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Un juge fédéral américain a estimé que Meta ne détient pas un monopole dans les réseaux sociaux, écartant ainsi une menace qui aurait pu obliger le géant technologique à scinder Instagram et WhatsApp. Le magistrat James Boasberg a rendu sa décision mardi, au terme d’un procès antitrust historique qui s’était achevé fin mai. Ce verdict marque une victoire importante pour la société et un revers pour la Federal Trade Commission (FTC) dans l’affaire dite « Meta antitrust ».
La décision du tribunal
Le juge Boasberg a jugé que la FTC n’a pas démontré que Meta détient actuellement un pouvoir de monopole dans le secteur des réseaux sociaux. Il a rappelé que, même si Meta avait pu bénéficier d’une position dominante par le passé, l’agence devait prouver que ce pouvoir persistait au moment du procès.
La décision intervient après des mois de procédures et plusieurs avis antérieurs qui avaient déjà examiné la portée des marchés concernés. Le procès avait suivi d’autres décisions judiciaires récentes visant les grandes entreprises technologiques, qui ont bouleversé la régulation du secteur (voir notamment des affaires liées à Google).
Pour plus de contexte sur la série de poursuites touchant les géants du numérique, consulter : https://www.aljazeera.com/economy/2025/4/15/mark-zuckerberg-back-in-us-court-amid-push-to-break-up-meta
Arguments de la FTC et défense de Meta
La FTC soutenait que Meta avait maintenu un monopole en achetant systématiquement des concurrents potentiels, suivant la stratégie attribuée au PDG Mark Zuckerberg : « mieux vaut acheter que concurrencer ». Les procureurs ont présenté des courriels et documents internes pour étayer leur thèse.
Lors de son témoignage, Mark Zuckerberg a minimisé la portée des échanges présentés par la FTC, expliquant que certains messages datent des premières étapes d’évaluation d’acquisitions et ne reflètent pas nécessairement l’intention finale de neutraliser un concurrent.
Dans son jugement, Boasberg a relevé que l’agence n’avait pas prouvé que Meta conservait aujourd’hui un pouvoir monopolistique résultant de ces acquisitions.
Un paysage des réseaux sociaux transformé
Le tribunal a souligné que l’environnement concurrentiel a fortement évolué depuis le dépôt de la plainte par la FTC en 2020. Des plateformes qui n’étaient pas au centre des débats à l’époque, comme TikTok, occupent désormais une place centrale dans la concurrence pour l’attention des utilisateurs.
Boasberg a cité l’idée d’Heraclite selon laquelle on ne peut pas entrer deux fois dans le même fleuve, pour illustrer combien le marché des réseaux sociaux a changé et comment la frontière entre « réseaux sociaux » et « médias sociaux » s’est estompée.
Pour situer cette décision dans le contexte plus large des litiges antitrust touchant la tech, voir aussi : https://www.aljazeera.com/economy/2025/4/17/us-judge-finds-google-illegally-monopolised-ad-tech-market et https://www.aljazeera.com/news/2024/11/21/google-must-sell-chrome-to-end-search-monopoly-us-prosecutors-argue
Acquisitions qui ont façonné Meta
Les achats d’Instagram et de WhatsApp sont au cœur du dossier. Ces acquisitions ont aidé Facebook à migrer son audience vers le mobile et à conserver son attractivité auprès des jeunes utilisateurs.
- 2012 — Achat d’Instagram pour environ 1 milliard de dollars en actions et numéraire (valeur ultérieurement estimée à 750 millions en raison de la variation du cours).
- 2014 — Achat de WhatsApp pour environ 22 milliards de dollars.
- Tentative d’acquisition de Snapchat, qui a échoué, illustrant les efforts répétés de Meta pour neutraliser des concurrents potentiels.
Ces opérations ont alimenté les arguments de la FTC selon lesquels Meta a privilégié l’achat de rivaux plutôt que la concurrence directe.
Portée et conséquences
La FTC a défini de manière restrictive le marché concurrentiel de Meta, excluant des acteurs majeurs comme TikTok, YouTube ou le service de messagerie d’Apple. Le juge a toutefois estimé que la preuve fournie n’établissait pas un monopole actuel.
Le verdict n’empêche pas d’autres actions réglementaires ou judiciaires, mais il met un frein aux ambitions de la FTC de contraindre Meta à céder Instagram et WhatsApp. Meta n’a pas immédiatement répondu aux demandes de commentaire après l’annonce du jugement.
Cette affaire marque un épisode important du débat sur la régulation des plateformes numériques et sur la portée des lois antitrust face à l’évolution rapide du marché.