Une meilleure compréhension des statines et de leurs effets musculaires émerge après des recherches menées par l’Université de la Colombie-Britannique et publiées dans Nature Communications. L’étude explique pourquoi certaines personnes ressentent des douleurs et une faiblesse musculaire pendant un traitement utile pour réduire le risque cardiovasculaire et, dans de rares cas, peut conduire à une rhabdomyolyse. Elle suggère aussi une voie prometteuse vers une nouvelle génération de statines qui préserve l’efficacité de réduction du cholestérol tout en limitant les effets musculaires indésirables.
Mécanisme musculaire identifié grâce à la cryo-microscopie
Les chercheurs expliquent comment les statines entrent en contact avec une protéine musculaire essentielle, le récepteur de la ryanodine, qui régule le calcium à l’intérieur des cellules. Le récepteur ne s’ouvre que lorsque les muscles se contractent; lorsque les statines s’y lient, elles provoquent une ouverture répétée et une fuite continue de calcium, processus qui peut endommager le tissu.
Selon l’équipe, l’utilisation de la cryo-microscopie électronique haute résolution a permis de visualiser, pour la première fois, l’interaction statine-protéine avec une telle précision. « Nous avons pu observer comment les statines se fixent à ce canal », explique le Dr Steven Molinarolo, auteur principal de l’étude. Cette fuite de calcium explique pourquoi certains patients souffrent de douleurs musculaires et, dans les cas extrêmes, de complications potentiellement mortelles.
La recherche porte sur l’atorvastatine, parmi les statines les plus prescrites, mais les résultats laissent penser que cet effet pourrait être commun à toute la classe. « C’est un grand pas en avant, se réjouissent les chercheurs, permettant d’imaginer une nouvelle génération de statines qui n’interagissent pas avec le tissu musculaire. »
En modifiant les parties de la molécule responsables des effets négatifs, les scientifiques espèrent préserver l’aptitude à abaisser le cholestérol tout en réduisant le risque musculaire, une approche qui pourrait améliorer l’observance et la qualité de vie des personnes à risque cardiovasculaire.
Vers une génération de statines plus sûre
Des découvertes qui suscitent l’espoir d’une nouvelle génération de statines conçues pour limiter les interactions nuisibles avec le tissu musculaire, tout en maintenant l’action hypocholestérolémiante.
En France, les autorités rappellent que le risque de rhabdomyolyse demeure exceptionnel et que le bénéfice des statines reste indiscutable. « comparé au risque de rhabdomyolyse qui est exceptionnel, le bénéfice attendu avec les statines reste indiscutable ». Elles confirment que toutes les statines peuvent entraîner des troubles musculaires. Certains patients ressentent une douleur ou une sensibilité musculaire inexpliquée, une fatigue musculaire (perte de force) ou des crampes. Une rhabdomyolyse survient très rarement, avec ou sans insuffisance rénale et peut être fatale. Cette situation apparaît en quelques jours, le plus souvent au début du traitement, sans signe annonciateur : douleurs musculaires intolérables, grande faiblesse musculaire, destruction des muscles massive avec une élévation importante des CPK (enzymes libérées par les muscles) accompagnée d’urines rougeâtres (pigment musculaire qui se retrouve dans les urines).