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Assemblée nationale adopte une loi de nationalisation d’ArcelorMittal France

by charles
France

Jeudi 27 novembre 2025, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi portée par La France insoumise visant à nationaliser ArcelorMittal France, dans un contexte de crise sidérurgique et de menaces sur l’emploi. Le texte, chiffré à trois milliards d’euros, prévoit de transférer ArcelorMittal France sous contrôle public afin de préserver la filière et ses 15 000 emplois directs. Pour les soutiens de la démarche, c’est l’unique solution pour contrer le plan social annoncé en avril et accélérer la décarbonation des hauts fourneaux; pour le gouvernement, cela expose l’emploi à des risques et se heurte à la réalité européenne. « une victoire historique », a salué Mathilde Panot, tandis que Jean-Luc Mélenchon a évoqué « une page d’histoire à l’Assemblée nationale ». Le vote, qui s’est déroulé sous les yeux des salariés venus soutenir la proposition, s’est soldé par 127 voix pour et 41 contre.

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Le débat à l’Assemblée nationale, Paris, 27 novembre 2025

À l’Assemblée nationale, adoption en première lecture de la nationalisation d’ArcelorMittal France

Le texte prévoit le transfert de la société ArcelorMittal France sous contrôle public et est chiffré à trois milliards d’euros. Aurélie Trouvé, rapporteure du texte, a défendu l’idée que « plus ça ira, plus on verra comme une évidence politique qu’il faut nationaliser ArcelorMittal ». Le gouvernement demeure opposé et a insisté sur les risques pour l’emploi: « fragiliserait l’emploi au lieu de le protéger », a averti le ministre de l’Industrie Sébastien Martin.

Le débat a aussi évoqué des mécanismes alternatifs, tels que la proposition de la RN de « golden share » pour un droit de veto sans prise de contrôle directe, ou une « mise sous tutelle » défendue par des socialistes. Le vote a été accompagné de manifestations près du palais Bourbon: environ 300 personnes, selon la CGT, ont manifesté sur l’esplanade des Invalides et les syndicats annoncent que la pression se poursuivra.

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Ouvrier d’ArcelorMittal à Liège (image d’archive, contexte social)

Réactions et enjeux autour du vote et de l’avenir de la filière

Le gouvernement a dénoncé, samedi, une « réponse populiste à un problème structurel », selon Roland Lescure, le ministre de l’Économie, tandis que l’entourage du gouvernement rappelle que « la France a besoin d’un cap industriel clair, pas d’une prétendue formule magique que serait la nationalisation ».

Sur RTL, le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, a précisé que « le véritable enjeu » est de lutter contre les importations massives d’acier chinois: « C’est un débat au niveau européen, c’est là où on met le poids du corps. L’opinion du gouvernement c’est non, ce n’est pas notre intention de le faire ».

Sur le plan économique, les chiffres internationaux relèvent le défi: selon les données évoquées, en 2024, la Chine a fabriqué « 1005 millions de tonnes d’acier », soit une part importante de la production mondiale, et la France représente « 11 millions » dans ce contexte européen. Le texte, qui se heurte à la majorité du Sénat, est perçu comme incertain quant à son devenir parlementaire. Le plan d’action européen, notamment le plan acier devant être débattu à Bruxelles, est mentionné comme un facteur décisif pour l’avenir de la filière et des emplois.

Dans le même temps, la proposition de loi a été complétée par deux autres textes adoptés lors de la journée: une résolution non contraignante appelant le gouvernement à s’opposer à l’accord de libre-échange UE-Mercosur et une loi garantissant l’égalité d’accès au service postal dans les Outre-mer.

Le Sénat, dominé par la droite et le centre, demeure le principal obstacle à l’adoption finale. Le texte, présenté par LFI, veut forcer un transfert public, mais l’avenir dépendra des équilibres du Parlement et des pressions européennes. Les organisateurs de la mobilisation et les soutiens de la gauche espèrent influencer le vote du plan acier au Parlement européen prévu le 3 décembre.

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