La condamnation en appel de Christophe Gleizes par un tribunal algérien replonge les relations entre Paris et Alger dans l’incertitude, alors que les signes d’apaisement observés ces dernières semaines semblaient prévaloir. Le verdict, tombé hier soir, est sans appel: sept ans de prison ferme, la même peine qu’en première instance.
Ce jugement intervient alors que Boualem Sansal a été libéré le mois dernier, ce qui avait alimenté l’espoir d’un réchauffement diplomatique. Paris et Alger semblaient s’inscrire dans une dynamique de détente, avec la perspective d’échanges à haut niveau entre les autorités des deux pays.
Les avocats du journaliste, deux professionnels, l’un algérien et l’autre français, ont plaidé durant une heure chacun. Me Emmanuel Daoud, venu de Paris, a même plaidé en français au lieu de l’arabe comme c’est parfois requis. Ils ont cherché à démontrer que le dossier était vide et que Gleizes n’avait reconnu qu’une faute: être entré en Algérie avec un visa de touriste.
Face à ce contexte, l’explication d’un verdict aussi sévère demeure incertaine et alimente les conjectures sur d’éventuels jeux d’influence ou des calculs internes au pouvoir algérien, dont l’opacité renforce la spéculation.
Pour le gouvernement français, cette décision constitue une source d’embarras après les éloges précédents sur une approche diplomatique plutôt que sur des mesures plus musclées. La diplomatie semble avoir rencontré un obstacle que personne n’avait anticipé.
Les services de l’État français devront analyser les implications et évaluer la suite à donner aux relations avec Alger, sans exclure d’éventuelles contreparties attendues à Paris. Il est peu probable que les choses reviennent comme avant sans que les deux rives de la Méditerranée s’emparent du sujet.
Les avocats envisagent deux voies: un pourvoi en cassation ou une éventuelle grâce présidentielle, comme cela a été évoqué pour Boualem Sansal. Jusqu’ici, ils avaient suivi la procédures judiciaire algérienne en espérant que l’appel permettrait de mettre fin au calvaire.
Par ailleurs, une campagne de solidarité se renforce en France autour de Christophe Gleizes, journaliste sportif et connaisseur du football algérien. Des personnalités du monde du sport et des clubs de football ont déjà exprimé leur soutien et pourraient s’impliquer dans les prochains jours.
Au final, le sort du journaliste demeure entre les mains des deux présidents, Tebboune et Macron, dont l’intervention pourrait influer sur la dérive de cette affaire et sur la trajectoire des relations entre les deux États.