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Crainte d’une guerre : des Français envisagent de fuir au Canada

by Lea
France

Dans un contexte international marqué par les tensions avec la Russie, de plus en plus de Français expriment une inquiétude croissante face à la possibilité d’un conflit et envisagent des solutions migratoires comme une fuite temporaire à l’étranger. Le climat est alimenté par des déclarations du Kremlin et par des incidents dans l’espace européen, même si les analystes restent prudent quant à l’évolution du risque. Cet essor du sentiment de menace se retrouve dans les résultats de sondages publiés cet automne.

Témoignages de Français craignant une guerre et fuite au Canada
Selon un sondage Ifop publié en septembre et Dynata publié en octobre, 80% des Français estiment que la Russie constitue une menace pour la souveraineté des pays de l’Union européenne; 79% des Européens partagent cette inquiétude et 85% des Britanniques se disent préoccupés.

Depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, Nadège, retraitée, est tourmentée par un scénario catastrophe: la France impliquée militairement et perçue comme envahisseur sans retenue. Cette inquiétude s’est renforcée lorsque le président russe a déclaré mardi 2 décembre qu’il était prêt pour la guerre si l’Europe le souhaite. Elle est convaincue que Poutine ne limitera pas ses ambitions à l’Ukraine et cherchera un jour à conquérir d’autres pays du continent. Trois anciens pays soviétiques aujourd’hui membres de l’OTAN — l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie — sont protégés par l’article 5, qui prévoit l’assistance des autres États membres en cas d’attaque.

Pour se préparer, Nadège envisage d’emmener ses enfants et leurs enfants au Canada, où vivent des cousins. « Le Canada, c’est loin et on y parle français », affirme-t-elle avec sérieux. Cette idée n’est pas isolée: la peur d’une escalade pousse certains à envisager des départs temporaires ou des hébergements à l’étranger, dans un contexte où les incursions de drones et les avertissements des autorités alimentent le climat d’anxiété.

Les inquiétudes ne se limitent pas à Nadège. Les sondages montrent une progression du sentiment: 80% des Français considèrent que la Russie constitue une menace pour la souveraineté des pays de l’UE, contre 72% un mois plus tôt; 79% des Européens partagent ce point de vue et 85% des Britanniques se disent préoccupés.

Préparer mentalement les Français à la guerre

De retour en France, des citoyens s’impatientent face au contexte international et estiment que les autorités veulent préparer la population à un futur conflit. Blanche, 26 ans, affirme que le discours du chef d’état-major appelant à « accepter de perdre des enfants » a été perçu comme une incitation à la mobilisation militaire. « On n’a pas l’habitude que ce type de discours vienne de chez nous », rappelle-t-elle. Elle note ensuite que le budget des Armées a encore augmenté et que cela reflète des inquiétudes croissantes. « L’État ne prendrait pas toutes ces initiatives s’il n’y avait pas un risque qu’une guerre éclate », conclut-elle.

Blanche confie être régulièrement hantée par l’idée d’une possible « troisième guerre mondiale » impliquant plusieurs pays européens, dont la France. Cette crainte influence directement sa vie et ses projets: « Si je veux voyager, je dois le faire maintenant, car peut-être que je ne pourrai plus le faire bientôt », dit-elle. Elle ajoute que cette angoisse est parfois alimentée par des applications d’information et qu’elle se surprend à penser: « on va tous mourir » lorsque le moral flanche.

Une inquiétude légitime ?

Pour autant, des voix spécialisées jugent le scénario d’une intervention massive improbable, notamment parce que la France est une puissance nucléaire. Le risque n’en demeure pas moins réel et certains estiment que nous sommes dans une situation de tensions inédites, marquée par des épisodes et une militarisation accrue de certains territoires. Jean de Gliniasty, ancien ambassadeur à Moscou, évoque que « les chars russes déboulant sur les Champs-Élysées » est peu serieux, mais souligne que le contexte est différent de la période de la guerre froide. La situation peut basculer vers une escalade, bien que ce risque soit jugé réel par certains observateurs.

Le spécialiste rappelle que les survols de drones attribués à la Russie visent principalement à inquiéter l’opinion européenne et à déstabiliser. Il souligne que les tensions actuelles ne constituent pas une préparation à une confrontation immédiate, mais qu’elles révèlent une époque où la sécurité collective est fragile et exige des réponses coordonnées. Des voix en Russie évoquent également une vision où les Européens chercheraient à isoler la Russie, alimentant une perception réciproque du conflit.

Rôle des médias

Beaucoup estiment que les médias alimentent le climat anxiogène. Marie, mère de famille de 54 ans, critique les chaînes d’information en continu qui présentent souvent une image alarmante de l’évolution du conflit et accrues le stress. « À les écouter, tout le monde parle comme si la guerre était inéluctable, ça me stresse beaucoup », affirme-t-elle. Elle reproche aussi des messages qui brouillent les responsabilités et nourrissent la peur, tout en reconnaissant que certains peuvent aider à la préparation sans dramatiser.

Selon les spécialistes, la société demeure divisée et la gestion de ces tensions exige un équilibre entre transparence et sérénité. Ils rappellent que le budget de la défense et les signaux de préparation ne signifient pas nécessairement une menace imminente, mais reflètent une réalité sécuritaire complexe et incertaine. Les analystes affirment que le risque d’escalade dépend de facteurs géopolitiques, économiques et militaires qui évoluent au fil des mois.

Dans l’ensemble, les experts estiment que le scénario d’un conflit direct demeure incertain et que les probabilités d’escalade dépendent d’un ensemble de paramètres qui évoluent constamment.

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