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Tensions Venezuela–États-Unis : Caracas face au risque d’une attaque

by Sara
Venezuela, États-Unis

Dans les places animées de Caracas, la vie quotidienne suit son cours : vendeurs de rue proposant chocolats et fruits glacés, commerçants réapprovisionnant leurs étals à l’heure de l’affluence.
Pourtant, sous cette routine familière, une tension nouvelle se fait sentir alors que des moyens militaires des États-Unis se déploient au large et que la rhétorique entre Washington et Caracas s’enflamme.
Les habitants se retrouvent divisés entre espoir, scepticisme et un instinct patriotique prononcé face au risque d’une attaque — un contexte qui illustre parfaitement les Venezuela États-Unis tensions.

Présence militaire et frappes récentes

Les forces américaines ont mené près de deux douzaines de frappes depuis septembre dans les Caraïbes et l’océan Pacifique, faisant plus de 80 morts selon des bilans officiels.
Dans la dernière attaque signalée jeudi, quatre personnes ont été tuées.
L’administration américaine n’a pas fourni de preuves publiques confirmant que les embarcations visées transportaient des stupéfiants ou des contrebandiers, ni d’argument juridique explicite justifiant ces opérations.

Le président Donald Trump a aussi déclaré préparer des actions « sur terre » contre des trafiquants présumés, laissant entendre qu’une opération militaire directe contre le Venezuela pourrait être imminente.
Washington a déployé le porte-avions USS Gerald R. Ford, des milliers de soldats et des avions F-35 dans la région, dans la plus forte démonstration de force depuis plusieurs décennies.
Pour plus de détails sur les opérations et analyses récentes : https://www.aljazeera.com/news/2025/12/5/us-military-kills-four-in-latest-strike-on-boat-in-the-caribbean et https://www.aljazeera.com/news/2025/12/3/us-venezuela-tensions-your-questions-answered.

Réactions contrastées à Caracas

Pour certains Vénézuéliens, la pression américaine sur le président Nicolás Maduro représente une opportunité de changement.
Carolina Tovar, vendeuse de chocolats de 60 ans, estime que « le Venezuela va être libre » grâce à cette pression. Elle juge que Maduro subit déjà une forte pression.
Ces propos reflètent la frustration de nombreux habitants face à près de douze ans de crise économique et sociale.

Maduro a entamé un troisième mandat en janvier, déclaré vainqueur par l’autorité électorale et la Cour suprême, malgré l’absence de décomptes détaillés publiés.
L’opposition affirme, pour sa part, que son candidat Edmundo Gonzalez a remporté le scrutin, position reconnue par les États-Unis et d’autres gouvernements indépendants qui ont remis en question la validité du vote.
Détails sur l’investiture et le contexte électoral : https://www.aljazeera.com/news/2025/1/10/venezuelas-nicolas-maduro-sworn-in-for-third-term-after-disputed-election.

Nicolas Maduro marque son bulletin lors d'élections municipales à Caracas

Sondages : une majorité opposée à une intervention étrangère

Un sondage récent de Datanálisis, réalisé à Caracas, montre que la majorité des Vénézuéliens s’oppose aux sanctions économiques et au recours à la force étrangère.
Résultats principaux :

  • 55 % des interrogés désapprouvent les sanctions sectorielles, financières ou pétrolières ; 21 % y sont favorables.
  • 55 % s’opposent à une attaque militaire étrangère ; 23 % déclarent la soutenir.

Les opposants à une intervention évoquent principalement le risque de morts civiles, de guerre civile, de chaos et d’une détérioration économique prolongée.
Ceux qui soutiennent une intervention estiment qu’elle pourrait renforcer la démocratie, ramener la paix et favoriser la reprise économique.
Le sondage signale aussi que 60 % des Vénézuéliens se déclarent politiquement indépendants, contre 13 % se disant pro-gouvernement et 19 % pro-opposition.

Publication liée au sondage et commentaire public : https://twitter.com/frrodriguezc/status/1994813337499308407?ref_src=twsrc%5Etfw

« La patrie, c’est la patrie » : scepticisme et patriotisme

David Oropeza, 52 ans, cultivateur et vendeur de fruits glacés, se dit sceptique vis-à-vis des élites vénézuéliennes et des intentions américaines, mais refuse l’idée d’une intervention étrangère.
« Personne ne veut la guerre. Nous voulons la paix », affirme-t-il, tout en ajoutant qu’il se tiendrait aux côtés de l’armée vénézuélienne si le pays était attaqué.
Oropeza, ancien sympathisant d’Hugo Chávez, critique autant les pouvoirs nationaux que l’ingérence étrangère.

Face aux tensions, le gouvernement a aussi renforcé sa démonstration de force : troupes et milices ont été mobilisées et des systèmes anti-aériens testés le long de la côte caraïbe.
En novembre, Caracas a annoncé une mobilisation « massive » des forces militaires et civiles en préparation à toute action potentielle des États-Unis.
Déclaration gouvernementale sur la mobilisation : https://www.aljazeera.com/news/2025/11/11/venezuela-prepares-massive-deployment-of-forces-in-case-of-us-attack.

Membre de la Milice bolivarienne passant devant une fresque aux couleurs du drapeau vénézuélien

Jeunes, ressources naturelles et inquiétude

Parmi la jeune génération, nombreux sont ceux qui pensent que l’intérêt des États-Unis tient avant tout aux ressources naturelles du pays.
« Si les États-Unis avaient voulu venir, ils seraient déjà venus », estime Diego Mejia, 24 ans, tout en soulignant que le pays possède des ressources stratégiques convoitées.

Ressources citées comme motifs d’intérêt stratégique :

  • Pétrole : réserves prouvées les plus importantes au monde.
  • Gaz naturel, uranium, or, diamants, bauxite, minerai de fer et minéraux rares (coltan).

Le secteur énergétique du Venezuela reste central pour les enjeux géostratégiques mondiaux, et ces richesses expliquent en partie les craintes liées aux tensions entre Washington et Caracas.
Contexte sur les réserves pétrolières : https://www.aljazeera.com/news/2025/9/4/venezuela-has-the-worlds-most-oil-why-doesnt-it-earn-more-from-exports.

Personnes se reposant sur un banc dans une place publique à Caracas

La peur de l’inconnu au quotidien

Pour d’autres, l’émotion est plus nuancée : espoir d’une modernisation possible, mais peur tangible de la violence.
Dalibeth Brea, 34 ans et mère de famille, confie qu’elle espérerait des réformes positives, mais que face à la menace, son instinct serait de protéger sa famille et de se mettre à l’abri.
Son plan de précaution est sobre : conserver des provisions à la maison et rassembler les siens en un même lieu.

L’absence de paniques visibles — rues animées, pas d’affluence aux stocks alimentaires — laisse penser à beaucoup qu’une attaque n’est pas imminente, même si l’incertitude persiste.
Alors que la ville vit entre quotidien et anxiété, les habitants oscillent entre résignation, foi et préparation prudente.

Vue générale de Caracas dans un contexte de tensions

Contribution au reportage : Elizabeth Melimopoulos (Canada).

source:https://www.aljazeera.com/news/2025/12/5/the-homeland-is-the-homeland-venezuelans-brace-for-possible-us-attack

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