestinien à une autorité étrangère.
- Argument de prescription : des spécialistes estiment que les faits imputés à Harb seraient prescrits depuis plusieurs années.
- Absence d’accord bilatéral clair permettant la remise d’un citoyen palestinien pour des actes présentés comme relevant de la lutte nationale ou commis dans le cadre de l’Organisation de libération de la Palestine.
Treize organisations, dont la Commission indépendante des droits de l’homme et des groupes réunis sous la houlette du Conseil des organisations de défense des droits palestiniennes, ont publié une déclaration commune dénonçant toute remise comme « une violation flagrante » de la loi fondamentale.
Les avocats de la défense, notamment Mohammed Al-Harini, affirment que l’extradition « n’est pas possible légalement » et mettent en garde contre toute instrumentalisation politique du dossier.
Enjeux politiques et scénarios possibles
Les critiques dénoncent une pression politique exercée au détriment des garanties juridiques. Certains médias accusent l’Autorité palestinienne d’étendre son champ d’action politique pour satisfaire des intérêts étrangers, en particulier après la reconnaissance symbolique de la Palestine par la France.
Scénarios envisageables :
- Transmission de Harb à la France pour être jugé prochainement devant une cour d’assises ;
- Refus de remise et renvoi vers une procédure judiciaire nationale en Palestine ;
- Négociations diplomatiques et conditions médicales pouvant retarder ou modifier la décision finale.
Si la remise s’opérait, les autorités françaises prévoient une évocation rapide de l’affaire devant la juridiction compétente.